Christophe Roehri, Tobam
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Le débat sur les possibilités de paiement du Bitcoin est inutile. Le Bitcoin n’est en effet pas une monnaie numérique, mais plutôt une option numérique face à l’or.

C’est en tout cas ce qu’affirme Christophe Roehri, responsable du développement commercial chez Tobam. Ce gestionnaire d’actifs français a créé fin 2017 le premier fonds d’investissement européen en Bitcoins. 

« Bien que beaucoup de monde fasse souvent référence au Bitcoin comme une monnaie numérique, nous le considérons différemment. Nous envisageons le Bitcoin de la même manière que l’or. Selon notre vision, le Bitcoin est aux cryptomonnaies ce que l’or est aux monnaies traditionnelles », explique Christophe Roehri.

Le débat sur les possibilités de paiement en Bitcoin est donc, selon lui, inutile : « Après la crise financière, le Bitcoin s’est érigé en moyen de parvenir à moins dépendre des banques centrales et du système de paiement actuel. L’idée était de trouver quelque chose qui offre les mêmes possibilités et présente les mêmes caractéristiques que l’or, mais qui apporte plus de facilité quant à la conservation et au change.
La Fed compare elle aussi le Bitcoin à l’or

Christophe Roehri n’est pas le seul à partager l’idée que le Bitcoin est une « réserve de monnaie ». Dans sa déclaration du 11 juillet dernier destinée au Sénat américain, le président de la Fed, Jerome Powell, a lui aussi comparé le Bitcoin à l’or : « Presque personne ne l’utilise comme moyen de paiement. Il est plutôt utilisé comme une option face à l’or. Il s’agit d’une « réserve de valeur » spéculative, tout comme l’or ».
Depuis sa création, fin 2017, le fonds a dû faire face à plusieurs défis considérables. En premier lieu, citons la chute libre du cours du Bitcoin, et donc du fonds. Jusqu’à cette année, le cours a en effet diminué quasiment en continu.

En outre, la lutte contre les préjugés à l’encontre des cryptomonnaies était l’un des défis majeurs, estime Christophe Roehri : « Les innovations connaissent souvent de sombres débuts. De plus, les intérêts ont diminué lorsque le cours a chuté. Mais nous remarquons qu’ils reviennent à présent à la normale ». 

Laboratoire d’innovation

Entre-temps, le gestionnaire d’actifs français a en tout cas acquis une grande expérience dans le côté opérationnel de l’investissement en Bitcoins. « La garde, la structure du fonds, la sécurité, les procédures de commande… Investir dans une cryptomonnaie entraîne un tas de nouveaux risques », explique le gestionnaire.  

L’enveloppe budgétaire du fonds est d’environ 5 millions de dollars. Il ne s’agit que d’une petite partie du total de 10 milliards de dollars d’actifs sous la gestion de Tobam. Selon Christophe Roehri, le fonds est donc une sorte de laboratoire : « Notre objectif est de créer des antécédents qui nous permettent de montrer aux investisseurs potentiels que nous avons les connaissances et l’expérience nécessaires en interne ».

Les performances de l’année en cours s’élèvent à pas moins de 179 %, ce qui signifie qu’une partie de la performance négative accumulée a été rattrapée. Il reste toutefois encore beaucoup de chemin à parcourir si l’on considère le point culminant de fin 2017, où le Bitcoin était coté à environ 20 000 dollars. Ces dernières semaines, le cours du Bitcoin a fluctué entre 8000 et 14 000 dollars. 

Diversification 

Ayant subi une diminution de plus de 11 % en 24 heures cette semaine, le Bitcoin s’est avéré une nouvelle fois être un investissement très volatile. La question se pose de savoir pourquoi un investisseur souhaiterait faire subir à son portefeuille une telle incertitude. Selon Christophe Roehri, une attribution de Bitcoins améliore le profil risque/rendement d’un portefeuille d’investissement, à condition qu’il s’agisse d’une petite attribution, de moins de 2 %. 

Il reconnaît que la volatilité élevée à court terme est un risque important, mais celui-ci est atténué par le fait que le Bitcoin n’est en rien lié aux autres classes d’actifs. Élargir l’offre de fonds en proposant le fonds en Bitcoins s’inscrit en ce sens parfaitement dans la « philosophie de diversification maximale » de Tobam. « Il s’agit en effet d’un ajout à la gamme que nous proposons, en vue d’une diversification maximale du portefeuille », confirme le gestionnaire français. 

Facteurs de réussite

Selon Christophe Roehri, au cours des prochaines années, deux tendances seront déterminantes dans la réussite du Bitcoin. Le premier facteur concerne la réglementation, et le second l’amélioration des données relatives à la liquidité : « Le volume quotidien de transactions se situe aux alentours des 500 millions de dollars, mais certaines Bourses comptabilisent des milliards de dollars. Cela indique que trop d’informations erronées circulent encore et que trop peu de transparence règne. C’est également ce qui est à l’origine du rejet de nouveaux produits dérivés tels que les FNB ».

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