En 2019, pour la deuxième année consécutive, les banques privées européennes ont vu leurs bénéfices chuter, malgré une année boursière solide. D’après une étude conduite par McKinsey, la rentabilité souffre d’une combinaison de hausse des coûts et de clientèle qui ne se développe pas assez.
Selon la société de consultance en management, une étude révèle que les banques privées en Europe ont été confrontées à une faible hausse bénéficiaire, à l’insatisfaction croissante des clients et à d’importants problèmes opérationnels dus au télétravail.
McKinsey constate qu’un client sur cinq des banques privées européennes a transféré son patrimoine chez un autre fournisseur cette année, tandis qu’un client sur trois a fait part à sa banque de son insatisfaction quant aux services.
D’après l’étude, les bénéfices de 102 banques privées d’Europe occidentale sondées ont été ramenés à
13,3 milliards d’euros en 2019, soit une baisse de 1,5 %. Par rapport à l’année record 2017, où un bénéfice sans précédent de 14,7 milliards d’euros avant été enregistré, il s’agit d’une diminution de 10 %.
Des coûts en hausse
Sid Azad, partenaire de McKinsey, a déclaré au Financial Times que les banques privées peuvent ressortir plus fortes de cette crise, à condition de revoir leur modèle de clientèle et de rentabilité. Pour l’instant, 22 % des hubs opérationnels des banques, communément appelés booking centers, sont déficitaires. En cause : l’augmentation des coûts.
Selon Sid Azad, les coûts des banques privées sont deux fois plus élevés que leurs revenus depuis 2007. Le ratio moyen cost-to-income a ainsi augmenté de 71 % en 2019 : du jamais vu. McKinsey explique ce phénomène par les progrès insuffisants des banques en matière de réduction des coûts. En 2019, le pourcentage de bénéfices générés par le patrimoine sous gestion a atteint le niveau le plus bas en l’espace de 12 ans.
La rentabilité souffre d’une combinaison de facteurs défavorables. Si durant le deuxième trimestre 2020, les clients nantis ont été plus actifs en bourse, ils ont en revanche transféré environ 3 % de leur patrimoine investi dans des actions en liquidités, ce qui n’est pas favorable pour les banques privées. Dans le même temps, la pression est de plus en plus soutenue sur les commissions de conseil et discrétionnaires.
Le Global Financial Centers Index estime à 129 le nombre de banques privées établies au Luxembourg en 2018, dont seulement 8 provenant du Grand-duché même. Le patrimoine sous gestion de ces banques a augmenté de 76 % depuis 2008, passant à 395 milliards d’euros.