De tout temps, les investisseurs se sont demandé dans quel fonds investir. Différentes études ont apporté différentes réponses à cette question. Or, l’apprentissage automatique peut apporter une réponse sans équivoque. Appliquer ces techniques statistiques nous permet d’acquérir des connaissances concernant la prévisibilité des rendements des fonds.
L’engouement récent pour le livre De Hangmatbelegger (littéralement : « investir depuis son hamac ») a relancé le débat entre investissement actif et passif. La thèse du livre est que l’investissement passif génère un meilleur rendement que la gestion active, ce que les données confirment également. Nous constatons par exemple que moins de 50 % des actions parviennent à battre le taux sans risque sur une base mensuelle, annuelle et décennale. Des études universitaires révèlent également qu’un peu plus de 10 % des actions ne parviennent pas à battre l’inflation sur une période de plusieurs années. Ainsi, la célèbre formule de Jeremy Siegel, stocks for the long run (pour un horizon long, privilégiez les actions), n’est donc pas toujours vraie.
Cela signifie-t-il que tous les fonds affichent invariablement de mauvaises performances ? Non. Mais peut-on essayer de prédire quels fonds seront performants ? Jusqu’à récemment, la réponse était également négative. Cette question de la prévisibilité a fait l’objet de nombreuses recherches. Cependant, les méthodes statistiques classiques n’ayant pas vraiment apporté de réponse concluante, nous nous tournons vers une méthode un peu moins conventionnelle : l’apprentissage automatique. Les réseaux neuronaux nous enseignent que deux éléments sont importants :
- les flux de fonds : combien de nouveaux capitaux sont investis dans le fonds,
- la performance historique : la qualité des performances passées.
Les fonds qui ont récemment vu beaucoup d’argent affluer et ont affiché d’excellents résultats ont beaucoup plus de chances de continuer à bien performer (même après déduction des frais) que leurs concurrents. De plus, les résultats ne dépendent pas non plus de la phase du cycle économique : les investisseurs obtiennent un rendement net supérieur pendant les récessions et les périodes d’expansion. Il est également intéressant de noter que les frais ne constituent pas nécessairement un mauvais signal. Tous les fonds qui facturent des frais plus élevés - c’est-à-dire un total des frais sur encours plus élevé - n’ont pas nécessairement un rendement futur plus faible. Ainsi, la performance à un mois, six mois ou 12 mois des fonds pratiquant des frais plus élevés n’est pas inférieure à celle des alternatives moins chères.
Si nous achetions, chaque mois, les 10 % de fonds ayant la meilleure performance prévisible (en fonction des deux facteurs, les flux de fonds et la performance historique), nous obtiendrions un rendement de 72 % sur une période de 20 ans. Les 10 % de fonds les moins performants en fonction de ces deux facteurs afficheraient un rendement de -119 %. Et ce, même après déduction des frais. Il existe donc clairement une alternative au hamac.
Mon conseil demeure donc d’opter pour l’investissement passif, mais ceux qui souhaitent inclure une composante active dans leur portefeuille savent désormais à quels deux facteurs ils doivent prêter une attention particulière : les flux de fonds et la performance future. Il y a donc une vie quand on sort de son hamac.
Gertjan Verdickt est professeur assistant de finance à la KU Leuven et rédige une chronique pour Investment Officer.