Jeremie Banet, PIMCO
Banet_Jeremie_24x16_DTI.jpg

Dans un contexte inflationniste qui pourrait surprendre négativement sur le marché américain, Jérémie Banet (gestionnaire de portefeuille chez PIMCO) recommande de se tourner vers les obligations indexées sur l’inflation, ainsi que sur des actifs impactés positivement par la hausse des prix comme l’immobilier ou les matières premières. 

Jérémie Banet (PIMCO) souligne que les données économiques récentes ont été conformes aux attentes sur le marché américain, avec une inflation core qui devrait atteindre 2,3% d’ici la fin 2018. « La hausse du pétrole constitue toutefois un facteur susceptible de faire accélérer encore l’inflation en 2019, mais ce n’est pas le seul élément qui pourraient entraîner des surprises négatives aux Etats-Unis ». 

Loyer et participation

Premièrement, il souligne que la hausse des taux a tendance à pousser davantage de personnes vers la location plutôt que vers l’achat d’un bien immobilier. « Or, les loyers constituent une des composantes les plus importantes dans la formation de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis », souligne Jérémie Banet (PIMCO), « et nous avons clairement assisté ces derniers mois à une accélération sensible des loyers sur la tranche la plus importante des biens immobiliers».

Deuxièmement, il pointe que le taux de participation devrait rester plus faible qu’il ne l’a été historiquement, « ce qui est normal dans une société qui vieillit. Nous remarquons toutefois que sur la tranche des 25 à 55 ans, le taux de participation est en train de remonter, en particulier pour le segment des femmes qui  affiche désormais un taux plus élevé qu’en 2008 ». Il estime dès lors qu’il  n’y a désormais plus trop de marge de manœuvre. « De notre point de vue, nous sommes aujourd’hui assez proches du niveau où les salaires vont commencer à augmenter plus sensiblement ». 

Dollar faible

Troisièmement, il souligne que la faiblesse du dollar devrait permettre une stabilisation des prix pour les biens, alors que la tendance était plutôt déflationniste ces dernières années. « En outre, les attentes des analystes continuent d’ignorer le risque d’une guerre commerciale, une probabilité que nous estimons pour notre part entre 20 et 30%, et qui aurait un impact très négatif sur l’inflation importée et sur la croissance américaine. Ce serait un scénario catastrophe pour les autorités monétaires américaines et pour les consommateurs ».  

Enfin, quatrièmement, Jérémie Banet met également en évidence le fait que la politique fiscale menée par le gouvernement Trump va également entraîner une stimulation de la demande publique intérieure qui va se traduire également par des pressions inflationnistes. 

Il se montre moins pessimiste sur le continent européen, en dépit d’une croissance économique qui devrait rester supérieur à son potentiel de long terme. « L’impact sur l’inflation reste relativement modeste. Il y a encore beaucoup de personnes qui recherchent un emploi. Même en Allemagne, pourtant au plein emploi, l’inflation peine à décoller car tous le monde semble convaincu que le pays doit rester compétitif sur les marchés à l’exportation ».

Actifs réels

Dans ce contexte, il estime que les investisseurs doivent aujourd’hui prendre en compte une accélération de l’inflation plus rapide que prévu durant les prochains trimestres, plus particulièrement aux Etats-Unis, en mettant notamment davantage d’obligations liées à l’inflation dans les portefeuille. Il conseille également d’augmenter la proportion investies sur des segments qui ont tendance à suivre la hausse de l’inflation, comme l’immobilier ou les matières premières. « La grande majorité des portefeuilles n’est aujourd’hui pas préparée au risque d’une montée rapide des pressions inflationnistes ». 

Author(s)
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No