Christian Roth
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Depuis la crise, la dette émise par les entreprises notées BBB a fortement augmenté à l’échelle mondiale.
La politique monétaire accommodante et la quête de rendement ont rendu cette catégorie
d’investissement populaire. Mais les notations pourraient être revues à la baisse.

Depuis la crise de 2008 – 2009, l’endettement des entreprises notées BBB a explosé, passant de
1000 milliards début 2009 à 5000 milliards de dollars aujourd’hui. Cette croissance a été stimulée par la
politique d’assouplissement monétaire mené par les banques centrales, qui a fait plonger les taux à un
plancher historique : de nombreuses entreprises ont profité de ce contexte favorable pour emprunter
davantage. Avec les fonds ainsi obtenus, elles ont pu racheter leurs propres actions ou verser des
dividendes supérieurs, pour le plus grand bonheur des actionnaires, ou encore financer de nouvelles
acquisitions.

Mais l’actualité, commerciale notamment, pourrait bien brider la croissance de ces entreprises.
L’inflation importée, qu’elle résulte ou non directement de la guerre commerciale mondiale, a ces
derniers mois pesé sur la rentabilité des entreprises.

Si les relations commerciales mondiales continuent ainsi à se dégrader, les marges bénéficiaires vont
encore diminuer. Les entreprises jouant fortement sur l’effet de levier seront alors pénalisées. Les
agences de notation telles que Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch seront alors contraintes de dégrader
la notation des entreprises très endettées et ayant peu de fonds propres, car la charge de la dette sera
de plus en plus lourde à assumer pour ces dernières du fait de la hausse des coûts et de la baisse du
chiffre d’affaires.

Or, avec la dégradation de cette note de crédit, les obligations d’entreprises notées BBB seront
dégradées au statut spéculatif, un segment que l’on appelle aussi le « haut rendement ». Et comme la
dette des entreprises notées BBB a connu une croissance plus rapide, depuis la crise, que celle des
obligations à haut rendement, cet afflux de titres dans la catégorie spéculative perturbera le marché
primaire (nouvelles émissions), mais aussi le marché secondaire (emprunts en circulation).

La différence de rythme de croissance entre la dette des entreprises notées BBB et celle du segment à
haut rendement s’explique par la quête de rendement dans laquelle se sont lancés les investisseurs.
Ainsi, les emprunts d’Etat allemands affichent un rendement négatif sur les échéances de 1 à 7 ans –
aucun rendement à y trouver, donc, à l’inverse des obligations d’entreprises notées BBB, qui attirent les
investisseurs institutionnels, principaux moteurs de la croissance de la catégorie.

Nous consacrons le Top 5 de cette semaine aux obligations d’entreprises internationales. Les émissions
de ces emprunts cotés émanent pour 50 % environ d’Amérique, 30 % d’Europe, 10 % du Royaume-Uni
et une minorité des marchés émergents.

Dans le Top 5 des fonds d’investissement dans la catégorie Obligations EUR Emprunts Privés de
Morningstar, et sur la base du rendement de 2018, les deux fonds suivants se distinguent :

MS INVF Global Credit

MS caracole en tête. Le fonds est géré depuis 2002 par Christian Roth, qui s’appuie depuis 2012 sur les
compétences de deux autres gérants de portefeuille : Richard Ford, responsable du revenu fixe
européen, et Joseph Mehlman, responsable du revenu fixe américain. 

Ce fonds cible les obligations d’entreprises investment grade internationales, et a pour indice de
référence le Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporate Bond. L’équipe adopte une méthode
structurée et combine approche top-down et sélection individuelle des titres. Le choix des émetteurs et
des instruments joue un rôle important dans le processus d’investissement, puisque 80 % du budget de
risque est alloué à la sélection bottom-up ; les 20 % restants sont consacrés à l’approche top-down.

Pimco GIS Global Investment Grd Credit

Ce fonds classé Silver par les analystes de Morningstar est géré depuis plus de 15 ans par Mark Kiesel. Il
cible lui aussi les obligations d’entreprises investment grade internationales et a pour indice de
référence le Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporate Bond. Il détient aussi quelques petites
participations dans des entreprises non reprises dans l’indice, et notamment des obligations
d’entreprises à haut rendement, des emprunts souverains ou des obligations titrisées. 

En sa qualité de membre du comité d’investissement de Pimco, Mark Kiesel aide à formuler les thèmes top-down mis en œuvre pour le positionnement de taux et pour déterminer la répartition sectorielle du fonds. Les spécialistes des entreprises de Pimco écument ensuite l’univers de placement à la recherche d’idées bottom-up.

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