Il y a six mois, trois gestionnaires de portefeuille et quatre analystes ont quitté l’équipe qui gère les deux stratégies d’actions durables et les quatre stratégies d’actions à impact chez NN IP. Dans l’intervalle, l’équipe est à nouveau pratiquement au complet, explique Paul Schofield lors d’un entretien avec Fondsnieuws. Il est l’un des nouveaux venus et aussi le chef de l’équipe.
« Une période intéressante », déclare Schofield (photo) en portant un regard rétrospectif. « Je ne connais pas les personnes qui sont parties et je ne peux pas vous dire pourquoi elles sont parties, mais le processus est plus important que les personnes. Et celui-ci était et demeure bien conçu. Je ne me suis jamais dit : oh mon dieu, ça va être terrible de reconstruire tout ça ! Nous n’avons pas eu à réinventer quoi que ce soit, il n’y a pas eu d’importantes sorties. En fait, je suis reconnaissant envers ceux qui sont partis. Ils m’ont donné une opportunité fantastique. »
Avec 21 personnes, l’équipe que dirige Schofield, qui gère 18,6 milliards d’euros, est de nouveau pratiquement au complet. Vera Krücker, qui commencera le 1er août, sera la dernière à la rejoindre. L’équipe a été renforcée par des talents internes et externes. Parmi les gestionnaires de portefeuille, Jeremy Kent a quitté Allianz Global Investors pour rejoindre l’équipe au début de l’année, tandis qu’Oskar Tijs et Hans Slob travaillaient déjà chez NN IP.
Il en va de même pour les analystes Giovanna Petti et Wouter Maas, qui ont effectué un transfert interne. L’analyst team lead Pieter van Diepen vient de chez Aberdeen Standard Investments, tandis que l’analyste Milou Beunk a quitté Finimize, basée à Londres.
Équipe intérimaire
Dans la période suivant directement le départ des gestionnaires de portefeuille et des analystes en octobre, les honneurs sont revenus à une équipe intérimaire, dirigée par Jeroen Bos, head of specialised equities & responsible investing. Schofield : « Ils ont retiré un certain risque de la stratégie en diversifiant davantage, des choses qu’on peut attendre d’une équipe intérimaire. Ce qui est bien, c’est qu’il n’y a pas eu de sorties pendant ce temps. Mieux encore, l’afflux net a été supérieur de 1,5 % à la valorisation du marché. »
« Le fait que nous gérons actuellement 40 % d’actifs de plus qu’en janvier 2020 est d’ailleurs également dû en partie aux personnes qui nous ont quittés : elles avaient réalisé une forte performance en 2019 et 2020. Par exemple, 37 % en 2019 pour le fonds durable mondial contre 30 % pour l’indice de référence, et 24 % en 2020, contre 6 % pour l’indice de référence.
Nouvelle recrue
Schofield vient de chez Allianz Global Investors, où il a travaillé comme gestionnaire de portefeuille pendant 20 ans. « Ma première et dernière fonction était liée à la durabilité. Lorsque j’ai commencé chez Allianz, ce thème n’intervenait pratiquement pas chez les investisseurs. C’est donc moi, la nouvelle recrue, qui m’y suis collé. Nous avions un seul client qui voulait composer son portefeuille d’actions de manière plus éthique. C’est tout. Mince, ça ne me rajeunit pas ! »
Schofield a vu le secteur de l’investissement évoluer au fil des années suivantes, d’abord à petits, puis à grands pas. Des exclusions au screening positif. D’un sujet qui ne s’appliquait qu’aux actions, à une strate qui s’étend sur différentes classes d’actifs. « C’est un parcours intéressant, qui s’est en fait principalement déroulé en Europe. Le monde entier est sur la même voie, mais les différentes régions en sont encore à des stades différents. »
Après vingt ans en tant que gestionnaire de portefeuille, Schofield se réjouit de son nouveau rôle de chef d’équipe. « Je veux donner à des personnes talentueuses le temps et les connaissances nécessaires pour travailler de la bonne manière et les voir surfer sur la prochaine vague de l’investissement durable. »
Santé mentale
En matière d’investissement, il pense que l’élément social de l’ESG constitue le plus grand défi du moment. « La pandémie a mis cette question plus en avant, on peut voir qu’il y a maintenant beaucoup plus de problèmes de santé mentale. Comment une entreprise gère-t-elle l’aspect humain du management ? C’est un sujet dont on ne parle pas beaucoup, mais nous devons commencer à accorder davantage d’attention à la santé mentale. Les plaintes sur ce plan vont exploser. C’est ce sur quoi nous devons travailler en tant que société et entreprise. »
Ce qui rend la situation encore plus difficile pour les gestionnaires de fonds, c’est que les données dans ce domaine sont difficiles à obtenir, explique Schofield. « Les données sur la santé mentale des travailleurs sont rarement publiées par les entreprises. Mais il y a toujours une raison à l’absence des travailleurs d’une usine. Nous voulons que les entreprises suivent mieux cet aspect. Est-ce que quelqu’un est absent parce qu’il s’est cassé le bras, ou y a-t-il autre chose ? »
Dès que les premiers chiffres seront disponibles, NN IP les publiera également pour ses clients. « Même s’ils ne sont pas positifs. Lorsque nous avons des données, nous les publions. Si vous ne mesurez pas et ne mentionnez pas ce qui se passe, vous n’avez rien à améliorer. »
Schofield reconnaît donc que certaines entreprises du portefeuille peuvent s’améliorer sur ce plan. « Par exemple, certaines entreprises obtiennent de très bons résultats sur les sujets ESG traditionnels, comme la durabilité, mais obtiennent des scores moyens sur le plan social. Nous allons renforcer notre engagement dans ce domaine. Les thèmes sociaux ne disparaissent pas, ils finissent par devenir des questions financières. Nous voulons donner aux entreprises l’occasion de changer. Si elles ne suivent pas nos conseils, nous pouvons finalement choisir de vendre l’action. Mais une telle décision peut prendre de six à douze mois. »