Afbeelding van Peter H via Pixabay
stairs-5091557_1920.jpg

Les valorisations sur les marchés privés se sont stabilisées et les volumes de transactions ont légèrement progressé cette année, rendant le cru 2024 un peu meilleur que 2023 pour les investisseurs privés. Mais cela n’était pas suffisant, affirment des experts interrogés par Investment Officer : il existe toujours un décalage entre ce que le vendeur souhaite obtenir pour sa participation et ce que l’acheteur est prêt à payer, conséquence persistante de la forte hausse des taux d’intérêt. 

« En réalité, les taux d’intérêt n’ont pas joué en notre faveur », déclare Paul van Hastenberg, associé du multi family office Clavis. « En particulier aux États-Unis, la baisse des taux est moins rapide que ce qu’espérait le marché. Nous avions anticipé un retournement des marchés privés en 2024, marqué par une augmentation des distributions et des transactions, mais celui-ci ne s’est pas concrétisé. »

Les acheteurs et les vendeurs parviennent cependant plus fréquemment à un accord, ce qui redonne un peu de vigueur au marché des sorties. « Les vendeurs s’habituent davantage à une nouvelle normalité, avec des prix tout simplement plus bas qu’il y a quelques années. », explique Paul van Hastenberg.

« Il faut du temps pour que les deux parties retrouvent un nouveau niveau d’équilibre », affirme quant à lui Hylke Hertoghs, Managing Partner chez Marktlink Capital, qui permet aux investisseurs d’accéder au capital-investissement à partir de 250 000 euros via des fonds nourriciers et des fonds de fonds.

Selon Koen Ronda, responsable des marchés privés chez IBS, une certaine frilosité régnait sur le marché des sorties en raison de la hausse des taux d’intérêt, de la persistance de l’inflation, pas entièrement résorbée, et de l’incertitude entourant l’élection présidentielle américaine. « La faiblesse du marché des sorties n’était donc pas nécessairement liée aux performances des entreprises. »

Avec des distributions plus limitées, les investisseurs disposaient de moins de capital à investir, ce qui a rendu les levées de fonds plus difficiles et poussé les investisseurs à rechercher davantage de liquidité. « Les investisseurs veulent d’abord récupérer de l’argent, affirme Hylke Hertoghs. La pression augmente, non seulement pour démontrer que les participations du portefeuille affichent une belle valorisation sur le papier, mais aussi pour que cette valorisation se concrétise réellement. »

Gâteau de mariage

D’après Hylke Hertoghs, la forte attention accordée à la liquidité a conduit à des innovations insufflant un « nouvel élan » à l’investissement sur les marchés privés. À cet égard, il cite notamment l’essor des fonds de continuation, qui offrent aux gestionnaires la possibilité de prolonger la gestion des entreprises détenues. « En tant qu’investisseur, il est cependant essentiel de se demander si la participation est conservée plus longtemps parce que l’entreprise présente un fort potentiel de croissance, ou simplement parce qu’il est en réalité difficile de la vendre. »

Les experts observent également que certaines parties contractent des prêts en utilisant le portefeuille comme garantie, dans le but d’accélérer les distributions aux participants. « Nous évitons soigneusement ce type de montages à effet de levier, déclare Koen Ronda. Nous comparons cela à un gâteau de mariage prêt à fondre, car cela risque de mal tourner tôt ou tard. »

Les fonds ayant affiché de bonnes performances l’année passée sont ceux qui ont encore réussi à verser des distributions aux investisseurs, grâce à des sociétés de portefeuille de grande qualité. « Ces fonds parviennent d’ailleurs toujours à lever des capitaux relativement facilement », affirme Hylke Hertoghs.

Démocratisation du capital-investissement

En 2024, on a également beaucoup parlé de la démocratisation du capital-investissement. Ces deux dernières années, de nombreux acteurs, tels qu’Altix et Capler, se sont implantés aux Pays-Bas pour y proposer des opportunités de capital-investissement aux particuliers. Cela a abaissé le seuil d’accès aux marchés privés, mais le capital-investissement ne rencontre pas la même popularité dans tous les pays européens. 

Hylke Hertoghs constate que les marchés scandinave, britannique et néerlandais continuent de lever d’importants capitaux tout en affichant de solides rendements. En revanche, la situation est moins favorable en Allemagne et en France, ce qui, selon lui, s’explique en partie par l’image moins positive du capital-investissement dans ces pays. 

Clavis anticipe une poursuite de la démocratisation. « Pour les institutions financières, il s’agit d’un modèle de revenus particulièrement attractif, car il leur permet d’élargir leur groupe cible. »

Les experts mettent toutefois en garde contre les risques potentiels associés à cette démocratisation. Les plateformes, par exemple, doivent veiller à ce que les clients n’investissent pas une part excessive de leur patrimoine sur les marchés privés. 

Paul van Hastenberg reconnaît que le sujet est tendu. « Il existe des options permettant aux particuliers d’investir à partir de quelques milliers d’euros, mais ces investisseurs privés souhaitent souvent pouvoir se retirer facilement. Les gestionnaires cherchent donc des solutions pour garder une partie du portefeuille liquide, par exemple par le biais de fonds du marché monétaire ou d’actions, mais cela se fait au détriment de la performance du fonds. Si chacun évalue correctement les avantages et les inconvénients, le capital-investissement peut convenir aux petits investisseurs. »

Cet article est le premier d’une série de deux consacrés aux marchés privés. Nous revenons ici sur l’année écoulée, tandis que le second volet sera consacré aux anticipations pour 2025.

Author(s)
Categories
Target Audiences
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No