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Dans un contexte toujours troublé, la catégorie souffre de la tendance globalement baissière des marchés obligataires. 

L’indice GBI-EM Global Diversified, baromètre des obligations des marchés émergents, a poursuivi sa tendance descendante et achevé le premier trimestre 2022 en recul de 4,4 % en euros. Les obligations émergentes en devises locales ont terminé l’année 2021 dans le rouge (-1,8 % en euros et jusqu’à -8,8 % en USD). Toutefois, le premier trimestre de cette année a été meilleur que celui de l’année dernière : l’indice JPM EMBI Global Diversified, qui reflète la performance des obligations émergentes en devise forte, avait perdu 8 % sur les trois premiers mois de l’année. Cette dernière catégorie expose toutefois davantage les investisseurs au risque de crédit : or, ce dernier a fortement augmenté avec l’offensive russe en Ukraine. 

Aux inquiétudes relatives à un retard de croissance dans la sphère émergente vient s’ajouter un malaise général sur les marchés obligataires mondiaux, en raison de la hausse de l’inflation. L’indice Bloomberg Global Aggregate a ainsi perdu 4,1 % au premier trimestre, tandis que le Bloomberg Euro Aggregate Bond abandonnait même 5,4 %. 

Les effets de l’inflation

L’inflation n’a pas le même effet dans tous les pays : les marchés émergents sont souvent plus sensibles aux chocs inflationnistes que les économies plus développées. L’inflation prend aussi plusieurs formes. Aujourd’hui, les investisseurs s’inquiètent surtout de la hausse des cours des matières premières. Une économie émergente qui exporte des matières premières tire initialement profit de cette hausse, mais l’augmentation des revenus stimule l’inflation et alimente donc l’inflation sous-jacente (soit la hausse des prix hors énergie et denrées alimentaires). Pour un pays importateur de matières premières, la hausse des prix de ces dernières se traduit généralement par une augmentation de l’inflation à court terme, puis d’une baisse de l’activité économique, qui réduit l’inflation sous-jacente.

Les banques centrales de ces pays se voient donc rapidement contraintes de relever les taux pour brider les anticipations inflationnistes et limiter les sorties de capitaux. Les investisseurs ciblant ces pays savent que dans un tel scénario, détenir des devises locales entraîne une perte de pouvoir d’achat. Souvent, cette hémorragie n’est endiguée que lorsque les taux sont suffisamment élevés pour compenser les dévalorisations de la monnaie pour les investisseurs.

Disparité géographique

Les opérateurs se demandent quand l’inflation atteindra son sommet et dans quelle mesure les banques centrales ont déjà normalisé leur politique monétaire. Comme toujours, la situation diffère selon les pays, car chaque nation est confrontée à ses propres défis et opportunités et toutes n’ont pas amorcé le cycle de resserrement au même moment. 

Au premier abord, il semble que les investisseurs ciblant les marchés émergents privilégieront l’Amérique latine ces prochains mois, en raison des tensions en Europe de l’Est et de la politique peu orthodoxe en Turquie. Certains investisseurs estiment ainsi que le Brésil arrive à la fin du cycle de relèvement des taux et qu’un nouveau durcissement de la politique monétaire pourrait entraîner une récession. 

En revanche, l’inflation semble augmenter bien moins rapidement en Asie, notamment parce que le prix du riz a moins augmenté que celui du blé. Les banques centrales asiatiques n’ont pour la plupart pas modifié leur politique de taux ces derniers temps. 

Critères ESG

Si les facteurs macroéconomiques jouent incontestablement un rôle prépondérant dans l’évolution de la catégorie d’actifs, les investisseurs doivent évaluer soigneusement les éléments déjà inclus dans les cours.

Les marchés émergents pourraient aussi subir d’autres vents contraires. En effet, les investisseurs mettent aujourd’hui davantage l’accent sur le respect de certains objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance. Si la priorité ces dernières années, avait surtout été donnée au climat, l’invasion russe en Ukraine a amené un nombre croissant d’investisseurs à se demander s’il est pertinent d’investir dans des régimes autoritaires (sans qu’une définition claire n’émerge nécessairement de ce concept). Si ces considérations gagnent du terrain, la liste des marchés dignes d’investissement pourrait soudain nettement se réduire. 

Le top 5

Pour le top 5 de cette semaine, nous passons en revue les fonds investissant dans des obligations des marchés émergents en devise locale (pour lesquels une classe de parts sans frais de distribution est disponible en Belgique) et identifions les meilleures performances sur les trois premiers mois de 2022.

La première place revient au fonds Man GLG Global Emerging Markets Local Currency Rates, géré depuis son lancement, en juin 2016, par Guillermo Osses, Jose Wynne et Ehsan Bashi. Guillermo Osses est responsable des stratégies relatives à la dette émergente chez Man GLG ; il a auparavant travaillé chez HSBC Asset Management, PIMCO ou encore Deutsche Bank. Fin mars 2022, le fonds surpondérait les titres de dette à échéance longue (sept ans ou plus) et le portefeuille était composé à plus de 30 % d’obligations avec une échéance de moins d’un an. La faible duration a contribué à la surperformance du trimestre écoulé. Les dix principales positions représentent plus de 65 % du portefeuille total et sont composées d’obligations de divers pays émergents, tels que le Mexique (12,6 %), la République tchèque (11,8 %) et l’Indonésie (8,7 %). 

Le classement inclut aussi le fonds Templeton Emerging Markets Bond, piloté par Michael Hasenstab, CIO de Templeton Global Macro, et donc, à ce titre, responsable notamment des analyses pays, depuis juin 2002, ainsi que par Calvin Ho. Les deux gérants peuvent s’appuyer sur cinq analystes expérimentés. Morningstar exprime toutefois quelques doutes sur le processus d’investissement ; ce dernier se base sur une analyse minutieuse, mais les fortes convictions de Michael Hasenstab et son style d’investissement à contre-courant sont moins efficaces lorsqu’ils sont appliqués à un univers de placement plus réduit tel que la dette émergente. Le fonds a reçu une notation Neutral de la part des analystes de Morningstar. 

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