Auto in een garage. Photo: Pexels.
Auto in een garage. Photo: Pexels.

Les gestionnaires d’actifs recherchent de plus en plus souvent un second avis externe pour examiner leurs portefeuilles. Ce qui était autrefois considéré comme une analyse sans engagement s’est transformé en un service de conseil stratégique qui positionne des acteurs tels que Natixis Investment Managers et Blackrock comme des sparring partners indispensables pour les gestionnaires d’actifs – tout en ouvrant de nouvelles relations avec les clients.

Duisenburgh le savait déjà : la stratégie sur les énergies alternatives de son portefeuille a fait son temps. Mais le facteur décisif a été le regard extérieur.

« Celui-ci a révélé que si cette stratégie avait beaucoup contribué au risque du portefeuille, elle n’avait en fait pas beaucoup apporté de rendement et de diversification », explique Jules Looijmans, gestionnaire de portefeuille senior chez le gestionnaire d’actifs basé à Waalre (Pays-Bas). 

L’analyse externe réalisée par l’équipe Natixis IM Solutions à Londres a confirmé le verdict qui ressortait déjà d’une évaluation interne. Peu après la reprise du marché à la fin de l’année 2024, la position a été vendue.

Un deuxième avis désormais stratégique

Un tel « deuxième avis » n’est plus une exception dans le monde de la gestion professionnelle des actifs. Ce qui était autrefois envisagé comme un exercice sans aucune obligation s’est transformé en un service stratégique. Ces dernières années, des sociétés de gestion de fonds telles que Natixis IM, Blackrock et Morgan Stanley ont investi massivement dans leurs équipes de conseil et de solutions afin d’examiner les portefeuilles, d’analyser les risques et de mettre discrètement en avant leurs propres produits et services.

Jules Looijmans« Ces services nous servent de deuxième avis », explique M. Looijmans (photo). Duisenburgh travaille chaque année avec l’équipe Portfolio Clarity de Natixis IM, une unité autonome qui effectue une sorte de « contrôle technique » sur les portefeuilles modèles. « Un contrôle annuel, comme vous le faites pour votre voiture », précise-t-il.

Intelligence de marché

Selon Jochem Tielkemeijer, qui se concentre sur les pays nordiques, le Royaume-Uni et les Pays-Bas chez Natixis IM, il ne s’agit pas seulement d’une aide à la vente. Si l’analyse apporte une valeur ajoutée au client, elle contribue à soutenir la relation, explique-t-il. « C’est aussi pour nous une source d’intelligence de marché. »

Selon M. Tielkemeijer, Natixis a examiné plus de 15 000 portefeuilles depuis 2014, avec environ 300 analyses effectuées en Europe chaque année. À la demande du client, Natixis inclut des fonds spécifiques dans l’analyse. De nombreux rapports se terminent par une proposition : que signifierait l’ajout, par exemple, d’une stratégie EMD en monnaie forte en termes de risque et de rendement ? Ce faisant, Natixis souligne qu’elle ne propose jamais de produits de sa propre initiative. « C’est au client lui-même de décider », selon M. Tielkemeijer. « Bien entendu, nous pouvons discuter avec le client du marché, des stratégies, des catégories d’actifs, etc. »

Même si les conseils n’engagent à rien, ils sont certainement appréciés par Duisenburgh. « Il est bon d’obtenir la confirmation de ce que vous saviez déjà sur la base de vos propres analyses, déclare M. Looijmans. Donc, si tout se passe bien, on n’obtient pas de résultats inattendus. »

Question d’interprétation

Jochem TielkemeyerD’autres acteurs proposent des services similaires. Blackrock utilise pour cela sa plateforme Aladdin, tandis que Morgan Stanley a recours à son propre Portfolio Solutions Group. La conversation qui suit l’analyse est très importante à cet égard. « Vous pouvez donner à quelqu’un un rapport complexe et lui souhaiter bonne chance », déclare M. Tielkemeijer (photo). « Mais tout est question d’interprétation. »

Avec Aladdin, Blackrock offre un cadre d’analyse qui aide les clients patrimoniaux et institutionnels à mieux comprendre le comportement de leurs portefeuilles multi-actifs. Selon Ursula Marchioni, responsable des solutions d’investissement et de portefeuille (IPS) pour la région EMEA, les clients examinent l’origine des rendements avec son équipe : celles-ci découlent-elles de l’allocation d’actifs ou plutôt de la sélection des produits ? L’analyse doit permettre d’expliquer les choix existants et d’identifier les domaines susceptibles d’être améliorés.

