Thomas Guenter
Thomas Guenter

Pourquoi Thomas Guenter n’aime-t-il pas le terme de finfluenceur ? Comment des familles fortunées se sont-elles tournées vers lui pour des conseils ? Et pourquoi veut-il lancer son propre fonds d’investissement ? Thomas Guenter, créateur de contenu de finance personnelle et multi-family officer, nous l’explique dans ce nouvel épisode de notre podcast Le Miroir.

 

Depuis 2021, Thomas Guenter diffuse du contenu en ligne sur l’épargne, l’investissement et l’immobilier. Il est aujourd’hui suivi par plus de 100 000 personnes et est devenu l’un des experts en finance personnelle les plus célèbres du pays. Forbes l’a cité dans sa liste des 30 Under 30 Belgique pour son impact positif sur les finances de milliers de Belges.

Il a récemment publié son premier ouvrage, Personal Finance met Thomas Guenter. « Lorsque l’éditeur m’a demandé de rédiger un livre sur la finance personnelle, je n’ai pas eu à y réfléchir bien longtemps. C’est formidable d’atteindre les gens avec de courtes vidéos sur les réseaux sociaux. J’essaie régulièrement de partager des trucs et astuces en vidéo, et les sujets sont divers, mais tout le monde n’est pas sur les réseaux. J’aime impliquer un maximum de gens dans ce que je fais, et j’espère leur apprendre quelque chose ou les inspirer. »

Son livre s’est depuis vendu à 10 000 exemplaires : un véritable best-seller. « Beaucoup d’ouvrages, y compris sur la finance, se vendent à peine. J’ai donc bien conscience de la chance que j’ai d’avoir un livre qui figure depuis si longtemps déjà dans le top 10 non-fiction de Standaard Boekhandel. Je dois néanmoins admettre que c’était ce que j’espérais. Avoir de l’impact en en vendant au moins 10 000 copies était mon objectif dès le début, et je l’ai d’ailleurs écrit dans mon livre. J’ai promis que, si nous atteignions ce nombre, mes lecteurs pourraient en attendre une suite. »

Selon Thomas Guenter, le besoin d’informations sur des thèmes financiers est considérable. « Je le constate à chaque fois : je reçois de nombreuses réactions lorsque je publie une vidéo ou un post, les gens viennent de loin pour assister à mes présentations sur la finance personnelle et, de plus en plus souvent, des familles fortunées viennent me voir pour discuter de leur patrimoine. J’ai l’impression que ce type de thématiques figure réellement en tête des priorités. La finance personnelle est bien vivante. »

Finfluenceur

Thomas Guenter atteint chaque moins un million de Flamands via ses réseaux sociaux. « Je n’aurai jamais pensé que les choses prendraient une telle ampleur. J’ai débuté en 2021 par un petit blog sur la finance. Ma motivation était simple : même en tant qu’ingénieur commercial et juriste, je ne savais pas bien quoi faire de mes premières économies ou mon premier salaire. » 

Bien qu’il existe déjà de bons ouvrages sur la finance personnelle, Thomas Guenter trouvait beaucoup d’entre eux trop fastidieux et peu pratiques. « Il me manquait quelque chose qui aiderait vraiment les gens à prendre des mesures concrètes, et je voulais combler cette lacune. J’ai donc commencé à partager des trucs et astuces concrets. J’ai décidé de partager mes connaissances, par exemple après mon premier achat immobilier, mes premiers investissements en Bourse ou lorsque j’ai aidé mon père à réaliser sa planification successorale. Mon unique but était de partager des informations utiles, et pas de collectionner les abonnés, ou faire un jour de mon blog mon métier. Cela n’a jamais été mon intention. » 

Connotation négative

Malgré son succès, Thomas Guenter ne se sent pas à l’aise avec le terme de finfluenceur. « Cela fait indubitablement partie de mon identité, parce que je partage du contenu financier sur les réseaux sociaux, ce qui fait partie de la définition d’un finfluenceur. Mais ce terme a fini par prendre une connotation négative, explique Thomas Guenter. En Belgique, certains finfluenceurs emploient des stratégies marketing agressives. Ils proposent des communautés en ligne onéreuses ou font la promotion de cursus coûteux sur des stratégies ayant fait la preuve de leur inefficacité. Ils travaillent parfois avec des entreprises douteuses proposant des produits contraires aux intérêts de leurs abonnés. Je reçois régulièrement des messages de personnes qui se sentent flouées par ces finfluenceurs. C’est la raison pour laquelle ce terme est devenu stigmatisé. »

Thomas Guenter rappelle par ailleurs que ses activités en ligne ne sont rien de plus qu’un hobby. « Mon véritable métier, c’est mon rôle de multi-family officer et, prochainement, de gestionnaire de fonds. Je n’essaie de mettre un truc ou une astuce en ligne que quand j’ai le temps de le faire. J’espère que les gens me voient davantage comme un professionnel qui fait de son mieux pour partager du contenu que comme un pur influenceur. »

Multi-family officer

Thomas Guenter a étudié deux disciplines : l’ingénierie commerciale et le droit. Il a obtenu en 2019 son diplôme de juriste, et celui d’ingénieur commercial en 2020. Il a ensuite travaillé comme consultant à Bruxelles, chez Arthur D. Little et Boston Consulting Group. Au bout de trois ans, il a décidé de fonder son propre multi-family office, sa propre entreprise de conseil financier.

