Depuis la crise financière de 2008, les fonds alternatifs liquides ouverts, ou liquid alts, ont connu un développement tumultueux. Dans une industrie des fonds où les flux sont sous pression pour de nombreux gestionnaires actifs, ce groupe de stratégies de type hedge funds constitue une exception positive.
Au cours des 10 dernières années et jusqu’à fin décembre 2018, le nombre de fonds alternatifs liquides en Europe a augmenté de pas moins de 76 % pour passer à plus de 2600, explique Jeffrey Schumacher, analyste Morningstar dans cet article pour Investment Officer.
Les actifs sous gestion de ces fonds ont connu une croissance phénoménale, passant de 50 milliards d’euros en 2008 à 420 milliards d’euros à la fin de l’année dernière. Cette croissance des fonds alternatifs liquides a donc été plus forte que pour toutes les autres classes d’actifs.
La poussée de croissance et l’accroissement de nouveaux fonds signifient également que le paysage est en grande partie constitué de stratégies qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Bien au contraire, car de nombreux fonds ont du mal à atteindre leurs objectifs de rendement, et de nombreux fonds à rendement absolu ont enregistré une perte en 2018.
Les stratégies qui bénéficiaient pleinement de l’intérêt des investisseurs ont également connu des moments difficiles. Après avoir atteint une taille considérable, les acteurs dominants de ce segment ont dû faire face à des sorties de capitaux. Il s’agit là de signes d’une classe d’actifs en plein développement et qui n’est certainement pas encore mature.
Sortie de capitaux
Les données sur le flux de 2018 montrent clairement que les fonds alternatifs ne sont pas à l’abri du sentiment du marché. C’était la première année depuis la crise financière que la classe d’actifs a été confrontée à des sorties nettes de capitaux.
En 2019, la classe d’actifs ne s’en tirera pas beaucoup mieux. À la fin du mois d’avril, elle avait enregistré une sortie de 24 milliards d’euros, les 429 milliards d’euros d’actifs sous gestion étant nettement inférieurs au pic de 490 milliards d’euros atteint en mai dernier.
Le top 5 que nous avons compilé est basé sur l’entrée nette au niveau du fonds en 2019 jusqu’à la fin avril dans toutes les catégories alternatives de la base de données Morningstar.
Klaus Kaldemorgen
DWS Concept Kaldemorgen, qui a vu affluer près de 700 millions d’euros d’argent frais, arrive en deuxième position. Le fonds, que les analystes Morningstar ont fait passer du bronze à l’argent l’an dernier, est dirigé par le vétéran Klaus Kaldemorgen (photo).
Depuis le lancement du fonds en 2011, il s’est entouré d’une équipe solide, qui est restée stable malgré l’incertitude entourant DWS. La continuité est également garantie maintenant que Kaldemorgen a indiqué qu’il resterait chez DWS au moins jusqu’en 2021 et a également transféré diverses tâches aux membres de l’équipe dans le cadre du suivi.
L’approche du fonds se caractérise par un contrôle des risques, la volatilité annuelle ne pouvant pas dépasser pas 10 %. Kaldemorgen a la flexibilité de répartir l’allocation entre actions, obligations, liquidités et or en fonction de sa vision du marché, tandis que des produits dérivés sont également utilisés pour positionner le fonds tactiquement ou pour couvrir les risques. Les positions courtes ont un rôle limité dans le cadre du mandat.
Le fonds a une préférence naturelle pour les actions de valeur et à dividende, mais les écarts de style sont surveillés en permanence. Kaldemorgen a également enregistré une perte de près de 3% en 2018, mais un rendement positif a toujours été atteint durant ses autres années.
Event Driven
Le fonds BlackRock Global Event Driven, qui a reçu la note bronze, occupe la quatrième place avec une entrée nette de 405 millions d’euros. Le fonds profite pleinement des solides ressources technologiques et quantitatives que la société de fonds a à offrir. Mark McKenna, le gestionnaire qui gérait le volet événementiel du fonds de dotation de Harvard avant de rejoindre BlackRock en 2014, a mis sur pied une équipe de six professionnels de l’investissement ayant une vaste connaissance du paysage des investissements événementiels.
Le fonds peut investir dans toutes sortes d’événements corporate, ce qui le distingue des fonds uniquement spécialisés dans l’arbitrage de fusion. Le fonds investit normalement 70 % de son actif dans des ‘hard-catalyst events’, tels que fusions et acquisitions, tandis que le reste est investi dans des ‘soft-catalyst events’, tels qu’un changement dans la direction d’une entreprise. Les risques sont étroitement surveillés et les positions limitées à 3 % de la valeur nette des actifs.
La stratégie s’est bien comportée, tandis que le bêta est resté faible. Même au quatrième trimestre 2018, les pertes ont été limitées, ce qui a permis au fonds de clôturer l’année 2018 avec un rendement positif.