
Robeco veut réduire sa position en actions américaines. Alors que la position de la société de fonds en actions américaines est aujourd’hui de 65 à 70 pour cent, contre une pondération indicielle d’environ 60 pour cent, cette dernière souhaite réduire cette position à 60 pour cent ou moins.
« Presque tous les risques ont été couverts », explique Jeroen Blokland, gestionnaire de portefeuille senior, lors de la présentation des perspectives de Robeco pour 2019, qu’il a expliquée avec l’économiste en chef Léon Cornelissen.
« Faut-il une telle position en Amérique ? », s’est demandé Blokland face à un groupe de journalistes. Réfléchissant : « C’est vrai, la région s’est bien comportée ces dix dernières années et a été relativement stable par rapport aux marchés émergents et à l’Europe. Toutefois, la prime de risque que les investisseurs demandent pour les actions américaines a diminué. »
Poser la question, c’est y répondre, ajoute Blokland. Pour l’instant, il trouve l’Amérique encore attrayante, ce qui entraîne encore une surpondération. Mais la société de fonds anticipe déjà ce qui pourrait se passer en 2019. « Il se peut tout simplement que la situation actuelle touche à sa fin », ajoute le gestionnaire de portefeuille.
« C’est pourquoi nous prévoyons réduire à neutre, voire plus bas, notre position en actions américaines dans les portefeuilles. » Il souhaite répartir le capital libéré entre les autres classes d’actions. Comme l’Europe et les marchés émergents, par exemple. »
Marchés émergents
En ce qui concerne cette dernière catégorie, Robeco s’est longtemps montré négatif à ce sujet. Une vision que la société de fonds a cependant quelque peu modifiée il y a quelques semaines. Blokland : « Une grande partie de la misère a été prise en compte et un certain nombre de déséquilibres se sont améliorés. Pour la première fois depuis des années, les perspectives sont légèrement meilleures, ce qui fait qu’il n’est donc plus tout à fait logique de rester fortement négatif concernant les actions des marchés émergents. »
Quoi qu’il en soit, la société de fonds préfère actuellement placer son argent en actions.
Obligations d’État
« Les obligations d’État ? Avec l’énorme de risque de duration lié à la dette publique, mieux vaut placer votre argent en actions. Il faut que vraiment beaucoup de choses tournent mal si on veut que les obligations d’État rapportent encore quelque chose dans un proche avenir », affirme Blokland.
Selon lui, le problème des obligations d’État est que la moindre forme de normalisation des taux d’intérêt extrêmement bas, surtout en Europe, provoque déjà des problèmes. « Un léger écart de taux d’intérêt, et les obligations d’État sont durement touchées. »
Telle est la raison pour laquelle Robeco s’est engagé à ‘couvrir’ une partie du risque de duration, à la fois en vendant des contrats à terme sur obligations et en réduisant la pondération des obligations d’État dans ses portefeuilles. « Nous pensons qu’au bout du compte, tout ira bien, mais nous ne voulons pas prendre davantage de risques. Nous préférons investir cet argent dans des actions. Pour l’instant, nous trouvons cela beaucoup plus transparent. »
Une période moins favorable
Actuellement, la société de fonds est particulièrement attirée par les actions des marchés établis. « Avec la politique monétaire accommodante et les chiffres de bénéfices en hausse actuels, elles peuvent (malgré le mois d’octobre) monter encore davantage », prévoit Blokland. Mais pas pour longtemps, estime le gestionnaire de portefeuille senior. Au cours de l’année 2019, il estime que ces actions éprouveront davantage de difficultés, tandis que les actions des marchés émergents gagneront en considération pour les raisons mentionnées ci-dessus.
À l’instar du titre de la perspective, «Turbulence ahead», tout indique que la société de fonds balance entre deux possibilités. Ce sera une année à deux visages, avaient déjà averti Blokland et Cornelissen au début de leur présentation. « Comme ça, nous sommes toujours dans le bon », rit Blokland. Puis, plus sérieusement : « Nous nous attendons à un changement, les investisseurs vont anticiper une période moins favorable avec davantage de faillites. »
Récession
Pour l’instant, la société de fonds ne redoute pas de récession, mais s’attend à ce que les investisseurs deviennent plus nerveux si la récession ne se concrétise pas en 2019. Blokland : « Que va générer la prochaine récession ? Une combinaison du sentiment sur les marchés actions et de l’augmentation de la montagne de dettes parmi les entreprises. Jusqu’à présent, les entreprises ont pu emprunter à de bonnes conditions. Elles doivent réfléchir soigneusement à ce qu’elles feront à l’expiration de ces prêts. »
«Turbulence ahead» se traduit par deux attentes consécutives : seules les obligations à haut rendement et les obligations d’État sont sans ambiguïté pour la société de fonds : elles sont et restent moins attrayantes que les autres classes d’investissement.
La vision relativement négative du haut rendement est liée à la vision optimiste des actions. En effet, comme le haut rendement a les mêmes caractéristiques que les actions et évolue donc dans la même direction, il faut faire un choix entre les deux, et Robeco trouve actuellement les actions plus intéressantes que le haut rendement. Résultat : dans le portefeuille le plus offensif, 77 % d’actions au lieu de 72,5 % et 1 % de titres à haut rendement au lieu de 5 %, par exemple.