Aujourd’hui, il assiste plusieurs familles dans la gestion de leurs finances. Il essaie de se focaliser sur les familles disposant d’au moins 25 millions d’euros de patrimoine à investir. « Mon contenu en ligne concernant les investissements en Bourse, le capital-investissement, le capital-risque et l’immobilier a attiré leur attention. Mes premiers clients ont véritablement manifesté une grande confiance en s’adressant à moi : je ne venais pas du monde traditionnel de la finance. Mais c’est justement pour cette raison que certains ont frappé à ma porte. Ils ne voulaient pas d’un conseiller qui employait la même approche depuis vingt ans, mais d’une personne avec un regard neuf, qui commencerait par une feuille blanche, effectuerait des analyses utiles et leur donnerait des conseils pratiques. » 

Qu’attendent ces familles de lui ? « Beaucoup ont l’impression de trop payer sans recevoir suffisamment en retour. Elles veulent gérer leurs investissements plus efficacement. Pour certaines d’entre elles, cela signifie passer à des investissements passifs pour leurs placements boursiers. »

Autre problème auquel est fréquemment confronté Thomas Guenter : la mauvaise répartition du patrimoine. « Les familles que j’aide réalisent souvent un rendement net additionnel de 2 à 5 % par an grâce à quelques petits ajustements seulement. Pour 100 millions d’euros de patrimoine, par exemple, cela représente 3 millions d’euros supplémentaires dès la première année. Et ce montant s’accroît bien entendu au fil des ans. » 

L’approche de Thomas Guenter s’appuie sur la diversification et la maîtrise des coûts. « J’aide mes clients à « colorer » davantage leur portefeuille en y ajoutant d’autres classes d’actifs, comme le capital-risque ou le capital-investissement, et ce, en suivant une stratégie à faibles coûts. Je dresse l’inventaire de toutes les possibilités d’investissement et je négocie pour obtenir des réductions de coûts. »

Un propre fonds

Pour Thomas Guenter, la prochaine ambition en tant que family officer est claire : « La prochaine étape logique consiste à créer mon propre fonds. Le bon côté de mon travail est que je tombe régulièrement sur des fonds non cotés intéressants. Les entreprises non cotées jouent bien souvent un rôle important dans le portefeuille des familles fortunées.

Le capital-investissement et le capital-risque représentent facilement 30 % de leur patrimoine. Pourtant, ces classes d’actifs sont inconnues de la plupart des gens, qui se tournent avant tout vers l’immobilier et la Bourse. Mais ces deux autres catégories offrent souvent des rendements supérieurs aux actions et à l’immobilier, bien qu’il s’agisse d’investissements moins liquides et qu’il soit plus difficile de déterminer quels fonds sont réellement intéressants. » 

Ajoutons à cela que le capital-investissement est souvent peu accessible du fait de son seuil d’entrée élevé. « L’investissement minimum est généralement d’au moins 250 000 euros, parfois même quelques millions. Pour moi, c’est un beau défi que de rendre les fonds intéressants que je recense pour mes clients accessibles à un plus large public, par exemple avec un seuil d’entrée à 100 000 euros. Lancer un fonds qui investit dans d’autres fonds est un objectif que je me suis fixé, et ce sera la prochaine étape pour Finhouse. »

Vendre des sucettes

On ne parlait pas beaucoup d’argent chez lui, mais il considérait déjà les questions financières et entrepreneuriales différemment de la plupart des enfants de son âge.

« En première secondaire, je vendais des sucettes à l’école. Je les achetais chez un grossiste à un prix bien plus bas que les autres élèves qui en vendaient aussi. Je pouvais donc les proposer en dessous de leur prix. Tandis que mes concurrents achetaient leurs sucettes à 0,25 euro et les vendaient à 0,30 euro, je les achetais à 10 centimes et les revendais à 20 centimes. On peut donc dire que j’ai développé tôt mon esprit d’entreprise. » 

À part cela, il a vécu une jeunesse plutôt normale. « Je jouais à Call of Duty, pratiquais des sports comme le tennis et le football et vivais comme un adolescent ordinaire. Je n’étais pas du tout branché investissements ou obsédé par l’argent. »

Dans le rouge

Thomas Guenter est à la fois finfluenceur, multi-family officer et orateur très demandé. Ces derniers mois, il est intervenu trois fois par semaine en moyenne auprès d’entreprises et d’organisations. « Je suis un travailleur acharné. Pour moi, fixer des objectifs ou dresser une liste de choses à faire et en cocher les cases l’une après l’autre va de soi. » Parfois cependant, il se retrouve face à lui-même. « Je ne ressens aucune des choses que je fais comme du travail. Mais peut-être est-ce aussi un problème. J’aime tellement mon travail que j’ai du mal à poser des limites, et aujourd’hui, je suis dans le rouge ; je l’admets sans détour. Je devrais rattraper un peu de sommeil en retard. »

Pourtant, Thomas Guenter collabore souvent avec des indépendants. « Ces personnes suivent mes demandes d’intervention, éditent mes vidéos, gèrent mes collaborations, envoient des factures et s’occupent de ma comptabilité. Si j’en fais la liste, je travaille avec près de dix personnes pour des missions de sous-traitance ou d’indépendants. Malgré tout, il me reste encore trop à faire, notamment dans le cadre du lancement de mon premier fonds. Le « goulet d’étranglement », c’est moi. Mes clients attendent des réponses, et je n’arrive tout simplement pas à suivre. Je dois franchir l’étape suivante de mon parcours d’entrepreneur, et c’est pourquoi je recruterai mes premiers employés dès l’année prochaine. »

Author(s)
Tags
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No