La Chine vient aujourd’hui d’abaisser ses prévisions de croissance à 6-6,5 %, contre 6,5 % auparavant. Stephen Kam, spécialiste des actions asiatiques chez Schroders, s’attend à un ralentissement temporaire. Il conseille aux investisseurs de se concentrer sur la croissance de la consommation.
En 2018, la Chine a été frappée par un ralentissement conjoncturel, en partie dû aux relations commerciales problématiques avec l’Amérique. « Dans ce contexte, c’était une bonne chose que les tensions commerciales avec les États-Unis se soient atténuées au début de l’année 2019. Mais pour nous, ce n’est pas le plus important concernant la Chine », déclare Kam lors d’un entretien avec Investment Officer.
« Les frictions commerciales avec les États-Unis ont eu peu d’impact sur la répartition de notre portefeuille, sauf que nous sommes plus prudents à l’égard des entreprises exportatrices chinoises. »
Kam souligne que si l’Amérique est un partenaire commercial important pour la Chine, la force de l’économie nationale est beaucoup plus importante pour le gouvernement chinois. « Cela devrait également être le cas pour les investisseurs, car elle offre d’excellentes opportunités d’investissement. »
Forte reprise du marché boursier
Des déclarations que Kam fait dans le contexte d’une reprise impressionnante des indices boursiers chinois. Ainsi, l’indice Shanghai Composite a augmenté de près de 14 % en février, soit la plus forte hausse depuis avril 2015. D’autres indices affichent également une forte reprise, comme l’indice des blue-chips CSI300, qui a enregistré 14,6 % de hausse au cours du même mois, une augmentation qui a été en partie induite par l’attente d’un accord commercial entre la Chine et les États-Unis.
Indépendamment de la rivalité avec les États-Unis, la Chine opère actuellement un passage d’une économie axée sur les exportations à une économie davantage orientée sur la consommation. Kam : « C’est un processus graduel, avec des hauts et des bas - l’économie est tout simplement cyclique - mais qui devrait enthousiasmer les investisseurs. L’accent sur la croissance de la consommation est en effet un changement structurel sur lequel les investisseurs peuvent parfaitement jouer, par exemple par l’intermédiaire d’entreprises chinoises du secteur de la consommation et des TI. »
En ce qui concerne le ralentissement de la croissance, il ne s’agit selon Kam que d’une vague temporaire. « C’est vrai, il y a des préoccupations au sujet des bénéfices des entreprises en 2019. Mais si on regarde un peu au-delà, il y a des forces motrices : la vigueur de l’emploi, la hausse continue des revenus des ménages et la croissance de la classe moyenne. Tout cela alimente la croissance de la consommation en Chine et donc, l’économie. » Au cours des deux premiers mois de l’année 2019, les actions chinoises se sont déjà partiellement remises des revers de 2018.
La Chine reste le facteur dominant pour la croissance mondiale, malgré l’émergence de concurrents comme l’Inde et les tensions commerciales avec les États-Unis, affirme Kam. « La Chine est le principal moteur de la croissance économique mondiale, et le restera certainement au cours des cinq prochaines années. »
Montagne de la dette chinoise
De nombreux investisseurs étrangers considèrent la montagne de dettes du système chinois (en particulier les prêts des banques de l’ombre) comme le talon d’Achille du pays. Ici également, Kam nuance. « Le gouvernement chinois s’est attaqué énergiquement à ce problème. En janvier dernier, le nombre de prêts en cours a de nouveau augmenté, mais après une année de baisses constantes et uniquement pour relâcher les rênes des petites et moyennes entreprises chinoises, un important moteur de croissance. »
Kam ne pense pas que la montagne de dettes disparaîtra rapidement. « Il faudra des années pour y parvenir. Cela reste donc un défi. La majeure partie de la dette est d’ailleurs investie dans des entreprises (semi-) publiques, ce qui fait que c’est avant tout un problème pour le gouvernement chinois, et moins pour le secteur privé. »
Enfin, Kam recommande une réévaluation de la politique de relance budgétaire de la Chine et des importantes dépenses publiques en infrastructures. « Les investisseurs étrangers émettent souvent des réserves négatives à ce sujet, mais ces deux éléments génèrent des dépenses intérieures et une croissance économique. Les investissements dans l’infrastructure ajoutent une réelle valeur économique. La Chine ne construit pas des autoroutes et des ponts qui ne mènent nulle part. »