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Les déclarations des banquiers centraux ainsi que les ajustements apportés à leur politique monétaire en témoignent : eux non plus ne savent plus où nous allons. Tel est ce que déclarait Philippe Waechter, économiste en chef chez Ostrum AM, lors d’un entretien avec Fondsnieuws à l’approche de la décision de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt qui interviendra cette semaine.

« En janvier, la Fed déclarait vouloir éviter d’être bloquée à cause de déclarations sur la réduction du bilan », se souvient Waechter lors de l’interview, qui se déroule à Paris. L’entretien avec Fondsnieuws s’inscrit dans le cadre d’un événement média d’Ostrum Asset Management, une boutique de Natixis IM.

Forward guidance

« Oui, il a été suggéré la semaine dernière que la Réserve fédérale pourrait baisser les taux d’intérêt dans le futur, mais il n’existe plus de ‘forward guidance’ aux États-Unis. C’est la grande différence avec le passé : maintenant, ils ne savent plus. »
Selon Waechter, le même rituel a lieu à la BCE, avant une semaine de réunions de la banque centrale, avec la décision de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt mercredi, et celles de la Banque du Japon et de la Banque d’Angleterre jeudi.

« Il y a six mois, Draghi déclarait encore que la BCE augmenterait les taux d’intérêt à l’automne, c’est-à-dire en octobre prochain. Maintenant, il affirme que la banque maintiendra les faibles taux d’intérêt au moins jusqu’à la fin du premier semestre 2020. Ce qui signifie exactement la même chose : nous ne savons pas où nous allons. »

Évolution des attentes

Selon l’économiste, le principal problème est que les banques centrales ne veulent plus courir le risque de modifier les attentes avec leurs déclarations, ce qui peut avoir un impact sur la croissance économique.
« Auparavant, Yellen et Draghi voulaient influencer les attentes à la baisse, en misant sur le maintien des taux d’intérêt bas pendant longtemps. Maintenant que nous nous trouvons dans une situation proche de la ‘normalité’ aux États-Unis, il n’est plus nécessaire de dire que nous devons maintenir des taux d’intérêt bas afin de stimuler la croissance. »

Placement sûr

L’économiste constate que ce manque d’orientation est mal perçu par les investisseurs. « Aujourd’hui, ils ont encore plus de mal à comprendre comment l’économie va évoluer. J’ai l’impression que la tendance à la baisse des taux d’intérêt à long terme montre à quel point nos attentes sont sombres sur le long terme, qu’il s’agisse de l’inflation ou de la croissance réelle. »  
À titre d’exemple, il cite le Bund allemand. « Même si cela leur coûte 20 points de base par an, les gens sont prêts à investir dans le Bund parce qu’ils considèrent que c’est moins risqué que n’importe quelle autre classe d’actifs. »

Selon l’économiste, lorsqu’il s’agit des taux d’intérêt des banques centrales, la question de savoir quel est maintenant le placement sûr approprié subsiste. « Maintenant, les investisseurs déclarent que ce ne sont pas les placements à court terme, mais les placements à long terme, même si les taux d’intérêt sont très bas. C’est un véritable changement dans l’état d’esprit des investisseurs. »

Économie européenne

En ce qui concerne l’économie européenne en particulier, Waechter voit plus de risques à la baisse qu’à la hausse. « Nous avons subi un choc négatif important en raison du déclin du commerce mondial, ce qui est particulièrement visible en Allemagne. C’est une source de faiblesse, et cela va continuer. Je ne pense pas que nous aurons bientôt un accord sur le commerce mondial, ni un accord entre les États-Unis et la Chine. »

« S’il y a un choc, il sera plus grave que prévu. »
 

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