Ursula MarchioniLe retour d’information sera utilisé pour discuter des « déviations possibles qui pourraient renforcer leurs convictions et leurs choix », explique Mme Marchioni (photo) dans un e-mail. D’autres clients ont besoin d’aide pour traduire une analyse en une allocation d’actifs concrète.

La combinaison de la profondeur et d’accompagnement est essentielle ici, déclare M. Looijmans, utilisateur du service de Natixis.

« Natixis dispose d’un logiciel très professionnel qui peut être utilisé pour effectuer des régressions multiples complexes. Ce sont des opérations que je ne peux pas effectuer avec mes propres outils. » Les régressions sur les indices basés sur le style passif sont utilisées pour déterminer l’exposition aux facteurs de risque et permettent de voir où le portefeuille s’écarte de l’indice de référence par rapport à ces « primes de risque ». La valeur à risque peut également être ventilée par secteur ou par région, explique-t-il. (Voir encadré)

Les portefeuilles de fonds plus difficiles à comprendre

Tous les types d’investissement ne se prêtent pas à ce type de vérification. Les portefeuilles constitués d’ETF et de fonds requièrent davantage d’informations que les mandats portant sur des actions individuelles ou des fonds spéculatifs. « Lorsque j’investis dans ASML, je sais que je suis très exposé à la technologie et à la croissance, déclare M. Looijmans. Mais avec les fonds, c’est moins transparent. »

L’examen annuel ne sert pas uniquement à éviter les surprises. Il sert également de test de résistance. Les analyses de scénarios portent notamment sur le Covid-19, la crise de l’euro et la crise financière. « Il est alors intéressant de voir comment votre portefeuille réagit et comment il se différencie de l’indice de référence », explique M. Looijmans.

Blackrock a constaté une nette augmentation de la demande de conseil en gestion de portefeuille au cours des deux dernières années, principalement en raison de la volatilité accrue et de l’émergence de nouvelles questions en matière d’allocation. Selon Mme Marchioni, les investisseurs ont besoin de davantage d’analyses de scénarios du fait de la volatilité des conditions de marché.

Besoin d’affiner

Dans le même temps, il est nécessaire d’affiner les allocations traditionnelles, notamment par le déploiement séparé de stratégies équipondérées et de stratégies concentrées sur le S&P 500 afin de doser l’exposition aux valeurs dominantes. « Nous avons aidé de nombreuses grandes institutions à comprendre comment générer de l’alpha en utilisant des outils de mise en œuvre plus fins », dit Mme Marchioni.

La popularité de ces services reflète une tendance plus large : plus de transparence, plus de personnalisation, un plus grand besoin d’explication. Alors qu’auparavant seuls les assureurs et les fonds de pension demandaient des analyses plus complexes, celles-ci sont désormais également accessibles aux petits gestionnaires. « Nos analyses sont un outil professionnel, pas un argument de vente », préciste toutefois M. Tielkemeijer.

Simulations de Monte-Carlo, valeur à risque et régression

Les simulations de Monte-Carlo sont des modèles mathématiques qui exécutent des milliers de scénarios possibles basés sur des variations aléatoires des conditions du marché, des rendements et de la volatilité. Cette approche donne aux investisseurs un aperçu de la répartition des résultats possibles sur un horizon plus long, par exemple cinq ou dix ans, et leur permet de mieux évaluer la solidité de leur portefeuille dans différents scénarios de marché.

La valeur à risque (VaR) mesure la perte maximale qu’un portefeuille peut subir au cours d’une période donnée, à un niveau de confiance donné. Par exemple, une VaR de 5 % sur une semaine avec une fiabilité de 95 % signifie que la perte attendue ne dépassera pas 5 % pendant 95 semaines sur 100. Ces deux méthodes sont utilisées pour quantifier le risque et aider les investisseurs à faire des choix d’allocation plus éclairés.

Dans l’analyse de régression, les rendements d’un portefeuille sont liés à des facteurs sous-jacents, tels que le style, la région ou la devise. Dans ce cas, les gestionnaires d’actifs utilisent des indices passifs basés sur le style – comme les actions européennes dépréciées ou les obligations d’État américaines – pour déterminer les facteurs qui ont eu le plus d’impact sur la performance. Il est ainsi possible d’identifier les expositions sans connaître parfaitement les investissements sous-jacents. Cela permet de savoir si, par exemple, plusieurs fonds d’un portefeuille sont tous involontairement sensibles à la même évolution du marché.

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