La meilleure solution pour une meilleure collaboration au sein de l’Europe est l’abolition de l’euro. C’est maintenant le meilleur moment pour le faire. Le démantèlement d’une union monétaire est par définition chaotique. Utiliser à cette fin une année de toute façon déjà perdue est donc une bonne chose.
Le statu quo actuel concernant les confinements correspond parfaitement aux semaines de jours fériés bancaires nécessaires pour permettre le passage aux monnaies individuelles. La nationalisation des banques européennes est de toute façon déjà à l’ordre du jour.
L’Union européenne ne survivra pas à la fin de l’euro. Il faut dire que la nation européenne n’existe pas. Une nation est définie dans une large mesure par son propre territoire, ses propres lois, son propre budget et sa propre monnaie. En Europe, de nombreuses frontières intérieures sont actuellement fermées, chacun fait ses propres lois pour lutter contre la crise et les mesures sont payées par les budgets nationaux. Seul l’euro, tel une étrange anomalie, fait obstacle au soutien des personnes touchées. La force de l’Europe réside dans la pluriformité, et non dans l’uniformité comme aux États-Unis et en Chine. La germanification de l’Europe a échoué.
L’union de transfert n’aura pas lieu
Les Italiens ne veulent pas d’argent du mécanisme européen de stabilité (MES), mais des eurobonds. Le MES est lié à des obligations de réforme. Les eurobonds ne présentent pas cette caractéristique, mais requièrent une majorité des deux tiers au Bundestag. Il n’y aura donc pas d’union de transfert. Patauger n’est plus une alternative. En guise d’alternative aux eurobonds, les Italiens citent un plan Marshall européen. Ce faisant, les Italiens témoignent de peu de conscience historique, car ce plan était assorti d’autant d’obligations que le MES.
L’argent gratuit n’existe pas, même si la BCE semble aller dans cette direction avec son financement monétaire. La dette nationale italienne est en grande partie entre les mains des Italiens. Le programme de rachat de la BCE est également mis en œuvre par les banques centrales locales, en l’occurrence la Banca d’Italia. La restructuration de la dette ne résout donc rien.
De l’argent, mais pas de changement
Les Italiens veulent de l’argent, mais pas de changement. À cet égard, bien que la situation économique semble désespérée, elle n’est pas grave. L’argent n’est pas le problème. Les Italiens comptent parmi les personnes les plus riches d’Europe. Le patrimoine privé net représente plus de 7 fois le PIB italien, ce qui est énorme par rapport à la dette publique de 1,3 fois le PIB. Combiné, ce patrimoine représente donc près de 6 fois le PIB.
En Allemagne, le patrimoine privé net n’est que de 4 fois le PIB, et la dette publique de 0,6 fois le PIB, soit au bout du compte moins de 3,5 fois le PIB. L’importante économie souterraine en Italie n’est pas incluse dans ces chiffres. Les Italiens entreposent également beaucoup d’argent en dehors de l’Italie. Ils voient déjà la tempête qui se prépare. En 1992, le gouvernement italien a introduit une taxe unique de 0,6 % sur les dépôts bancaires, qui est toujours très présente dans l’esprit des Italiens. Une taxe unique sur le capital en dehors de l’Italie est envisageable. Les Suisses sont de toute façon déjà entourés par l’Union européenne et sont prêts à collaborer.
Plus forte sans l’Italie
L’euro a finalement empêché pendant vingt ans l’Italie de connaître une croissance économique nette. La promesse européenne n’a pas été tenue pour les Italiens. Par ailleurs, deux tiers des Italiens estiment qu’il est désavantageux de faire partie de l’Union européenne. Si des élections devaient avoir lieu maintenant, une majorité de droite voudrait quitter l’Union.
Abolir l’euro et créer en même temps une union douanière forte est la meilleure solution pour l’Italie, et permettrait également aux Britanniques, aux Suisses et aux Norvégiens de monter à bord. Ce qui rendrait l’Europe plus forte, et non plus faible.
Han Dieperink est investisseur et consultant indépendant. Plus tôt dans sa carrière, il a été chief investment officer chez Rabobank et Schretlen & Co. Il fera quotidiennement part de son analyse et ses commentaires sur la crise du coronavirus à Investment Officer durant la période à venir.