Si la Banque centrale européenne se met à normaliser son bilan dans quelques années, la pression s’exercera notamment sur les obligations sûres et les obligations à long terme. Les obligations à haut rendement et convertibles, la dette des marchés émergents et le crédit alternatif offriront des opportunités aux investisseurs.
Tel est ce qu’écrit Pieter Jansen de NN Investment Partners dans une publication. Le stratège senior multi-actifs de la société de fonds s’attend à ce que la BCE réduise très lentement ses positions sur les obligations d’entreprises, à l’instar de la Réserve fédérale américaine.
Dans le cas d’une normalisation progressive entre 2022 et 2026, la prime sur les obligations d’entreprises ne diminuera que très lentement. Si une normalisation plus agressive (entre 2021 et 2023) devait se produire, Pieter Jansen table sur une diminution plus rapide de la prime.
« Compte tenu du climat économique positif et de la hausse des taux d’intérêt, les obligations d’entreprises à court terme sont préférables, tout comme les obligations d’entreprises qui bénéficieront davantage de la croissance économique. »
« Selon le stratège multi-actifs, les obligations à haut rendement et convertibles surperformeront les obligations investment grade dans les deux scénarios. Les obligations investment grade surperformeront à leur tour les obligations d’État sûres et à long terme.
Marchés émergents
Les marchés émergents sont moins sensibles à la politique de la BCE qu’à celle de la Fed, note Pieter Jansen. Selon lui, les fondamentaux généraux sont bons pour les marchés émergents, qui ont bénéficié ces dernières années d’entrées régulières de capitaux, d’une croissance économique positive et d’une faible inflation. « Les écarts semblent très attrayants, surtout compte tenu de la correction du début de l’année, combinée à une croissance positive et une normalisation graduelle. »
Tant le scénario d’une normalisation progressive que celui d’une normalisation plus agressive devraient, selon Pieter Jansen, être positif pour les marchés émergents.
Crédit alternatif
Le crédit alternatif est devenu relativement intéressant au cours de l’assouplissement quantitatif, en raison de la baisse des intérêts créditeurs dans d’autres secteurs et de la prime d’illiquidité pour cette catégorie d’actifs.
Malgré une hausse des prix, Pieter Jansen estime que le crédit alternatif à court terme devrait donner de bons résultats si la BCE opte pour une normalisation progressive. Il se concentre sur les stratégies de prêts à taux variable, comme les prêts immobiliers commerciaux, les prêts à l’exportation d’agences et les prêts aux marchés émergents.
Dans l’éventualité d’une normalisation plus agressive, le stratège recommande de privilégier encore davantage les valeurs à court terme et les actifs plus sensibles à la croissance économique.
Ralentissement ou récession
En cas de ralentissement économique ou de récession, le marché obligataire sera complètement différent, prévient Pieter Jansen. Dans ce cas, il s’attend à une fuite vers des refuges sûrs, à une baisse des taux d’intérêt sur les obligations d’État sûres et à une hausse des pourcentages de défaut de paiement.
« La cause du ralentissement est un facteur important. Une crise des marchés émergents, par exemple, frapperait plus durement les actifs des marchés émergents, tandis qu’une crise de la dette souveraine européenne aurait le plus grand impact sur les actifs européens dans leur ensemble et, éventuellement, sur les actifs périphériques. »