Les investisseurs bousillent rapidement l’exposition aux obligations d’entreprises, car les taux d’intérêt augmentent et les rendements s’envolent. Les investisseurs européens seraient même avisés de convertir leur portefeuille 60/40 en portefeuille 40/60 avant 2023.
C’est ce qu’affirme Olivier de Berranger, directeur informatique de la boutique parisienne La Financière de l’Echiquier (LFDE). Alors que l’économie européenne se rapproche de plus en plus de la récession et que l’on craint de plus en plus les défauts de paiement des entreprises, M. de Berranger a jeté son dévolu sur les obligations d’entreprises européennes, et il n’est pas le seul.
Les investisseurs qui ne reculent pas devant le risque, notamment les grands fonds spéculatifs comme Elliott Management, Caygan Capital et CQS, pensent que le marché européen du crédit a trop baissé par rapport au risque de défaut, en particulier le marché des obligations d’entreprise à haut rendement. Nombreux sont ceux qui commencent à accroître leurs avoirs», indique le Financial Times.
Les obligations d’entreprises européennes ont le vent en poupe
Les obligations d’entreprises européennes, comme d’autres classes d’actifs, ont été durement sanctionnées cette année. L’indice Euro Stoxx 50 Corporate Bond, qui offre une exposition aux obligations d’entreprises les plus liquides et de haute qualité de la zone euro, est toujours inférieur de plus de 10 % à celui d’il y a un an, même après la dernière reprise.
L’indice Bloomberg Pan-European High Yield Total Return, qui comprend les obligations d’entreprises à haut rendement les moins solvables, a chuté de plus de 11 % par rapport à l’année dernière.
Lorsque les taux d’intérêt augmentent, les prix des obligations déjà émises baissent. Par la suite, les rendements - le rendement - des obligations nouvellement émises augmentent, jusqu’à ce que les investisseurs reprennent massivement leurs positions, comme ils l’ont fait ce mois-ci sur le marché européen des obligations à haut rendement.
Les obligations d’entreprises solvables sont en vogue
Selon M. Berranger, «2022 a ouvert la voie à un environnement d’investissement où les investisseurs européens peuvent obtenir des rendements de 4 % auprès d’entreprises solvables aux bilans extrêmement sains, sans prendre trop de risques», selon le DSI, qui s’est entretenu avec Investment Officer dans son bureau parisien la semaine dernière.
Les écarts de taux sur les obligations d’entreprises solvables en euros tournent actuellement autour de 225 points de base. Le point le plus bas de la pandémie de corona était un écart de 250 points de base. Une analyse quantitative du gestionnaire d’actifs LGIM, remontant à 2006, montre qu’à ces niveaux, les obligations d’entreprises européennes ont affiché des rendements plus positifs que les obligations d’État allemandes sur toute période de 36 mois : plus de 4 % en moyenne.
À titre d’exemple d’investissement intéressant, M. De Berranger cite le constructeur automobile allemand BMW, qui propose actuellement des prêts à 4 % sur 5 ans. Le fabricant allemand de pièces détachées pour automobiles ZF (avec une note de crédit BB+) est également une perle. Son obligation arrivant à échéance en mai 2028 rapporte 7 % aujourd’hui et plus de 8,75 % à la mi-octobre», indique M. Berranger.
En outre, LFDE a jeté son dévolu sur l’industrie financière européenne, qui représente une grande partie de l’univers européen des valeurs d’investissement et qui est en très bonne santé, selon le CIO.
En dehors de Credit Suisse et la Deutsche Bank, les actions et les obligations des banques européennes semblent attrayantes. Tout ce dont ils doivent se préoccuper, c’est de l’impôt supplémentaire qu’ils paieront l’année prochaine sur l’augmentation de leurs bénéfices», explique M. Berranger. Quant au haut rendement, il estime que le point d’entrée est encore plus clair.
Rendement élevé
Selon le CIO, le point d’entrée se manifeste clairement dans les «crossover spreads». Il s’agit de la différence entre l’indice iTraxx European Crossover - qui mesure le coût de l’exposition à un panier de 50 entreprises européennes dont la notation est la plus faible - et le «rendement sans risque», c’est-à-dire le taux d’intérêt sur des titres à revenu fixe presque sans risque, tels que les obligations d’État américaines à trois mois.
L’écart a oscillé autour de 600 points de base en début de semaine, dépassant ainsi son pic de mars 2020. Si vous gagnez 600 points de base de plus que le taux sans risque, qui est actuellement de 2,5 %, vous avez maintenant un portefeuille à haut rendement offrant environ 8 %», explique M. Berranger.
Les investisseurs en obligations d’entreprises européennes à haut rendement, aux marges actuelles, ne commenceront à perdre de l’argent que si plus de la moitié des 50 entreprises de l’indice font faillite dans les cinq ans. Cela ne s’est jamais produit auparavant, pas même en 2008 ou en 1929», déclare M. Berranger.