Eric Mijot, Head of Equity Strategy chez Amundi souligne que les marchés émergents (et surtout l’Asie) constitueront la zone à privilégier, avec un différentiel de croissance appelé à augmenter par rapport aux pays développés.
A ce stade du cycle, se diversifier reste une priorité, mais les actions pourraient encore tirer leur épingle du jeu dans un contexte global qui devrait se stabiliser dans le courant de 2019.
« Notre scénario central se base sur une stabilisation de la croissance globale autour de 3,5%, l’amélioration dans les pays émergents devant permettre de compenser un ralentissement aux Etats-Unis causé par un effet retardé du dollar fort et par un moindre impact des mesures fiscales du plan Trump », souligne Eric Mijot, Head of Equity Strategy chez Amundi, dans un entretien avec Investment Officer.
Dans ce dernier pays, l’activité économique devrait tomber de 2,9% en 2018 vers 1,8% en 2020, et l’absence d’inflation rend aujourd’hui « moins probable une nouvelle hausse du taux directeur de la Fed durant ce cycle ».
Reprise européenne
En Europe, il estime au contraire que l’impact combiné de la baisse des prix pétroliers, d’une politique fiscale plus ambitieuse, et d’une accélération de la croissance dans les pays émergents ; devrait permettre à la croissance de se redresser vers 1,5% dans le courant de l’année, « soit un niveau plus rapide que le potentiel de la région ».
Enfin, la Chine s’est embarquée dans un plan de relance massif (chiffré à environ 5% du PIB) avec une politique monétaire plus accommodante, qui devrait permettre de stabiliser la croissance au-dessus de 6%. « L’Inde reste très dynamique, avec un poids qui augmente constamment dans la croissance globale ».
Mijot met toutefois en évidence de nombreux risques, qui pourraient faire basculer ce scénario favorable vers un ralentissement global, voire une récession aux Etats-Unis. « Les principaux points d’interrogation concernent la politique américaine (monétaire et commerciale), et la réussite du plan de relance en Chine », indique encore Mijot. « A l’inverse, les risques en Europe nous semblent aujourd’hui plus limités ».
Prudence à court terme
A court terme, il estime donc que ces éléments risquent de décourager la prise de risque sur les marchés financiers après le récent rebond des marchés actions, mais que la situation pourrait devenir plus favorable au second semestre. « Dans l’intervalle, les attentes bénéficiaires devraient poursuivre leur ajustement à la baisse, et les marchés pourraient reprendre leur souffle ». A court terme, il conseille donc de rester diversifié sur les marchés boursiers, et préférer les sociétés de qualité et celles qui distribuent un dividende soutenable, notamment dans des secteurs liés à la consommation.
« Si la croissance se maintient, le redémarrage boursier profitera dans un premier temps surtout aux pays émergents, avec une préférence pour l’Asie où de nombreux pays (Inde, Indonésie) ont une croissance domestique suffisamment forte pour être moins sensibles au ralentissement du commerce international ». Il souligne également que la Chine est nettement moins vulnérable que ne l’étaient les pays d’Asie du Sud-Est lors de la crise de 1997, avec un endettement qui est surtout détenu localement. « La stabilisation des devises des pays émergents constitue un autre facteur encourageant ».
Dette américaine
Au niveau du marché obligataire, il souligne que l’élargissement des spreads en 2018 a rendu la dette d’entreprise plus attractive, mais que la liquidité, plus faible sur ces marchés, le pousse à préférer s’exposer sur les marchés boursiers. « Sur le marché de la dette, nous préférons les emprunts d’Etat américain, qui constituent une protection intéressante, et procurent une exposition au dollar US, là aussi dans un but de protection ». «