Donald Trump & Xi Jinping
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Paul Donovan (économiste en chef chez UBS) souligne que l’impact de la guerre commerciale a été modéré, notamment grâce à la capacité d’adaptation des entreprises. La croissance européenne devrait repartir après la pause marquée durant le troisième trimestre. 

Pour Paul Donovan, le principal impact de la guerre économique que les Etats-Unis livre au reste du monde aura avant tout été ressenti sur les marchés financiers. « Dans la pratique, les entreprises ont modifié leur cycle d’approvisionnement afin de contourner l’impact des tarifs, de sorte de 50 à 75% des mesures décidées jusqu’à présent n’ont pas entraîné d’effets au niveau économique ». Il souligne toutefois qu’une nouvelle escalade des mesures américaines pourrait avoir un impact plus important. « A partir d’un certain niveau, il deviendra difficile pour les entreprises de se montrer créatives ». 

Il ne s’attend toutefois pas à ce que la situation dégénère, et estime qu’un accord pourrait être rapidement être trouvé entre Donald Trump et Xi Yinping, « à l’image de celui que les Européens avaient obtenu avec Jean-Claude Juncker. Les marchés n’aiment pas les guerres commerciales, qui sont des politiques d’un autre siècle, et Donald Trump a tendance à gouverner en regardant les évolutions de la bourse américaine ». 

Croissance soutenue

Dans ce contexte, il table sur un climat économique qui devrait rester relativement favorable aux Etats-Unis, avec une croissance supérieure à sa tendance de long terme (2%) sous l’impulsion d’une consommation domestique soutenue par la hausse des salaires. « Dans le même temps, la baisse des prix pétroliers limitera les pressions inflationnistes ». Un contexte relativement similaire en Europe, avec une croissance qui devrait repartir au quatrième trimestre après le passage à vide durant l’été. « Les indicateurs en provenance du secteur automobile allemand semblent indiquer que les problèmes ont été corrigés ». 

« Pour leur part, les autorités chinoises continueront à contrôler étroitement leur croissance, qui devrait continuer à ralentir vers les 5% ». Dans les pays émergents, les producteurs de matières premières rencontreront un environnement plus favorable. « Au Brésil, les marchés semblent avoir donné du soutien au nouveau président, sur base notamment de nominations judicieuses dans l’équipe qui sera chargée de piloter l’économie. Il faut toutefois rappeler qu’au vu des problèmes du passé dans ce pays, le marché aura tendance à condamner lourdement la moindre erreur ». 

Normalisation et volatilité

Au niveau global, Paul Donovan estime que les perspectives pour l’économie restent globalement favorables pour les prochains mois, avec des pressions inflationnistes qui resteront sous contrôle. Les grandes banques centrales poursuivront la voie de la normalisation de leur politique monétaire, avec trois ou quatre hausses prévues aux Etats-Unis l’année prochaine, et un début du mouvement haussier en Europe à partir de septembre 2019. 

« Il faudra vraisemblablement attendre le départ de Mario Draghi pour que le mouvement s’enclenche, mais je ne pense pas que son successeur pourra faire l’économie d’une normalisation des taux. Par contre, l’identité de la personne qui succèdera a Draghi sera importante pour déterminer la vitesse à laquelle la normalisation se produira ». 

Cette anticipation d’une hausse des taux va toutefois entretenir la volatilité sur les marchés financiers, avec des actions qui resteront plus intéressantes que les obligations, notamment en raison d’une croissance des bénéficies qui restera soutenue. « Il faudra rester diversifié dans les portefeuille, et adopter des stratégies visant à limiter l’impact de la volatilité des marchés ». 

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