Les enquêteurs ont procédé mardi à une perquisition des locaux de la Deutsche Bank et de sa filiale de gestion d’actifs DWS. DWS est soupçonnée de s’être rendue coupable de ‘greenwashing’.
Il est allégué que le gestionnaire d’actifs a systématiquement exagéré le caractère vert de ses produits. Le CEO a dû démissionner directement. Il n’y a provisoirement pas encore de conséquences pour Deutsche Bank Belgique.
C’est ce que rapportaient mardi des médias allemands tels que le Handelsblatt. Selon le journal économique, le procureur général de Francfort aurait confirmé que 50 fonctionnaires de la BaFin, l’autorité allemande de régulation, et du ministère public sont entrés dans la banque. Une porte-parole a déclaré que l’enquête menée à l’encontre de la Deutsche Bank et de DWS est en cours depuis le début de l’année. La nature exacte de la suspicion n’a pas été révélée.
Bloomberg a également rapporté mercredi que le CEO Asoka Woehrmann démissionnait. Il sera remplacé par Hoops, senior manager chez Deutsche Bank Belgique.
« À toutes fins de clarté, la perquisition effectuée par le tribunal allemand n’a provisoirement rien à voir avec les activités de Deutsche Bank Belgique dans le wealth management et le private banking, et n’a aucune conséquence pour celles-ci », déclare Jean-Michel Segers, porte-parole de Deutsche Bank Belgique.
DWS a été confrontée pour la première fois en août 2021 à de telles accusations par Desiree Fixler, l’ancienne responsable du développement durable. À l’époque, ces accusations avaient été saisies par l’Allemagne et les États-Unis pour une enquête plus approfondie.
Dans une déclaration du 26 août 2021, DWS avait fermement rejeté les accusations de Fixler. La société avait ensuite souligné que son ambition était de devenir un ‹leading ESG asset manager›.
L’action Deutsche Bank ainsi que l’action DWS, dans laquelle la banque détient une participation majoritaire, ont plongé de plus de 4 % mardi, mais le cours s’est redressé dans le courant de la journée.
La perquisition du bureau de Francfort est amère pour Asoka Wöhrmann, le patron de DWS, qui avait récemment déployé beaucoup d’efforts pour remettre la branche gestion d’actifs sur les rails après une période difficile.
Wöhrmann était précédemment chief investment officer chez le gestionnaire d’actifs et a participé à plusieurs reprises à l’Investment Summit qu’Investment Officer (encore Fondsnieuws à l’époque) organisait à Amsterdam avec les stratèges en investissement de trois sociétés de fonds. Le Handelsblatt écrit qu’on cherche à déterminer si Wöhrmann a utilisé des e-mails privés pour partager des informations professionnelles, ce qui n’est pas autorisé selon les règles.
Le siège de la Deutsche Bank avait également été perquisitionné en avril, ce qui était lié à la suspicion du ministère public et de la BaFin, l’autorité allemande de régulation, que la grande banque n’avait pas réussi à lutter contre le blanchiment d’argent - reproches dont des grandes banques néerlandaises ont également fait l’objet ces dernières années. On ne sait pas clairement si cette suspicion tient toujours.
Relever la barre
En termes de critères de durabilité, la barre est placée toujours plus haut et ce, à un rythme rapide. Plusieurs voix du secteur le réclament. Selon Levi Sarens, responsable des fonds de gestion d’actifs chez Nagelmackers, l’Article 8 de la nouvelle législation SFDR deviendra la limite inférieure pour parler de produit durable, tandis que l’Article 9, plus strict, deviendra la norme pour parler de produits et de fonds d’investissement véritablement ‘verts’. C’est ce qu’il avait déclaré en septembre 2021 lors d’un entretien avec Investment Officer.
Selon lui, on assiste à un rush important pour faire évoluer les fonds vers des produits labellisés Article 8 ou 9 (dans le cadre de la législation SFDR), alors que la raison exacte était beaucoup moins claire il y a six mois. De nombreuses parties opèrent donc un mouvement de rattrapage pour relever de l’Article 8, qui deviendra la limite inférieure pour pouvoir parler de produit durable.
« La barre sera progressivement placée de plus en plus haut, et ce n’est qu’à partir de l’Article 9 qu’il sera possible de parler de produit véritablement durable. Dans le cadre de la MiFID, l’Article 8 deviendra à terme insuffisant pour parler de produit durable. Une sorte d’Article 8 ‘plus’ sera nécessaire, probablement à lier aux rapports sur les principales incidences négatives (Principal Adverse Impact, PAI), à propos desquelles des données doivent être conservées et faire l’objet d’un rapport depuis 2022 », déclare Sarens lors de l’entretien.
Enfin, Sarens conclut qu’il faudra démontrer une activité durable explicite. Selon lui, les fonds Article 9 évolueront davantage vers des fonds purement thématiques, comme les fonds axés sur l’égalité des sexes, les fonds pour l’eau, etc. Le reporting sur les principales incidences négatives est en plein développement, et les fournisseurs de données tels que MSCI et Sustainalytics s’emploient actuellement à collecter les données nécessaires.’
Le label belge Towards Sustainability devient également de plus en plus strict, si bien que certaines parties y renoncent. Telle est la conclusion d’un récent entretien avec Tom Van den Berghe, Managing Director de la Central Label Agency, l’organisation sans but lucratif qui gère le label.