Nous approchons de la fin de l’année, le moment est donc à nouveau venu d’annoncer quelques prévisions, souvent inutiles et peu audacieuses, pour l’année prochaine. La majorité des investisseurs (professionnels) estiment, pour 2024 encore, que le rendement des actions se situera entre 5 et 10 %, soit une fourchette idéalement proche de la moyenne historique. Hélas, cette moyenne n’existe pas, il y a donc de fortes chances que la plupart des pronostiqueurs se trompent.
Ma prévision (probablement) la plus aberrante est celle d’une nouvelle vague de liquidités qui entraînerait non seulement une nouvelle hausse des marchés boursiers et d’autres investissements à risque, mais aussi, et c’est sans doute une nouveauté, un rééquilibrage majeur et plus rapide des portefeuilles. Et ce, malgré la réticence des banques centrales, même si une récession se présente tout de même ; une éventualité qu’il ne faut d’ailleurs pas négliger trop vite et qui pourrait entraîner un assouplissement quantitatif.
Les banques centrales ont néanmoins la chance de pouvoir procéder à de nombreuses baisses des taux d’intérêt avant de devoir recourir à un assouplissement quantitatif pour désamorcer la prochaine crise ou récession. Même si la Réserve fédérale réduit de 2 % les taux d’intérêt l’an prochain, le taux cible de la Fed se maintiendra toujours à un niveau respectable de 350 points de base.
Il est très probable que, dans un environnement au sein duquel la Fed et d’autres banques centrales se sentent contraintes de réduire significativement les taux d’intérêt et d’injecter davantage de liquidités dans le système, des investissements plus risqués offrent de bonnes performances. Mais ces taux d’intérêt réduits soulèvent également la question de l’intérêt des obligations sur le long terme. Avec des taux d’endettement excessifs et des gouvernements qui refusent catégoriquement d’appliquer toute forme de politique budgétaire anticyclique, même lorsque l’économie se porte bien – prenez l’exemple de cette étrange croissance de 5 % qui a eu lieu aux États-Unis au troisième trimestre –, il n’y a rien d’étonnant à ce que les investisseurs s’interrogent quant à la viabilité des dettes.
Ce n’est donc pas par hasard que les livres et analyses portant sur ce thème (je m’y intéresse moi‑même) s’y intéressent autant. Avant la politique des banques centrales et depuis la grande crise financière, ce sont surtout des taux d’intérêt plus bas qui semblent ‘garantir’ le principe de la viabilité des dettes. Même le dernier fief sacré des banques centrales – un objectif d’inflation (du reste tout à fait arbitraire) de 2 % – est potentiellement sujet à contestation. Si ce n’est pas pour 2024, ce sera pour plus tard.
Des taux d’intérêt structurellement bas, une possible inflation plus élevée et, presque certainement, plus de volatilité sur le marché obligataire : s’il s’agit là de la réponse à la question de savoir si un endettement en constante augmentation peut rester viable, les investisseurs devront chercher des alternatives aux obligations. Si vous consultez les bons ouvrages sur ce thème, vous vous tournerez rapidement vers l’or et d’autres investissements limités. Je n’exclus pas la possibilité que les investisseurs décident, en 2024, d’envisager quelque chose d’un peu différent pour leur portefeuille stratégique. Mais je peux bien évidemment me tromper totalement. Je vous souhaite, quoi qu’il en soit, une belle fin d’année.