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La majorité des gestionnaires de fonds estiment que le marché actions américain offrira l’année prochaine les meilleures opportunités de rendement élevé, malgré des valorisations déjà en forte hausse. En revanche, les perspectives pour l’Europe apparaissent peu encourageantes. 

Parmi la dizaine de grandes sociétés de fonds sondés par Investment Officer,  la plupart considèrent que les plans politiques de Donald Trump, et notamment les baisses d’impôts et l’allègement de la réglementation, profiteront aux marchés d’actions américains. « Les marges déjà relativement plus élevées et la croissance des bénéfices aux États-Unis seront encore renforcées par la politique America First de Donald Trump », affirme Vincent Juvyns, stratège chez J.P. Morgan Asset Management. « Bien que cette politique puisse alimenter l’inflation et empêcher la Fed de réduire ses taux aussi fortement que ce que les marchés financiers anticipent actuellement, nous nous attendons à ce que la Fed maintienne une politique accommodante en 2025, ce qui devrait soutenir les marchés américains et financiers. »

Beaucoup tablent sur un atterrissage en douceur de l’économie américaine. « La croissance économique américaine demeure robuste, et les résultats des entreprises montrent peu de signes de faiblesse à court terme », déclare Chris Teschmacher, gestionnaire de fonds chez LGIM.

Jacob Vijverberg, gestionnaire de portefeuille chez Aegon Asset Management, nuance : « L’économie devrait connaître un léger ralentissement, car les réserves d’épargne ont été largement entamées et les taux d’intérêt demeurent à un niveau restrictif. »

Les grandes capitalisations devraient encore caracoler en tête. Jacob Vijverberg précise : « En particulier, certaines des Sept Magnifiques disposent d’une position de marché particulièrement solide et d’un fort potentiel d’innovation, ce qui nous amène à penser que les actions américaines pourraient surperformer celles des autres marchés. »

Marco Willner, stratégiste en chef chez Goldman Sachs Asset Management, ajoute : « Les valorisations des grandes capitalisations américaines sont très élevées, mais cela reste justifiable. Le marché dans son ensemble nous semble raisonnablement valorisé. »

Paul Jackson, responsable de la recherche en allocation d’actifs chez Invesco, exprime cependant un avis différent : « Les actions américaines sont extrêmement chères. Il règne un excès d’enthousiasme sur le marché. »

Avis partagés concernant l’Europe

Invesco identifie donc davantage d’opportunités dans les actions européennes. Selon la société de gestion d’actifs, les valorisations dans cette région sont plus attractives, ce qui pourrait permettre aux actions de mieux profiter d’une reprise économique qu’aux États-Unis. « Surtout si les défis macroéconomiques et politiques en Europe s’atténuent », ajoute Marco Willner, de chez Goldman Sachs.

Roelof Salomons, Chief Investment Strategist chez BlackRock Pays-Bas, reconnaît que les perspectives de croissance pour l’Europe sont un peu plus sombres, mais souligne que la banque centrale dispose d’une marge de manœuvre plus importante pour stimuler l’économie. « Cela constitue un soutien pour les actions européennes, qui affichent des valorisations relativement attractives », ajoute-t-il.

Cependant, peu d’autres experts partagent cet optimisme à l’égard des actions européennes. La combinaison d’une faible consommation, d’une demande intérieure décevante et d’une croissance économique limitée devrait peser sur les performances des actions de la zone euro, tandis que le spectre des éventuels droits de douane que souhaitent imposer les États-Unis plane également sur le marché. Altaf Kassam, Managing Director chez State Street Global Advisors, observe déjà une révision à la baisse des prévisions de bénéfices pour les entreprises européennes à l’approche de 2025.

Privilégier les obligations d’entreprises

Les experts interrogés expriment également des avis partagés concernant les opportunités offertes par le marché obligataire. Ainsi, plusieurs experts en investissement s’inquiètent des effets potentiellement inflationnistes de la politique de Donald Trump. Une inflation structurellement plus élevée rendrait les obligations d’État moins attractives. « Et la dette publique est déjà élevée », note Roelof Salomons, de chez BlackRock. « Dans ce segment, nous privilégions les obligations d’État européennes. »

AXA Investment Managers anticipe un environnement stable pour les obligations d’État, bien que les tensions puissent s’intensifier dans la zone euro en raison des préoccupations actuelles concernant la politique budgétaire et l’instabilité politique. 
Les obligations d’entreprises, en revanche, sont jugées plus attractives par plusieurs experts, car elles bénéficient de maturités plus courtes et sont moins sensibles à la hausse des taux d’intérêt. De plus, aucune récession mondiale n’est attendue et il est peu probable que les rémunérations du crédit augmentent fortement.

« Les stratégies bien gérées sur les obligations d’entreprises peuvent, dans le pire des cas, générer des rendements de 6 à 7 %, un niveau comparable au rendement historique moyen des actions, mais avec une volatilité moindre », explique Kevin Thozet, conseiller en gestion de portefeuille chez Carmignac, qui recommande toutefois de privilégier les échéances courtes.

Chez LGIM, l’enthousiasme pour les obligations d’entreprises est plus mesuré. « Le ratio risque/rendement des obligations investment grade reste peu attractif, avec des spreads ayant rarement été aussi faibles. Cela engendre une asymétrie et des perspectives de rendement défavorables pour ce type d’obligations », déclare Chris Teschmacher, gestionnaire de fonds.

En conclusion, de nombreux experts estiment que les investisseurs devraient se concentrer principalement sur les marchés d’actions. « L’année 2025, qui suit les élections américaines, sera d’un point de vue historique une période favorable aux actions », affirme Paul Jackson, de chez Invesco. « Les banques centrales semblent en mesure d’abaisser les taux d’intérêt sans déclencher de récession, tandis que l’économie mondiale devrait poursuivre sa croissance, autant d’ingrédients laissant présager une bonne année pour les actions. »

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