Selon Quaestor, une société de gestion de patrimoine basée en Flandre-Occidentale, l’essor du capital-investissement se poursuivra en 2025 également. « Cette classe d’actifs est devenue incontournable dans tout portefeuille diversifié. »
Olivier Rogiest, associé chez Quaestor, met en lumière une statistique frappante issue d’un rapport de consultance : en Europe, il existe dix-sept fois plus d’entreprises (affichant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros) non cotées en Bourse que d’entreprises cotées. « La Bourse existera toujours, mais nous voyons davantage de potentiel dans cet autre vivier, beaucoup plus vaste. »
La société de gestion de patrimoine dont le siège se situe à Roulers, pionnière du capital-investissement, s’est imposée comme l’un des plus grands acteurs belges dans le domaine des marchés privés. Cependant, elle n’est plus la seule : les concurrents se multiplient, chacun proposant sa propre gamme de fonds dédiés aux investissements non cotés.
Chez Quaestor, cette concurrence n’inquiète pas outre mesure. « Nous pouvons nous appuyer sur nos vingt années d’expertise ainsi que sur notre réseau international. Par exemple, pour notre fonds axé sur l’Asie du Sud-Est, nous collaborons avec d’anciens gestionnaires de Verlinvest – le véhicule d’investissement des familles AB InBev de Spoelberch et de Mévius – aujourd’hui basés en Asie. Avant d’investir dans un fonds, nous réalisons systématiquement une analyse approfondie. Disposer d’une ligne directe avec le gestionnaire du fonds est également important pour nous, car cela simplifie considérablement le suivi ultérieur. »
Pas une hype
D’après Olivier Rogiest, l’essor des investissements privés n’est ni une hype ni un engouement passager. « Il s’agit d’une classe d’actifs qui perdurera. Dans les familles d’affaires anglo-saxonnes, le capital-investissement est bien établi depuis longtemps déjà. Nous constatons désormais que les familles européennes découvrent elles aussi cette classe d’actifs, ce qui se traduit par une intensification des activités des banques privées et des family offices. »
Ce changement de mentalité ne se limite pas aux investisseurs, et se manifeste également du côté des entreprises en quête de financement. « Les entreprises ont besoin de capitaux, mais les introductions en Bourse restent peu nombreuses. Cela s’explique par le fait qu’un nombre croissant d’entreprises se tournent vers le capital-investissement, où les capitaux disponibles ne cessent également d’augmenter. Le capital-investissement reprend donc en partie le rôle de la Bourse », analyse Olivier Rogiest.
En recourant à des sources de capitaux privées, les entreprises peuvent échapper à la lourdeur administrative et aux coûts associés à une introduction en Bourse. « Un argument clé pour de nombreux dirigeants d’entreprise et familles d’entrepreneurs : ils ne sont pas soumis à la « dictature trimestrielle », avec des investisseurs évaluant leurs performances tous les trois mois alors que leur stratégie s’inscrit dans une vision à long terme. Sans cotation en Bourse, le CEO n’a pas besoin de se mettre à nu », explique Olivier Rogiest.
Pas pour tous les investisseurs
Certaines voix plaident pour une démocratisation accrue des investissements privés afin de les rendre accessibles au grand public. Cela pourrait passer, par exemple, par une réduction du seuil légal d’entrée dans les pricafs privées ou par l’instauration de mesures de liquidité dans un ELTIF, des véhicules d’investissement populaires pour investir dans des entreprises non cotées. Actuellement, un investisseur doit disposer d’un minimum de 25 000 euros pour accéder à une pricaf.
Quaestor émet toutefois de sérieuses réserves quant à l’élargissement au public retail. « Il s’agit de capital à risque, ce qui est loin d’être une promenade de santé. De plus, les investissements dans le capital-investissement sont généralement illiquides pendant une période de six à dix ans. La valeur latente d’un investissement n’est souvent connue qu’à la fin de l’échéance. En résumé, faciliter l’accès au capital-investissement ou chercher à rendre plus liquide cette classe d’actifs illiquide nous semble une idée risquée. Cette classe d’actifs convient mieux à des patrimoines d’une certaine envergure, qui disposent de la marge financière nécessaire pour diversifier leurs placements. »