« Des valorisations intéressantes, une croissance solide et les opportunités offertes par la stabilisation des taux d’intérêt font de la transition énergétique un secteur d’investissement des plus prometteurs. Nous avons néanmoins revu nos convictions à l’égard des marchés émergents », déclare Maud Reinalter, chief Investment Officer chez Belfius Asset Management.
« Si la lutte contre l’inflation a bien progressé, elle n’est pas encore tout à fait gagnée. C’est une formidable nouvelle pour les investisseurs, car cela favorise, sur le long terme, une croissance économique plus stable et prévisible », assure Maud Reinalter. La CIO de Belfius Asset Management revient sur une année 2023 « réussie » en ce qui concerne la composante obligataire des portefeuilles. « Nous avons opté pour des investissements significatifs dans des obligations d’entreprise et d’État performantes, dans l’anticipation d’une baisse des taux d’intérêt. Cette stratégie s’est traduite par un rendement positif, supérieur aux investissements ‘alternatifs’. Nous allons en outre profiter de la volatilité pour prolonger également la durée des obligations. »
Investir avec conviction
« Concernant notre portefeuille d’actions, nous restons sur notre principale conviction en dépit des vents contraires qu’elle a pu subir : je parle des énergies renouvelables », précise Maud Reinalter. « En juin et septembre particulièrement, le secteur s’est sensiblement moins bien porté que les indices généraux. Les investisseurs, pris de panique, ont vendu leurs fonds d’énergie verte, ne faisant qu’amplifier la pression. Nous avons vu cela comme une période de capitulation, au cours de laquelle des actions de qualité ont été vendues simplement parce qu’elles appartenaient à ce secteur. Historiquement, ce sont de bons moments pour se repositionner, et c’est pourquoi nous conservons ce thème dans nos portefeuilles. »
Les spécialistes en investissements de Belfius vont également maintenir, l’année prochaine, leur position actuelle dans le secteur de la santé, et ce en dépit d’une performance légèrement négative de l’indice MSCI World Healthcare depuis le début 2023. « La croissance robuste aux États-Unis et l’émergence de l’intelligence artificielle ont attiré les investisseurs vers d’autres secteurs, mais le thème de la santé demeure pertinent en cette période de ralentissement de la croissance, avec une demande inélastique et une croissance structurelle liée au vieillissement de la population », note Maud Reinalter.
« Nous avons néanmoins revu notre conviction à l’égard des marchés émergents. Si l’indice de ces marchés a montré une performance positive cette année, cette hausse reste limitée : 4 % en euro. Ceci a eu un impact sur nos performances relatives. Nous avons réduit notre exposition à la Chine en juin en raison d’une reprise décevante suite à la pandémie de Covid. Une grande incertitude règne actuellement sur ce marché, tant au niveau géopolitique qu’économique, du fait de la crise immobilière. Une reprise forte semble donc peu probable. Par conséquent, les investisseurs se tournent vers d’autres marchés émergents, comme le Brésil, la Corée ou Taïwan. Tous ont réalisé de bonnes performances, et nous en tirons à présent les bénéfices. »
Au niveau régional, Belfius Asset Management privilégie clairement les États-Unis, « en raison de la résilience attendue des indices, moins sensibles aux cycles économiques et alimentés par l’innovation », précise Maud Reinalter. « Nous nous concentrons en particulier sur les actions technologiques américaines, bien que leurs valorisations puissent sembler élevées. Notre choix est motivé par leur potentiel de croissance. Nous avons réduit notre exposition aux marchés émergents et redistribué ces ressources vers nos actions américaines. En 2024, en fonction de l’évolution de la politique monétaire, nous envisagerons également de nous repositionner dans des secteurs plus cycliques, comme l’immobilier. Mais l’affirmer serait encore hâtif à ce stade du cycle. »
Un assouplissement dès l’été
Belfius Asset Management ne prévoit pas de récession en 2024, mais un ralentissement global. « Deux facteurs importants jouent dans cette prévision : le ralentissement du secteur tertiaire, et l’impact de la politique monétaire restrictive sur le marché immobilier et les investissements. Bien entendu, la hausse des prix de l’énergie a également des conséquences sur l’activité économique et la consommation, surtout en Europe. Heureusement, cet impact est atténué par des bilans d’entreprises forts, un faible taux de chômage et le soutien financier des gouvernements. La zone euro devrait pouvoir réaliser une croissance moyenne de 0,9 %, contre 1,1 % pour les États-Unis. Nous attendons également une tendance baissière sur les marchés émergents, en Chine en particulier, avec une croissance annuelle de 4,5 %. »
« Selon nos prévisions, l’inflation devrait baisser l’an prochain à 2,6 % aux États-Unis, par comparaison avec un taux qui, dans la zone euro, devrait toujours avoisiner les 2,9 %. Un assouplissement monétaire n’est toutefois vraisemblablement à attendre qu’à partir du second semestre, dans la mesure où l’inflation devrait rester, dans la période considérée par les banques centrales, supérieure à leurs objectifs. Le taux de dépôt pour la zone euro devrait alors se stabiliser à 3,5 % à la fin de l’année prochaine, tandis que les principaux taux d’intérêt américains devraient suivre la même tendance et passer, de 5,25 - 5,5 %, à 4,75 -5 %. »