Foto door Benjamin Child via Unsplash
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Depuis deux ans, les fonds mixtes font face à une forte décollecte nette. La baisse des taux d’intérêt pourrait inverser la tendance négative mais, pour l’instant, les investisseurs ne s’intéressent guère à ces produits, explique Thomas De Fauw, analyste chez Morningstar.

Les fonds multi-actifs ont été très prisés lorsque les taux d’intérêt étaient très bas, mais cela fait longtemps qu’ils ont perdu leur attrait. Selon Morningstar, les fonds multi-actifs européens ont enregistré des sorties nettes de 133,2 milliards d’euros entre le troisième trimestre 2022 et la fin 2024.

« On observe une décollecte nette dans la plupart des catégories, en particulier dans les fonds en euros défensifs », commente M. De Fauw. « De nombreux fonds multi-actifs ont connu une année 2022 particulièrement mauvaise, ce qui a poussé les investisseurs à se retirer. La hausse des taux d’intérêt a ensuite provoqué une correction des actions et des obligations. Ce fut une période unique, car un portefeuille 60/40 a toujours été un bon point de départ pour les investisseurs au fil des ans. »

Des coûts excessifs

Outre la déception liée aux performances, M. De Fauw indique que la concurrence avec les fonds monétaires et obligataires joue également un rôle dans les sorties de capitaux. « Pour obtenir un bon rendement, les investisseurs ne dépendent plus de fonds multi-actifs relativement coûteux, mais peuvent se tourner vers le marché obligataire. »

Malgré leur baisse de popularité, M. De Fauw estime que les fonds multi-actifs ont toujours une raison d’être. « Ils constituent encore un portefeuille prêt à l’emploi pour les investisseurs particuliers qui ne souhaitent pas s’engager activement, mais qui cherchent à largement diversifier les risques. » Les coûts élevés des fonds mixtes (environ 1,5 % en dehors des Pays-Bas) représentent toujours un inconvénient. « Ils diminuent progressivement et nous nous attendons à ce que la pression baissière se poursuive », explique M. De Fauw.

L’essor de l’investissement passif nuit aussi à la catégorie. Comme les fonds d’actions et d’obligations actifs ne parviennent souvent pas à suivre l’évolution de l’indice, de nombreux investisseurs optent pour un ETF bon marché. C’est plus difficile pour les fonds mixtes, car ils investissent dans plusieurs catégories d’actifs. Seule une poignée de fonds multi-actifs indiciels est dès lors disponible en Europe.

M. De Fauw estime qu’avec le temps, les entrées nettes dans les fonds multi-actifs se normaliseront à nouveau. « Il est probable que les fonds mixtes défensifs et flexibles gagneront en popularité si les taux d’intérêt baissent fortement. » Il est aussi important que les obligations reprennent leur rôle de tampon dans un portefeuille 60/40. L’année dernière, les obligations ont constitué une protection contre les baisses de cours passagères sur le marché boursier, et nous espérons que cela se produira plus souvent. »

Les fonds axés sur les revenus ont la cote

Avec la hausse des rendements obligataires, le tampon est déjà plus présent. Selon l’analyste de Morningstar, les gestionnaires de fonds multi-actifs n’observent pourtant pas pour l’instant de grand intérêt de la part des investisseurs. Font exception à la règle les fonds multi-actifs dont l’objectif principal est de générer des revenus grâce à des actions de dividendes et des obligations à haut rendement. Les retraités, par exemple, y trouvent un intérêt pour compléter leur pension.

Le fonds Allianz Income and Growth domine largement cette catégorie. Avec un encours de plus de 50 milliards d’euros, c’est le plus grand fonds mixte d’Europe. La structure de cette stratégie emporte un risque supplémentaire, selon M. De Fauw, car la composante à haut rendement, le portefeuille d’actions et l’allocation aux obligations convertibles peuvent être fortement corrélés, en particulier pendant les périodes de crise.

Les fonds multi-actifs agressifs à vocation mondiale ont par ailleurs réussi à échapper au sentiment négatif qui prévaut au sein du secteur. Ils ont aussi enregistré une collecte nette ces dernières années. « Alors que les fonds défensifs ont déçu, en raison de la baisse des cours des obligations d’État à long terme, les fonds mixtes à forte allocation en actions ont au contraire bénéficié de l’euphorie des marchés boursiers », explique M. De Fauw.

Les jeunes, en particulier, choisissent des fonds mixtes offensifs, en raison de leur horizon de placement à long terme. Les cryptomonnaies intéressent également ce groupe cible. L’inclusion de cryptomonnaies dans les portefeuilles se heurte toutefois à des obstacles élevés, estime M. De Fauw. Il cite l’exemple de Man Group, qui a récemment lancé un fonds qui investira dans les cryptomonnaies en fonction des tendances. « Le gestionnaire d’actifs a senti que certains de ses clients étaient réticents et ne compte donc pas ajouter les cryptomonnaies à ses stratégies phares. Les cryptomonnaies finiront bien par apparaître dans les portefeuilles des fonds mixtes, mais il s’agira d’une petite allocation tactique. »

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