Pour la première fois en cinq ans, le nombre de fonds d’investissement portant le label Towards Sustainability est en baisse. Que se passe-t-il ?
La Fédération belge du secteur financier Febelfin a lancé le label Towards Sustainability en novembre 2019. L’objectif était de fixer des exigences minimales pour les produits financiers durables dans le cadre d’un label de qualité, afin de donner aux investisseurs un outil d’orientation dans leur recherche de produits durables.
La première année, près de 500 produits d’investissement, d’épargne et d’assurance ont reçu le label. Ce nombre a ensuite augmenté pour atteindre environ 800 produits, dont environ 700 étaient des fonds d’investissement. Toward Sustainability est devenu de loin le label de durabilité le plus populaire pour les fonds d’investissement sur le marché belge, devant le label étatique français ISR et le label luxembourgeois LuxFlag ESG.
Mais la croissance s’essouffle. Une étude du cabinet de vérification Forum Ethibel, basée sur un échantillon d’un grand nombre de sociétés de fonds, révèle que le nombre de fonds portant le label Towards Sustainability sur le marché belge a diminué de 11 % en 2024. Il s’agit de la première baisse depuis le lancement. Les labels de durabilité français et luxembourgeois perdent également du terrain en Belgique. Le label ISR affiche même une baisse de 32 %.
Des exigences plus strictes
À titre d’explication, Ethibel fait référence aux exigences plus strictes introduites par Towards Sustainability et ISR en 2024. Selon Tom Van den Berghe, directeur de la finance durable chez Febelfin, cela explique en majeure partie la baisse et « il n’y a pas du tout de crise du label Towards Sustainability ».
« Il s’agit d’une évolution normale que nous observons chaque fois que nous révisons les critères : en effet, les gestionnaires d’actifs doivent se demander s’ils peuvent ou s’ils veulent répondre aux nouveaux critères. La grande majorité confirme son engagement. Une baisse de 11 % après un examen est tout à fait conforme aux attentes. »
Ce qui peut aussi fausser un peu les chiffres, c’est que le principal acteur, KBC Asset Management, n’a pas fourni de données pour le rapport Ethibel cette fois-ci, si bien que l’étude ne reflète pas une image complète du marché des fonds durables en Belgique.
Signaux contradictoires
Il n’est cependant pas exclu que ce déclin reflète aussi en partie un moindre intérêt pour le développement durable, tant chez les émetteurs que chez les investisseurs. Le tableau semble en effet un peu opaque.
Kenny Frederickx, directeur général de Forum Ethibel, observe des « signaux contradictoires » sur le marché. Certains indicateurs pointent au moins vers une stabilisation et peut-être même une croissance, mais d’autres suggèrent que « l’enthousiasme pour l’investissement durable diminue ici et là ».