Manraj Sekhon, CIO EM, Franklin Templeton
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L’époque où les matières premières étaient les principaux moteurs de la croissance des marchés émergents est révolue. Tel est ce qu’affirme Manraj Sekhon, CIO Emerging Markets Equity de Franklin Templeton et successeur du gourou de l’investissement Mark Mobius. « Sur les marchés émergents, la révolution technologique a éclaté. »

Soutenus par la technologie et la hausse de la consommation, les marchés émergents ont également révolutionné la nouvelle économie, déclare Sekhon. Et ces changements structurels offrent aux investisseurs beaucoup plus d’opportunités que les industries traditionnelles liées aux matières premières. 

Déplacement vers la technologie

Bien que les matières premières et les exportations restent des moteurs importants, les développements technologiques offrent de belles opportunités d’investissement dans un large éventail d’entreprises, estime Sekhon. « Les marchés émergents n’ont pas seulement embrassé le progrès technologique, ils sont aussi eux-mêmes des innovateurs dans de nombreux domaines, comme les technologies du commerce électronique, de la banque mobile, de la robotique et des voitures automotrices. Les sociétés Internet, les développeurs de puces et les fabricants de matériel se portent bien eux aussi. »

Selon M. Sekhon, l’évolution de l’indice MSCI Emerging Markets illustre cette tendance. Fin 2017, les secteurs de l’énergie et des matériaux représentaient moins de 15 % de l’indice, soit une baisse de près de 38 % par rapport à 2008. Alors qu’avec une pondération sectorielle de 28 %, le secteur technologique ne cesse de gagner en importance. Sekhon : « Il y a dix ans, ce chiffre était encore 11 % : un déplacement clair. »

Selon les analyses de Sekhon, la prospérité continuera également à augmenter et poussera la demande de services, biens de consommation et produits de luxe à la hausse. « Lorsque les consommateurs sont capables de satisfaire leurs besoins fondamentaux, leur ambition est irrévocablement d’en vouloir davantage. Les produits haut de gamme, tels que les voitures de luxe, le divertissement, les soins de santé et la gestion de patrimoine, bénéficieront bien évidemment de cette tendance à la ‘prémiumisation’. 

Secteur financier en plein essor

Et contrairement aux pays développés où, en raison des faibles taux d’intérêt et de la pression croissante de la réglementation, les banques sont sous pression pour gagner de l’argent, Sekhon estime que le secteur financier des EM est beaucoup plus solide. « Le secteur financier reste un domaine intéressant à surveiller. Grâce à l’amélioration des conditions macroéconomiques, ils ont le vent en poupe. »

Selon Sekhon, l’Asie continue de surperformer les autres pays émergents en raison de la croissance structurelle du secteur technologique et des réformes économiques en Chine et en Inde. Même s’il y a une guerre commerciale avec les États-Unis : « Les tensions commerciales peuvent avoir un effet à court terme, mais il ne faut pas sous-estimer l’ampleur et la force des flux commerciaux internationaux. Au contraire, de courtes périodes de volatilité des marchés offrent justement de bonnes opportunités d’investissement. »

En Amérique latine également, même s’il est plus prudent, le CIO considère que la reprise cyclique et le redressement des prix des matières premières offrent de belles opportunités. « Nous sommes positifs, mais restons vigilants face aux incertitudes politiques potentielles concernant les élections présidentielles au Brésil et au Mexique. »

PME sous-évaluées

Pour les stock pickers, cette période passionnante offre donc une excellente occasion d’élaborer un beau portefeuille de placement diversifié sans trop de risques, estime le CIO. Cependant, la ‘recherche sur le terrain’ reste vitale à ses yeux. Les analystes qui comprennent les coutumes locales et sont capables d’évaluer correctement les économies régionales et les situations politiques génèrent un avantage significatif en matière d’information. Parmi les petites et moyennes entreprises, on trouve notamment d’innombrables joyaux qui reçoivent peu d’attention du marché. Avec un peu de temps et d’attention, les possibilités sont ici légion. »

Sekhon ne prend pas part au débat ‘valeur contre croissance’ qui vient à nouveau de faire rage. Une transition en faveur des actions de valeur serait imminente. Les investisseurs plaident en faveur d’une approche holistique de la valeur et estiment que les facteurs ESG jouent un rôle important à cet égard. 

« L’art consiste à sélectionner des entreprises ayant une rentabilité durable et des valorisations raisonnables. En outre, la plupart des marchés émergents aspirent à de meilleures normes environnementales et de gouvernance d’entreprise, ce qui se traduit par une réglementation plus stricte. Les entreprises qui appliquent déjà des critères ESG stricts sont donc mieux préparées pour l’avenir. »

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