Même si les marchés ont fortement été mis à mal, les fondamentaux restent encore positifs selon Candriam. Pour la société de gestion d’actifs, les baisses sur le marché sont justement le bon moment de prendre position et elle en a profité pour légèrement augmenter sa position sur les actions.
Après les récents chiffres dans le rouge, les investisseurs de détail se montrent de plus en plus inquiets face à la résistance du marché, explique Nadège Dufossé, Head of asset allocation chez Candriam.
Tout comme la plupart des autres investisseurs professionnels, elle émet moins de doute sur les fondamentaux, « mais cela reste difficile de manœuvrer pour le moment », explique-t-elle dans un entretien avec Investment Officer.
Difficile d’anticiper
Les perturbations actuelles ne facilitent pas les choix d’investissement, estime Nadège Dufossé. « La faible liquidité et les évolutions rapides sur le marché compliquent fortement l’anticipation. Dans les circonstances de marché actuelles, miser sur une baisse est tout aussi risqué que tabler sur une hausse. Tout l’art est donc de garder la tête froide et de ne pas détourner son attention en tant qu’investissement à long-terme. »
Nadège Dufossé se dit surtout préoccupée par les risques géopolitiques. Pour elle, il est « quasiment impossible » d’estimer correctement les répercussions à long-terme de la guerre commerciale. Les baisses d’impôts de Donald Trump ont précipité l’économie américaine dans une accélération, mais il viendra un jour une fin à cela, explique-t-elle. D’après elle encore, la crise en Italie et le Brexit sont en outre les dossiers les plus sensibles pour les investisseurs.
« Tout le monde scrute aujourd’hui l’impact de la guerre commerciale sur l’économie chinoise, mais même les États-Unis ne sont pas immunisés et devront un jour en subir les conséquences. D’ici là, il faudra continuer à manœuvrer au travers des lubies de Donald Trump. La crise en Italie et le Brexit sont aussi des facteurs d’incertitude, mais dans les deux cas, je m’attends à une solution. Quant aux deals qui en découleront, l’avenir nous le dira. »
Niveau d’achat atteint
Pour rester maître des risques des récentes perturbations, la société de gestion d’actifs a gardé jusqu’il y a peu une position neutre sur les actions. Mais récemment, elle a légèrement augmenté son allocation envers les actions en raison du profil de rendement/ de risque favorable.
« En Europe, le bon moment est à présent venu de prendre position, nous nous apprêtons doucement à acheter. Je m’attends à ce que les marchés émergents suivent dans un avenir assez proche. La Chine travaille d’arrache-pied à minimiser les risques commerciaux, donc là aussi les fondamentaux restent forts. Les investisseurs sont encore dans l’attente pour le moment car il leur faut d’abord des preuves que le pays du Soleil-Levant prend la bonne direction. C’est pour cela qu’il pourrait bien s’agir du bon moment pour acheter. »
La crainte de l’inflation
La crainte d’une inflation à la hausse (et partant de là, la peur de l’envolée du taux américain) est bien présente chez les investisseurs, explique Nadège Dufossé.
Mais pour l’heure, rien n’indique une hausse de l’inflation selon elle. « Le dollar affiche une tendance à la hausse, alors que le cours du pétrole baisse. La FED fait ce qu’elle a à faire, et ce n’est pas une menace pour les marchés, sauf si le taux américain à dix ans augmente de 4 à 5 %. Dans notre modèle, nous fonctionnons avec un taux d’actualisation de 3,5 % pour évaluer les actions aux États-Unis. Là, le taux de marché se situe encore en-dessous. Comme je le disais, ce sont les risques géopolitiques qui me préoccupent davantage. »
En dépit de ces risques, la société de gestion reste optimiste. Les bénéfices des entreprises continuent d’augmenter et les valorisations des marchés boursiers sont encore relativement attractives selon Nadège Dufossé. Elle s’attend même à ce que le rendement sur les actions approche les deux chiffres l’année prochaine.
« Où est-ce que je pourrais faire fausse route ? Un immobilisme de l’économie nous forcerait à acheter des obligations, parce que les taux risqueraient alors de baisser et la Fed modifierait probablement ses plans. Mais cela ne devrait pas se produire à court terme. »