Les tendances actuelles en matière d’investissement, telles que l’essor des ETF et de l’investissement indiciel, se poursuivront en 2026, estime Koen Van de Maele, Chief investment solutions manager chez Candriam. « Mais les gens seront toujours disposés à payer pour un bon conseiller financier. »
La part des investissements passifs en Europe est passée de 13 % à plus de 18 % du total en cinq ans, selon les chiffres du cabinet de conseil McKinsey. Cette évolution va de pair avec la popularité croissante des ETF, dont la grande majorité sont des trackers indiciels. Les principaux facteurs expliquant cette tendance sont la baisse des coûts, la liquidité et la facilité d’accès, selon Efama, l’organisation faîtière des fonds européens.
Koen Van de Maele, également président de l’organisation faîtière des fonds belges Beama, estime que la croissance des ETF se poursuivra pendant un certain temps. « La dernière fois que j’ai vérifié, il y avait 13 000 ETF et plus d’un million d’indices. Il y a donc encore beaucoup de potentiel pour les trackers indiciels. » Mais il précise que cela ne signifie pas que les fonds indiciels traditionnels (avec moins d’occasions de négociation) sont condamnés. « Ce sont deux façons de distribuer. »
« Les ETF sont particulièrement utiles pour les investisseurs qui souhaitent effectuer des transactions intrajournalières, pour ce que ça vaut. Mais on oublie parfois que cela implique des coûts, comme les taxes boursières ou les frais de courtage. Ces produits donnent l’impression d’être plus numérisés et plus flexibles, je comprends donc tout à fait leur attrait. »
« Bien sûr, vous pouvez investir avec votre smartphone et vous aurez une liste de 10 000 ETF parmi lesquels choisir. Cependant, tout le monde n’a pas la volonté ou la capacité de faire la bonne sélection. »
« En revanche, une grande partie de la population n’est pas adepte du bricolage. Les fonds traditionnels leur conviennent mieux. Je compare souvent cela à la construction : vous avez des gens qui aiment construire leur maison eux-mêmes et d’autres qui n’ont ni le temps ni les compétences pour le faire et qui confient tout à une entreprise de construction. »
« Je pense qu’il existera toujours une demande pour des conseillers financiers. Ce marché existera toujours, les gens continueront d’être disposés à payer pour des conseils financiers. Bien sûr, vous pouvez investir avec votre smartphone et vous aurez une liste de 10 000 ETF parmi lesquels choisir. Cependant, tout le monde n’a pas la volonté ou la capacité de faire la bonne sélection. »
Investissements thématiques
Une autre tendance de 2025 a été la montée en puissance des thèmes d’investissement géopolitiques, provoquée par un protectionnisme commercial accru et des tensions entre les principales puissances mondiales. Candriam a par exemple lancé, il y a peu, le fonds European Autonomy.
« Les thèmes qui ont la cote sont soit très axés sur la technologie, soit sur la défense, la souveraineté et l’autonomie, explique M. Van de Maele. Nous avons lancé notre produit non seulement parce qu’il est socialement pertinent et que le grand public s’y intéresse, mais aussi parce qu’il existe des opportunités réelles liées à l’investissement dans ce domaine. »
En ce qui concerne l’investissement durable, M. Van de Maele prévoit que l’on passera d’une forme très sélective d’investissement ESG (environnemental, social et de bonne gouvernance) à une forme plus large d’investissement durable.
Eltif
L’une des questions les plus intéressantes en matière d’investissement pour les années à venir est de savoir si l’intérêt croissant pour les investissements privés non cotés, qui est évident chez les plus fortunés, s’étendra également au grand public.
Koen Van de Maele est déjà favorable à la modernisation des Eltif (European Long Term Investment Fund), l’instrument financier conçu par l’UE pour rendre les investissements dans les travaux d’infrastructure ou les entreprises non cotées plus attrayants pour les investisseurs privés. Candriam en a également lancé un cette année.
« Le segment des investissements privés – capital-investissement, dette privée, infrastructures et immobilier – reste encore quelque peu délaissé par nos investisseurs. Cependant, ce sont des marchés à la fois intéressants et vastes. Le seuil d’investissement approprié pour chaque produit doit être déterminé par le client en consultation avec son conseiller financier. L’avantage principal du format ELTIF est que le minimum d’investissement est très bas, à partir de 50 euros seulement. Nous pensons qu’il s’agit là d’une innovation intéressante de la part du régulateur européen. Quand de bonnes initiatives sont prises, nous ne manquons pas de le dire. »
Tokenisation
M. Van de Maele estime que le bitcoin restera incontournable pour les investisseurs particuliers plus autonomes. La cryptomonnaie affiche actuellement une perte annuelle de 13 %. Selon les stratèges en investissement de Candriam, il n’y a pas grand-chose de significatif à dire sur la valeur des cryptomonnaies, car il n’est pas possible d’utiliser de véritables modèles de valorisation. Pas même pour une monnaie limitée comme le bitcoin, dont l’offre est techniquement limitée à 22 millions de coins. « Car qu’est-ce qui m’empêche de cloner le bitcoin et de lancer ma propre cryptomonnaie limitée avec 22 millions de coins ? » se demande M. Van de Maele.
La technologie blockchain sous-jacente et les contrats intelligents via des réseaux comme l’Ethereum créent de grandes opportunités d’innovation pour l’industrie des fonds à long terme, selon lui. « La tokenisation – qui permet le commerce numérique d’actifs sur une blockchain – sera un thème majeur du secteur dans les années à venir. Cela signifie, par exemple, que vous pouvez négocier un fonds tokenisé 24/7, et pas seulement lorsque les Bourses sont ouvertes. La technologie offre de nombreuses possibilités de distribuer des fonds ou d’autres actifs à de nombreux clients d’une manière très souple, peu coûteuse et rapide. Je ne pense pas que la tokenisation sera une priorité pour l’année prochaine, mais elle figure parmi les pistes à explorer dans les années à venir. »