Caïro
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L’année 2024 a été décevante pour la dette des marchés émergents en devise locale. Le quatrième trimestre a été particulièrement difficile. Au cours de cette période, le dollar américain s’est apprécié par rapport aux autres devises et la volatilité accrue des taux d’intérêt a bridé les performances. 

Le Brésil, poids lourd de l’indice, a été l’un des marchés les moins performants au quatrième trimestre. Le réal brésilien s’est affaibli par rapport au dollar et les prix des obligations ont chuté après deux relèvements des taux d’intérêt, destinés à freiner l’inflation. Sur l’ensemble de l’année, l’indice JPM GBI-EM Global Diversified a affiché un rendement de seulement 4,1 %. Cela a entraîné une décollecte totale de 4,8 milliards pour 2024 dans la catégorie Morningstar des obligations des marchés émergents en devise locale.

La part de l’Inde dans l’indice JPM GBI-EM Global Diversified s’élevait à 7 % à la fin de l’année. À partir du mois de juin, la pondération a été relevée d’un point de pourcentage chaque mois, ce qui signifie qu’elle atteindra la pondération maximale autorisée de 10 % d’ici avril 2025. La part du sous-continent se rapproche ainsi de celle de la Chine, de l’Indonésie et du Mexique. Pour faire de la place à l’Inde, d’autres marchés verront leur poids de référence diminuer ; la Thaïlande, l’Afrique du Sud et la Pologne sont les pays les plus touchés.

Capital Group Emerging Markets Local Currency Debt et Colchester Local Markets Bond sont deux stratégies de la catégorie Morningstar des obligations des marchés émergents en devise locale suivies par les analystes de Morningstar. Bien que les deux stratégies soient notées Above Average par Morningstar pour les piliers Peopleet Process, elles se distinguent par une offre unique pour les investisseurs.

People

Capital Group Emerging Markets Local Currency Debt applique une approche multigestionnaire unique à sa stratégie. Le portefeuille est divisé en trois poches à peu près égales, gérées de manière indépendante par deux investisseurs expérimentés, Kirstie Spence et Luis de Oliveira, ainsi qu’une équipe d’analystes pour la troisième poche. Les investisseurs bénéficient donc d’un style distinct dans chaque partie : Kirstie Spence met l’accent sur les valorisations fondamentales tandis que Luis De Oliveira se concentre sur les titres délaissés, mais à la valorisation attrayante. La poche gérée par les analystes reflète les fortes convictions de cette équipe.

En revanche, les décisions d’investissement et le positionnement de la stratégie Colchester Local Markets Bond sont guidés par le comité d’investissement, qui se compose de tous les traders, analystes et gestionnaires de portefeuille de la société, y compris Ian Sims et Keith Lloyd, anciens de la maison.

Les deux équipes bénéficient d’un groupe solide et stable d’analystes qui étayent les processus d’investissement, mais elles sont organisées différemment. L’équipe de Colchester est composée de généralistes qui couvrent à la fois les dettes de marchés émergents et de marchés développés. L’équipe de Capital Group se concentre exclusivement sur la dette des marchés émergents. Colchester a connu une rotation exceptionnellement faible au sein de son équipe d’analystes, avec seulement trois départs (dont deux à la retraite) depuis sa création en 1999. En revanche, Capital Group profite des ressources plus larges disponibles dans l’ensemble de la société.

Process

Les deux équipes s’appuient sur des analyses macroéconomiques et ascendantes pour définir leur vision de l’investissement et construire leurs portefeuilles. Colchester se concentre spécifiquement sur la détermination des valorisations réelles corrigées de l’inflation pour l’exposition aux taux et aux devises. Sur la base de cette analyse, l’équipe investit dans les opportunités les plus intéressantes. Le portefeuille final reflète les convictions prioritaires du comité d’investissement.

Capital Group adopte une approche similaire en combinant les recommandations ascendantes de son équipe d’analystes avec les informations descendantes de ses macro-stratèges. La recherche ascendante se concentre sur la valeur relative de la dette au sein des pays et entre eux. Au sein de chaque poche du portefeuille, la direction dispose d’un certain pouvoir discrétionnaire sur l’utilisation du budget de risque, ce qui permet d’adopter une approche plus personnalisée qui reflète le style spécifique de chaque poche. Cette flexibilité permet d’accéder à un plus large éventail de sources de rendement au sein du portefeuille.

Portefeuille

Colchester se concentre exclusivement sur les devises des marchés émergents et la dette en monnaie locale, en mettant l’accent sur les émetteurs souverains et quasi-souverains. En revanche, Capital Group offre plus de flexibilité et peut investir jusqu’à 10 % du portefeuille dans la dette en devises fortes des marchés émergents et jusqu’à 5 % dans des obligations d’entreprises. Cette approche garantit une plus grande diversification des sources de revenus.

Alors que Capital Group limite l’exposition de chaque pays à environ 1,5 fois la pondération de l’indice de référence, Colchester adopte souvent des positions plus concentrées, avec une exposition de 20 à 25 % à chaque pays. Par rapport à certains concurrents, cela accroît l’exposition aux risques liés à certains titres.

Les deux équipes adoptent une approche active de l’exposition aux devises. L’équipe de Capital Group a la capacité de couvrir jusqu’à 30 % de l’exposition aux devises locales des marchés émergents par rapport au dollar américain ou à d’autres monnaies des marchés développés. Cela peut se révéler particulièrement utile lorsque le dollar est vigoureux et que les marchés fluctuent. Bien que Colchester puisse également couvrir l’exposition aux devises, ses équipes opèrent sans limites strictes et se sont fixé un objectif de 150 à 450 points de base pour l’erreur de suivi.

Performance

Bien que les deux stratégies aient obtenu de bons résultats par rapport à l’indice JPM GBI-EM Global Diversified et que leur performance à long terme corrigée du risque soit similaire (5 ans et plus), leurs approches différentes conduisent à des schémas de performance différents sur le court terme. La plus forte concentration géographique de Colchester peut entraîner une volatilité à court terme plus élevée et une sous-performance par rapport à l’indice de référence et aux concurrents.

Capital Group, en revanche, adopte une approche plus diversifiée, avec une concentration pays moindre et une répartition plus large au sein de son portefeuille. Cela permet d’atténuer les risques liés aux différentes positions. L’investissement opportuniste dans des obligations indexées sur l’inflation ou dans la dette publique en devises fortes a porté ses fruits pendant les périodes d’inflation et de volatilité des devises. En outre, les gestionnaires ont ajouté à leur portefeuille des pays tels que la Turquie, l’Uruguay et l’Égypte, ce qui a permis de diversifier davantage les rendements et d’atténuer les risques baissiers.

Capital vs Colchester

Elbie Louw est Senior Analyst Manager Research chez Morningstar Benelux. Membre du panel d’experts d’Investment Officer, Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives.

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