Allianz Global Investors s’attèle actuellement à garantir le caractère ESG de l’ensemble de sa gamme de fonds, confie Andreas Utermann, président du gestionnaire d’actifs, à Investment Officer.
« Il y a neuf mois, nous avons initié l’analyse progressive des risques ESG de l’ensemble de notre portefeuille retail. Nous avons pu identifier les principaux risques sur une série de portefeuilles et les gestionnaires expliquent à nos clients pourquoi ils concernent encore certains titres. »
En somme, tous les fonds de leur processus d’investissement incluront, outre des risques financiers, des risques environnementaux, sociétaux et de gestion. Le président du gestionnaire de fonds n’est pas en mesure de préciser à quel moment. « Cela nécessite encore un certain temps. Il faut par exemple remanier une partie des prospectus. »
Selon le gestionnaire de fonds de l’assureur allemand, la demande en investissements responsables est élevée, mais les produits explicitement durables font encore souvent l’objet de réserves parce qu’ils continuent à priori d’exclure une partie de l’univers d’investissement.
L’intégration de critères ESG, sans limitation de l’univers, porte alors ses fruits. Elle permet de ne pas manquer des investissements potentiellement intéressants, entre autres dans les entreprises pétrolières qui opèrent la transition vers les énergies renouvelables, précise Andreas Utermann.
Le gestionnaire de fonds conserve également de cette façon la possibilité d’exercer une influence sur le management en vue d’améliorer certains points. « En tant que gestionnaire de fonds actif, nous trouvons cela plus sensé que de voter avec nos pieds. »
Là où Allianz GI se distingue, selon ses propres dires, d’autres asset managers qui tiennent compte des facteurs ESG, c’est le fait qu’elle se concentre sur les principaux risques et mène un débat ouvert à leur sujet.
« La majorité de l’analyse ESG proposée par des sources externes s’efforce de donner une analyse approfondie des aspects environnementaux, sociétaux et liés à la gestion », déclare Tobias Pross, responsable EMOA, dans une récente publication. « Le résultat est dès lors quasi inévitablement complexe. »
En se focalisant uniquement sur les principaux risques, le gestionnaire parvient à distinguer l’essentiel.
Les gestionnaires de fonds, analystes sectoriels ou analystes ESG déterminent conjointement la nature de ces principaux risques. Un débat à ce sujet a lieu sur une plateforme électronique d’Allianz GI, qui permet également de combler le manque d’analyse ESG traditionnelle, dans la mesure où elle est majoritairement basée sur des informations d’entreprises qui font l’objet d’une publication officielle.
« Nous constatons que parmi les lettres E, S et G, c’est généralement la dernière, le critère ‹governance›, qui importe le plus. Si un élément substantiel manque à l’appel, des problèmes se poseront tôt ou tard pour les lettres E et S », estime Tobias Pross.
Andreas Utermann propose que le budget de risque de chaque portefeuille soit dorénavant alloué en partie au facteur ESG, dont il est convaincu de la contribution au rendement sur le long terme.
« Tous les gestionnaires de fonds le savent : il faut éviter les «torpédos» si on souhaite réaliser une superformance. Si l’analyse ESG y contribue, et ce sera certainement le cas, il s’agit alors d’un composant alpha dans le portefeuille, qui réduit du même coup le risque. C’est intuitivement plausible.
Commission de performance
Réaliser une superformance, ou alpha, est à la portée de tout investisseur actif. Pourquoi les investisseurs paieraient-ils pour obtenir moins, dans ce cas ? D’autant plus que le coût de l’obtention du rendement du marché, le beta, est pratiquement nul à l’heure actuelle.
Andreas Utermann partage cette conception et a récemment joint le geste à la parole en lançant aux États-Unis une série de fonds qui n’imputent des frais que si le benchmark est battu. Une commission de performance donc, qui permet de limiter au minimum les frais généraux.
« Ces fonds seront bientôt disponibles au Royaume-Uni également et de là, trouveront probablement leur chemin vers le continent européen. »
AllianceBernstein a elle aussi lancé des fonds assortis d’une telle commission de performance. Mais l’industrie des fonds dans son ensemble ne fait pas encore suffisamment face, selon le CEO, à l’émergence massive des investissements passifs.
Le nouveau climat de réjouissance doit également contribuer à raviver la confiance du marché de la distribution dans les gestionnaires actifs, ce qui constitue selon Andreas Utermann le principal défi auquel reste confrontée l’industrie des fonds.
Le renforcement relatif à la commission de distribution prévu par Mifid II dans toute l’Europe y contribuera, dans la mesure où il implique une transparence accrue sur les plus-values réalisées par les gestionnaires actifs. « Mais nous devons également veiller avec tous les intéressés à ce que les investisseurs abandonnent les investissements pro-cycliques. Il faut rompre le cercle vicieux d’achat haussier et de vente baissière. Les asset managers, les distributeurs, ainsi que les institutions d’enseignement devraient consentir des efforts pour améliorer les connaissances financières des individus. »
M&A
Allianz GI gère environ 500 milliards d’euros. « Nous avons fortement évolué ces six ou sept dernières années, en doublant notre bénéfice opérationnel et notre patrimoine sous gestion, en partie de manière autonome et en partie via des acquisitions. »
Nous avons ainsi acheté le gestionnaire international de titres à revenu fixe Rogge Global Partners et enrôlé une équipe US fixed income de Columbia Threadneedle. Les activités de private equity de la maison mère ont été rachetées et baptisées Allianz Capital Partners.
« Nous avons donc été très actifs sur la voie des reprises et avons à présent plus ou moins atteint nos objectifs en termes de capabilities. À un domaine près : l’immobilier. Nous y travaillons et espérons pouvoir effectuer une annonce à ce sujet dans un avenir pas trop éloigné. »
Sur le plan de la distribution, Andreas Utermann n’exclut pas non plus les reprises. « Nous réfléchissons aux moyens d’améliorer l’accès au marché pour toutes nos capabilities. Citons par exemple les circuits de distribution digitaux et autres canaux mondiaux que nous n’avons pas encore couverts. Si une reprise est nécessaire à ce niveau, qu’il en soit ainsi ! »