La génération Y, apte à faire entendre sa voix, marque de plus en plus l’économie de son empreinte et c’est une très bonne nouvelle pour les investisseurs durables, s’exprime Guy Janssens, Head of Sustainable & Responsible Investments chez BNP Paribas. Il explique à Investment Officer de quelle façon les choix de ladite « Génération Y » influenceront de plus en plus les marchés financiers.
Personne n’apprendra à Guy Janssens la nature imprévisible des marchés. Il n’a jamais compris pourquoi tant d’investisseurs affirment détenir une boule de cristal. De son point de vue, un bon investisseur est plutôt un trendwatcher doté d’une intuition affûtée au fusil qui effectue ses devoirs avec minutie. Dans ses choix d’investissement, mais aussi envers les parties avec qui il collabore.
Le « Social » au-devant de la scène
‘Nombreux sont les investisseurs qui sous-estiment encore l’influence de l’opinion publique sur leur travail. Mais en y regardant de plus près, force est de constater que les entreprises qui ne répondent pas à la tendance sociale sont pénalisées sans pitié. Cela vaut aussi pour l’investisseur classique qui se satisfait d’appliquer les préceptes appris à l’université.’
Et les investisseurs non-professionnels ne sont pas en reste. Deux tiers des nouveaux clients de BNP Paribas optent pour des produits d’investissement dotés d’un score ESG élevé. Les investissements dans le secteur de l’eau, dans les énergies propres et l’égalité des genres se portent bien, confirme Guy Janssens.
‘La diversité est un « sujet brûlant ». Les entreprises ne peuvent s’en détourner. Le bien-être, un thème qui ne cesse de prendre de l’ampleur, et la prise de conscience accrue auprès des jeunes générations entraînent un regain d’intérêt pour le S de l’acronyme ESG (Environnemental, Social et de Gouvernance). Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les entreprises des marchés émergents qui prennent leurs responsabilités envers la protection sociale de leurs travailleurs prospèrent.’
La folie pétrolière
L’adage « Follow the money » (NDT : suivez la trace de l’argent) est plus que jamais le critère de réussite et l’argent vient surtout alimenter les projets durables, constate Guy Janssens. Ainsi, le Fonds de Pension néerlandais ABP n’a retiré en 2018 que 3,3 milliards de l’industrie du tabac et de l’armement. Et l’Europe décide que 50 % de notre production doit être recyclée. D’après l’investisseur, il est dès lors logique que les entreprises qui misent fortement sur les secteurs durables, récoltent les fruits du succès.
‘Le cigarettier Phillip Morris a récemment décidé d’opter pour 0 % de tabac. Éloquent, n’est-ce pas ? Le tabac se profile comme un produit de niche. Et si l’on s’en tient purement et simplement à la littérature, il faut à présent investir dans les combustibles fossiles car le cours du pétrole est bas. C’est stupide, car tous les investissements sont consentis dans les énergies vertes ; le cours continue dès lors d’augmenter.’
L’impact des choix politiques sur le monde de la finance prend de l’ampleur et ne se limite pas au seul domaine de la durabilité. Et la directive Mifid II et la communication de la BCE ne sont pas pour rien dans la ligne de mire de Guy Janssens : ‘les banques centrales manipulent le marché. En d’autres mots, les intérêts évoluent et vous devez surfer sur la vague.’
Sur la directive Mifid II, notre investisseur s’exprime laconiquement : ‘cette directive entraîne dans sa foulée une gestion plus performante et apporte davantage de transparence. De ce fait, la surperformance devient un critère d’autant plus crucial. Et que cette performance soit précisément celle qui garantisse la prospérité des investissements durables.’