
Luc Aben est économiste en chef de Van Lanschot Kempen, une institution où il travaille depuis 27 ans. Il a connu de nombreuses crises, mais estime que ce qui se passe actuellement aux États-Unis est sans précédent. Pourquoi aime-t-il être dans un hélicoptère ? Qu’est-ce qui rend l’arrogance dangereuse ? Et pour quelle mission peut-on l’appeler ?
Adopter une « vue d’hélicoptère », pour Luc Aben, c’est la capacité de prendre du recul sur une situation et de garder une vue d’ensemble . « Cette vue d’hélicoptère, il est particulièrement important de la garder avec tout le bruit provenant des États-Unis. En tant qu’économiste en chef, c’est mon travail », explique-t-il. « Aujourd’hui, la Bourse américaine est à peu près aux niveaux de l’été 2024. La Bourse européenne s’est arrêtée aux alentours de décembre de l’année dernière. Nous sommes revenus quelques mois en arrière. C’est un peut-être un cliché, mais il faut adopter une vision de long terme. On peut alors donner un cadre à ces mouvements et les nuancer. »
Arrogance
Pourtant, M. Aben s’étonne de la guerre des droits de douane. « On s’attend à ce que les responsables politiques d’un grand pays comme les États-Unis aient bien réfléchi et calculé les choses. Il se révèle que ce n’est pas le cas. Cela rend les déclarations sur l’avenir plus difficiles. »
« En tant qu’économiste, mais aussi en tant qu’investisseur, vous devez avant tout savoir ce que vous ne savez pas. C’est-à-dire presque tout », déclare M. Aben. « L’avenir est par définition imprévisible. Il est donc important de travailler avec les différents scénarios possibles et, surtout, de faire preuve d’humilité. Malheureusement, je constate encore beaucoup d’arrogance dans le monde de la finance, de la part de gens qui annoncent avec beaucoup de confiance ce qui se passera à l’avenir. Ceux qui sont trop arrogants ne regardent que dans une seule direction, au détriment de la diversification. Par arrogance, les portefeuilles d’investissement perdent leur protection. »
Esprit d’entreprise
M. Aben a commencé sa carrière dans la grande banque BBL, mais il a vite remarqué que ce n’était pas son environnement. « Je manquais d’espace, c’était trop bureaucratique pour moi ». Il a ensuite travaillé à la Banque J. Van Breda & Co en tant que gestionnaire de portefeuille. « Il y avait plus de place pour l’esprit d’entreprise. Je constatais plus rapidement que les actions faisaient vraiment la différence. »
Il a ensuite opté pour un nouveau défi en tant qu’analyste actions chez Puilaetco. En tant que gestionnaire de portefeuille, il recevait des rapports d’analystes, mais il voulait être en mesure de rédiger lui-même ce type de rapports. Il s’est finalement retrouvé chez Van Lanschot Kempen. « Ce n’est pas comme si j’étais assis dans le même fauteuil depuis 27 ans. Il y a de la flexibilité au sein de l’organisation, de la place pour l’esprit d’entreprise et en même temps un cadre fixe. Cela me convient. »
Poste de rêve
Si jamais il s’engageait dans une direction complètement différente, ce serait la politique. « La politique m’a toujours attiré et des ouvertures concrètes se sont déjà présentées. Le fait que je n’ai pas encore franchi le pas est dû à la naïveté de jeunesse que j’ai encore. Beaucoup de gens en reviennent déçus, car il est difficile d’imposer certains changements. Néanmoins, j’y réfléchirais à nouveau sérieusement si l’occasion se présentait. »
Agacement
L’un de ses sujets d’agacement est la manière dont les placements sont abordés dans notre société. « Je préfère utiliser le terme d’investissement. L’investissement stimule la croissance et l’innovation, grâce à la créativité humaine et à la volonté de trouver des solutions. Cette créativité et cet esprit d’entreprise doivent être financés. C’est le rôle des investisseurs. C’est de cela qu’il s’agit, et non des titres qui prendront de la valeur ou en perdront demain. »
Écoutez l’intégralité du podcast Le Miroir avec Luc Aben et découvrez :
- Comment il gère la pression pour toujours faire des analyses correctes
- La dernière fois qu’il a mal évalué l’environnement économique
- Pourquoi il déconseille à quiconque de commencer à jouer au golf
- Pourquoi il s’excuse auprès de ses amis
- Quel rêve personnel il veut encore réaliser
Le Miroir (uniquement disponible en néerlandais sous le nom De Spiegel) est un podcast produit par Investment Officer Belgique. Vous pouvez écouter les épisodes antérieurs sur la page dédiée.