Le marché boursier chinois a enregistré mardi une forte mais brève envolée après la réouverture des échanges. Cependant, l’enthousiasme s’est rapidement dissipé, les investisseurs déplorant l’absence de détails concrets sur les mesures de relance de la part de Beijing.
Bien que les marchés actions chinois, à Hong Kong et en Chine continentale, aient initialement bondi de plus de 10 % mardi, ces gains se sont rapidement évaporés après une conférence de presse de la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), qui n’a apporté que peu d’informations nouvelles concernant les mesures de soutien économique tant attendues.
« Il s’agit indéniablement d’une occasion manquée. En l’absence de mesures concrètes, les investisseurs internationaux demeurent dans l’incertitude quant aux perspectives économiques de la Chine. »
Lodewijk van der Kroft, Managing Director Comgest Benelux
Selon Lodewijk van der Kroft, Managing Director Benelux chez Comgest, les investisseurs espéraient que le gouvernement chinois proposerait un ensemble de stimuli budgétaires pour relancer son économie en stagnation. Bien qu’un plan de relance de 285 milliards de dollars ait été évoqué, les annonces se sont révélées moins ambitieuses qu’attendu.
« Il s’agit indéniablement d’une occasion manquée, a déclaré Lodewijk van der Kroft. En l’absence de mesures concrètes, les investisseurs internationaux demeurent dans l’incertitude quant aux perspectives économiques de la Chine. » L’indice CSI 300 a initialement enregistré une forte progression avant de reperdre du terrain, tandis que l’indice Hang Seng de Hong Kong a clôturé en baisse de 9,4 %, sa chute la plus marquée depuis 2008.
La solidité du renminbi inspire les optimistes
Fin septembre, le gouvernement chinois avait annoncé un ensemble de mesures de relance incluant des baisses de taux d’intérêt ainsi qu’un assouplissement des règles relatives aux prêts immobiliers afin de tenter de relancer le secteur de l’immobilier, pilier de l’économie chinoise. Ce dernier est en crise depuis un certain temps déjà en raison des problèmes d’endettement des grands promoteurs immobiliers.
Pour Louis Gave, observateur de la Chine et fondateur de Gavekal Research à Hong Kong, ces mesures de relance constituaient un signal d’achat pour les actions chinoises. Mardi encore, il réaffirmait aux lecteurs de sa newsletter son optimisme, soulignant la relative solidité du renminbi face au dollar.
La conférence de presse de n’a cependant annoncé que peu de nouvelles mesures de relance. Le chef de la NDRC Zheng Shanjie a tout de même affirmé que le gouvernement était « pleinement confiant » dans la capacité de la Chine à atteindre son objectif de croissance de 5 % en 2024, malgré la pression économique croissante.
Les investisseurs et les analystes en attendaient davantage. « Organiser une conférence de presse sans aucune annonce notable n’est pas judicieux », a déclaré Alicia Garcia-Herrero, économiste chez Natixis, à Reuters. « Cela augmente le risque d’une correction supplémentaire si les chiffres de la consommation pour la Semaine d’or sont décevants. »
La faiblesse de la consommation, un défi majeur
La faiblesse persistante de la consommation intérieure représente l’un des principaux défis pour l’économie chinoise. Depuis la pandémie de Covid-19, les consommateurs chinois se montrent réticents à dépenser, ce qui pèse sur l’ensemble de l’économie.
Selon Lodewijk van der Kroft, les consommateurs chinois ne contribuent qu’à hauteur de 53 % au PIB, contre 60 % dans la plupart des économies occidentales et 69 % aux Pays-Bas. « Cette différence est significative et montre clairement que la relance de la demande est aussi cruciale que les mesures d’offre », a-t-il indiqué.
Les investisseurs internationaux demeurent prudents à l’égard des actions chinoises, en partie en raison des tensions géopolitiques persistantes et des défis auxquels sont confrontées les entreprises privées. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, les entreprises étrangères rencontrent davantage de difficultés pour opérer en Chine. Par ailleurs, la part des actions chinoises dans l’indice MSCI World a été réduite de moitié et ne représente plus que 2,94 %, illustrant ainsi le désintérêt croissant des capitaux internationaux pour la Chine.
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