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Les grandes sociétés de fonds européennes se voient contraintes de s’adapter à la montée en puissance de l’investissement passif. Des acteurs majeurs tels qu’Allianz, Amundi et BNP Paribas ont enregistré une forte progression de leurs actifs sous gestion passive au cours du premier semestre 2024, tandis que d’autres, à l’instar de DWS, ont subi d’importantes sorties de capitaux dans leurs stratégies actives traditionnelles. Morningstar exprime son inquiétude face à la focalisation croissante sur les produits alternatifs privés à forte marge.

Les chiffres du premier semestre 2024 illustrent les défis auxquels est confronté le secteur européen de la gestion d’actifs. Les entreprises doivent se maintenir sur un marché instable, marqué par des changements de stratégie des investisseurs et un durcissement de la réglementation. Bien que certaines sociétés de fonds aient su capitaliser sur l’essor de l’investissement passif, les acteurs axés sur la gestion active restent en proie à des résultats décevants ainsi qu’à une demande en baisse pour leurs services.

« La transition vers l’investissement passif contraint les sociétés de fonds à se réinventer », déclare Mara Dobrescu, responsable de l’analyse des titres à revenu fixe chez Morningstar. Elle souligne que les gestionnaires d’actifs sont confrontés non seulement à des tendances conjoncturelles, mais aussi à des transformations structurelles du marché, telles que l’essor de l’investissement passif et la demande croissante pour les fonds ESG.

Collectes et décollectes

La comparaison des résultats semestriels publiés par les gestionnaires d’actifs et les sociétés d’investissement le mois dernier illustre clairement cette tendance.

Allianz Global Investors a enregistré de bons résultats, rapportant 2309 milliards d’euros d’actifs sous gestion au 30 juin 2024 grâce à une entrée nette de 48,4 milliards d’euros au cours du premier semestre. Amundi, le plus grand gestionnaire d’actifs d’Europe, a également enregistré une importante collecte de 15 milliards d’euros, portant ses actifs sous gestion à un niveau record de 2156 milliards d’euros.
BNP Paribas a également enregistré une collecte notable de 42,1 milliards d’euros. À l’inverse, DWS, qui a subi une décollecte de 18,7 milliards d’euros, a principalement souffert de pertes sur des produits à faible marge. Cependant, sa branche passive, Xtrackers, a enregistré une collecte nette de 8,5 milliards d’euros.

La société britannique Schroders a présenté des résultats contrastés. Elle a rapporté une collecte nette de 3,9 milliards de livres, mais cette performance a été contrebalancée par une sortie de 6,2 milliards de livres chez Scottish Widows, du fait de la vente d’un portefeuille de contrats de rentes. Malgré cela, Schroders a réussi à atténuer ses pertes grâce à des joint-ventures ainsi qu’à la croissance de ses services d’investissement privé.

En Suisse, le groupe Pictet a annoncé des résultats stables, malgré une baisse de 12 % de son bénéfice consolidé. La hausse des coûts et la baisse des revenus opérationnels ont pesé sur les résultats, mais l’entreprise a pu garder le cap grâce à une hausse de 10 % de ses actifs sous gestion, atteignant ainsi 694 milliards de francs suisses.
Les dix plus grands gestionnaires d’actifs européens géraient conjointement environ 10 880 milliards d’euros au 30 juin 2024.

BlackRock maintient sa domination, mais non sans difficultés

BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a su conserver sa position dominante sur le marché, avec 10 600 milliards de dollars d’actifs sous gestion et une collecte nette de 139 milliards de dollars. Le succès de BlackRock repose principalement par son bon positionnement au niveau des ETF iShares, des titres à revenu fixe et des marchés privés.

Cependant, même un géant comme BlackRock n’est pas à l’abri des difficultés. Le fonds BGF Euro Short Duration Bond a perdu 2 milliards d’euros d’actifs en raison du départ d’un excellent gestionnaire de portefeuille et d’un désengagement sur les produits à court terme.

Investissements alternatifs

De plus en plus d’entreprises, telles que DWS, Schroders, UBS Asset Management et HSBC, se tournent vers les investissements alternatifs, comme le capital-investissement et les infrastructures, sur les marchés privés où les marges sont plus élevées. Ces actifs non traditionnels restent prisés par les investisseurs en quête de rendements plus élevés dans un contexte de faibles taux d’intérêt.

Mara Dobrescu met cependant en garde contre les risques associés à cette tendance. « Bien qu’une plus grande accessibilité des marchés privés aux investisseurs particuliers présente des opportunités évidentes, nous voyons également des risques potentiels se profiler, avertit-elle. Les sociétés pourraient payer trop cher pour des petits acteurs spécialisés, recruter des équipes ne disposant pas de l’expérience requise ou lancer des produits sans une gestion adéquate des risques. De plus, certaines sociétés pourraient être tentées d’augmenter leurs frais de gestion afin de compenser des revenus décevants dans d’autres secteurs. »

Encours des principaux gestionnaires européens

en milliards d’euros, au 30 juin 2024

Source : Investment Officer, sur la base des rapports semestriels.

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