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L’approvisionnement énergétique de l’Europe est soumis à de fortes pressions, et le taux d’inflation de 8,9 % dans la zone euro ne semble pouvoir être amorti que par de fortes hausses des taux d’intérêt, ce qui pourrait précipiter l’économie européenne dans la récession. L’Europe est-elle encore le continent où vous voulez être en tant qu’investisseur ?

Bien que l’économie européenne ait connu un deuxième trimestre relativement bon, avec des volumes économiques en hausse de 0,7 % par rapport au premier, les inquiétudes pour le deuxième semestre de l’année restent fortes.

L’inflation, la hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne et, bien sûr, les inquiétudes concernant l’approvisionnement en énergie continuent de planer comme des nuages sur le paysage économique. La guerre en Ukraine a durement touché l’économie mondiale, mais c’est en Europe et dans certains marchés émergents que la pression à la baisse des prix due à la forte diminution des indicateurs d’activité PMI est la plus forte», déclare Seema Shah, stratège en chef chez Principal Global Investors.

L’Europe moins attrayante que les États-Unis

Comme tout risque géopolitique, cette situation accroît l’incertitude des investisseurs. Mais avec la menace d’un hiver rigoureux, M. Shah estime que la proposition d’investissement pour l’Europe semble beaucoup moins attrayante que celle pour les États-Unis jusqu’à présent.

D’un point de vue fondamental, les grandes capitalisations européennes seront mises au défi par leur exposition mondiale. Alors que l’économie américaine ralentit rapidement, les perspectives pour l’Europe et de nombreux marchés émergents sont plus sombres», déclare M. Shah.

Pourtant, tout le monde n’est pas négatif à propos de l’Europe. Tom O’Hara, gestionnaire de portefeuille pour les actions européennes chez Janus Henderson, comprend que de nombreux investisseurs évitent l’Europe, mais il ne pense pas que cela soit entièrement justifié. La situation est effectivement devenue extrêmement complexe, mais si j’étais autorisé à investir librement, je continuerais à allouer à l’Europe.

Les opportunités se trouvent dans le secteur de l’énergie

O’Hara : «L’Europe compte de nombreuses multinationales opérant à l’échelle mondiale qui gagnent leur argent dans le monde entier depuis des décennies et traitent avec toutes les devises imaginables. Le secteur de l’énergie est particulièrement attractif en ce moment.

M. O’Hara n’est pas convaincu par l’argument selon lequel toute récession réduira la demande d’énergie. Le secteur de l’énergie a été sanctionné par la montée en puissance de l’ESG, mais nous oublions parfois que ces entreprises sont essentielles à la réussite de la transition énergétique. En outre, les sociétés pétrolières et gazières sont bien placées pour absorber l’inflation pour les clients et protéger le portefeuille», déclare O’Hara.  

Malgré les récentes hausses du cours des actions, les entreprises du secteur de l’énergie sont toujours valorisées de manière attrayante, selon O’Hara. Il cite Shell en exemple : «L’action est bon marché, elle verse de nombreux dividendes et elle est connue pour ses rachats. Même si le prix du pétrole devait baisser, le prix payé actuellement pour l’action est justifié. Seule une récession extrêmement profonde pourrait changer cela», déclare M. O’Hara.

Détail remarquable, les actions européennes sont la seule région du monde à afficher un rendement positif depuis le jour où la Russie a envahi l’Ukraine. L’indice Stoxx 600 a augmenté de 2 %. Depuis, le MSCI AC World a perdu 5 % et le S&P 500 a rapporté 3 %.

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Les actions européennes ont encore progressé cette semaine après les bons résultats obtenus par un certain nombre d’entreprises. Les investisseurs ont été encouragés par des signes montrant que les bénéfices des entreprises faisaient face à une inflation galopante et à un ralentissement de la croissance.

La BCE

La situation des marchés boursiers européens au second semestre 2022 dépendra fortement de la politique de la BCE. L’ère des taux d’intérêt négatifs semble toucher à sa fin. Cette hausse des taux d’intérêt aura lieu dans le contexte d’un ralentissement de l’économie européenne, «et ne sera certainement pas accompagnée d’un sourire de fête», déclare M. Shah.

La BCE se resserre, car elle est confrontée à un choc de stagflation potentiellement grave qui échappe presque entièrement à son contrôle, tout en faisant face à une crise politique italienne qui pourrait être décrite comme un risque pays sérieux. De toutes les banques centrales des marchés développés, aucune n’est, à mon avis, dans une position plus défavorable que la BCE».

De plus, les gouvernements des États membres de la zone euro ont atteint les limites de leur capacité à atténuer l’impact du choc inflationniste, alors qu’ils ne peuvent pas non plus échapper à des mesures de relance supplémentaires. La BCE, cependant, ne semble guère disposée à mettre de côté son objectif anti-inflation. C’est ce qu’écrit Gilles Moëc, chef économiste du Groupe AXA, dans son Macrocast hebdomadaire.

Malgré la croissance plus forte que prévu du PIB de la zone euro au cours du dernier trimestre, M. Moëc s’attend à ce qu’une contraction soit inévitable au cours de la période à venir. L’ampleur de cette contraction, a-t-il dit, dépend de la quantité de gaz que la Russie est prête à livrer à l’Union européenne.

M. Moëc pense que la politique de la BCE est cruciale maintenant qu’une récession est envisageable, notamment en raison du rationnement de l’approvisionnement en gaz. Pour l’instant, il semble que la BCE va poursuivre sur la voie qu’elle a choisie, à savoir augmenter encore les taux d’intérêt. Il faudra peut-être un certain temps pour que la rhétorique des faucons s’apaise, mais le marché est impatient».

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