Didier Reynders
Didier Reynders

Près de deux semaines après l’accord politique sur l’impôt sur les plus-values, on ne sait toujours pas comment cet impôt interagira avec la taxe Reynders sur les fonds mixtes, qui — contrairement aux attentes — ne sera pas supprimée.

L’ancien ministre des Finances Didier Reynders (MR) est peut-être politiquement mort après l’affaire quelque peu bizarre des cartes à gratter et d’un possible blanchiment d’argent, mais il est surprenant de voir que la taxe qui porte son nom connaît une seconde vie.

En 2026, M. Reynders a introduit une taxe sur les fonds contenant au moins 10 % d’obligations ou d’autres titres à revenu fixe, c’est-à-dire pour les fonds purement obligataires, mais aussi pour les fonds mixtes, très populaires en Belgique. Lors de la vente de ces fonds, un prélèvement de 30 % sur les plus-values réalisées sur la partie obligataire s’applique. Une forme d’impôt sur les plus-values, selon les experts fiscaux.

Un impôt qui renaît de ses cendres

Avec l’impôt sur les plus-values adopté plus tôt ce mois-ci, beaucoup, y compris l’association de fonds Beama, s’attendaient à ce que la taxe Reynders soit abolie. « Une taxe Reynders et une taxe sur les plus-values, la maintenir reviendrait à une double imposition », pensait-on.

Cependant, le gouvernement fédéral n’a annoncé qu’une réduction de la taxe Reynders : le taux d’imposition de 30 % sera maintenu, mais ne s’appliquera qu’aux intérêts du fonds. « La taxe Reynders renaît de ses cendres », écrit le cabinet d’avocats Tiberghien dans une analyse.

La logique sous-jacente du gouvernement est peut-être que cela permet d’uniformiser le taux de base de 30 % de retenue à la source sur les autres produits à revenu fixe. L’inconvénient est que deux taxes différentes s’appliqueront bientôt au même fonds mixte : en effet, la partie restante de la valeur ajoutée qui n’est pas imposée via la taxe Reynders sera soumise à la nouvelle taxe sur la valeur ajoutée (10 %).

Tracas administratif

Pour calculer correctement la taxe Reynders révisée, le gestionnaire de fonds doit isoler quotidiennement les revenus d’intérêts et calculer le revenu imposable par action (TIS). Ce tracas administratif sera mal perçu par de nombreuses sociétés de gestion, préviennent les avocats fiscalistes. 

Si les investisseurs privés doivent eux-mêmes effectuer des calculs, cela deviendrait très compliqué. « La complexité de l’imposition des fonds augmentera avec l’interaction entre la taxe Reynders et la nouvelle taxe sur les plus-values », prévient l’avocat fiscaliste Denis-Emmanuel Philippe, du cabinet Bloom Law. « Cela pourrait dissuader les investisseurs qui voudraient investir dans des fonds étrangers. Les investisseurs doivent alors calculer eux-mêmes et à leurs propres risques les revenus soumis à la taxe Reynders et à la nouvelle taxe sur les plus-values, et les inclure dans leur déclaration d’impôts. »

« Si l’imposition de la composante intérêts est basée sur le TIS réel pour tous les fonds, la loi risque de devenirinapplicable pour le contribuable dans de nombreux cas — et en particulier pour les fonds étrangers », conclut Tiberghien.

Une autre option théorique consiste à introduire un système de calcul simplifié avec un taux d’intérêt forfaitaire. « Toutefois, cela entraînerait une complexité considérable et des résultats potentiellement arbitraires, certains contribuables se voyant appliquer une base imposable plus élevée que les intérêts qu’ils ont réellement perçus », explique le cabinet Tiberghien.

« Une occasion manquée »

Beama, qui a plaidé jusqu’au bout pour l’abolition de la taxe Reynders, s’attend à ce que l’impact du nouveau système de taxe sur les investissements ne devienne visible qu’une fois les textes juridiques définitifs publiés et les détails clarifiés. La fédération bancaire Febelfin avait déjà averti que, en partie en raison du maintien de la taxe Reynders, l’introduction prévue à partir de 2026 n’était pas réalisable d’un point de vue opérationnel et informatique.

« Quelle occasion manquée ! », soupire le président de Beama, Koen Van de Maele (Candriam), sur Linkedin. « Au lieu de la simplicité et de la transparence dans l’imposition des fonds, nous obtenons un enchevêtrement fiscal plus complexe que jamais. »

Articles connexes sur Investment Officer :

Access
Members
Article type
Article
FD Article
No