DONAY-ChristopheDSC_1283.jpg

Christophe Donay, le stratégiste en chef de Pictet Wealth Management, estime que les marchés resteront nerveux jusqu’aux élections américaines à l’automne, et continueront de masquer des fondamentaux économiques solides.

Christophe Donay était récemment de passage à Bruxelles pour présenter ses attentes pour le second semestre 2018. Il souligne que les fondamentaux économiques restent sains dans les pays développés, avec notamment des dépenses d’investissement qui se sont bien reprises.  « Or, c’est jusqu’ici un élément qui manquait dans notre scénario de reprise». En outre, les résultats des entreprises devraient progresser de plus de 20% aux Etats-Unis, et de plus de 10% en Europe. « Même si la moitié de la progression au niveau américain est liée à l’impact de la baisse des impôts décidée par Donald Trump, cela reste néanmoins des chiffres solides. »

Leadership

Et pourtant, en dépit de ces éléments favorables, les marchés européens ont reculé entre 3 et 6% depuis le début de l’année, tandis que l’indice S&P500 sort à peine la tête de l’eau. « La hausse de la volatilité a été en grande partie provoquée par les menaces de guerre commerciale en provenance des Etats-Unis, qui s’oppose en grande partie à la doctrine libérale qui soutenait le programme de baisse d’impôt. A ce titre, il y a actuellement un manque de cohérence évident au niveau de la politique économique menée au niveau américain. »

« Tant qu’il n’y a pas une escalade d’un côté ou de l’autre, la situation politique ne devrait toutefois pas trop déteindre sur les perspectives de croissance au niveau mondial. » Christophe Donay souligne à ce titre que ces initiatives vont renforcer la tendance à faire perdre de l’influence aux Etats-Unis et à étendre la sphère de la Chine. « Les Etats-Unis sont en perte de vitesse et ne peuvent plus imposer militairement leur empreinte au reste de la planète. La Chine est en train d’étendre son protectorat en Asie, et ne vont pas se retirer de la région. Le pouvoir politique marche main dans la main avec les grandes entreprises disruptives du pays. A l’inverse, le pouvoir américain s’oppose souvent aux leaders technologiques américains, alors que c’est justement ce secteur qui permet encore aux Etats-Unis de conserver un certain leadership. » 

Elections

En conséquence, il s’attend à ce que le discours protectionniste reste d’actualité jusqu’aux élections de mid-term, avant de passer au second plan. « Les fondamentaux économiques et la bonne santé des entreprises devrait alors revenir au premier plan, de même que le maintien des taux obligataires à des niveaux bas en l’absence d’une reprise d’inflation dans les grands pays occidentaux. » Et dans l’intervalle, la stabilité des cours et la progression des résultats a permis de faire reculer la valorisation des marchés boursiers vers des niveaux plus attractifs. 

Dans ce contexte, il reste favorable à une exposition axée sur les marchés boursiers, et conseille d’éviter les marchés obligataires, et plus particulièrement la dette d’entreprise européenne qui devrait souffrir si la Banque Centrale Européenne suspend son programme de rachat durant les prochains mois. 

Author(s)
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No