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De nombreux analystes pensaient que les économies émergentes resteraient vulnérables aux hausses de taux d’intérêt en 2023. Elles le furent moins que prévu, et cela n’a pas échappé aux investisseurs.

L’indice JPM GBI-EM Global Diversified clôture le deuxième trimestre sur un gain de 2,1 % en euros, ce qui porte son rendement depuis le début de l’année à 5,5 %, soit l’une des meilleures performances de 2023 parmi les indices obligataires.  Les investisseurs européens ont fait montre d’optimisme en avril et en mai en injectant 1,5 milliard d’euros environ dans les fonds obligataires des marchés émergents libellés en monnaie locale. Les stratèges de gestionnaires d’actifs tels qu’Amundi, Schroders et BlackRock font également preuve d’engouement pour cette classe d’actifs et anticipent des baisses de taux d’intérêt de la part des banques centrales locales. 

Le rendement positif de l’indice cette année s’explique en partie par l’évolution plus favorable des taux de change, notamment en Amérique du Sud, où le réal brésilien s’était apprécié de près de 9 % par rapport au dollar à la fin du mois de juin. Le peso mexicain a fait mieux encore, engrangeant 13,8 %. Mais comme souvent, les divergences entre les économies émergentes sont marquées. Si le baht thaïlandais (-2,8 %) a réussi à limiter la casse, le rand sud-africain a perdu 9,1 % de sa valeur au cours du premier semestre 2023. Le dollar s’est quant à lui apprécié de 27 % par rapport à la roupie pakistanaise, et le pays a dû faire appel au FMI pour éviter une faillite imminente. 

Le spectre de l’inflation semble se dissiper

Les investisseurs en obligations des marchés émergents évaluent la stabilité financière des pays à l’aune de leur situation budgétaire, leurs conditions monétaires et leurs objectifs politiques. 

Contrairement aux crises des années 1980 et 1990 en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, nombre des grands marchés émergents sont entrés dans la pandémie de Covid-19 avec un système bancaire plus robuste et une plus grande discipline budgétaire. Sur le plan monétaire, les banques centrales des économies émergentes ont également réagi de manière assez prompte et ferme aux hausses de prix. Au Mexique, par exemple, les taux directeurs ont été relevés de 725 points de base depuis juin 2021, pour s’établir à 11,3 %. À quelques exceptions près, l’inflation dans les marchés émergents n’est aujourd’hui pas plus élevée que celle des pays plus développés (prévisions de l’hebdomadaire The Economist pour 2023 : Inde 5,3 % ; Indonésie 3,8 % ; Corée du Sud 3 % ; Brésil 4,8 % ; Mexique 5,5 % ; Chine 1,2 %), ce qui laisse à penser que les banques centrales flairent peut-être déjà la fin du cycle de resserrement monétaire. 

La Turquie à nouveau sur la bonne voie ?

La Turquie, qui a du retard à rattraper sur le plan monétaire, fait figure d’exception. La banque centrale turque, dirigée par la gouverneure Hafize Gaye Erkan, a relevé le taux des prises en pension à une semaine de 8,5 % à 15 % en juin, mais le marché attendait clairement plus de l’ancienne cadre de Goldman Sachs, puisque la livre turque a perdu des plumes depuis sa nomination. Le taux de change du dollar américain par rapport à la livre turque était de 26 à la fin du mois de juin 2023, alors qu’il s’inscrivait encore sous 2,5 en 2014. 

De nouvelles hausses des taux d’intérêt sont attendues dans les mois à venir, mais sans certitude. Il faut dire que la banque centrale turque, en partie sous l’influence du président Erdogan, a suivi une politique peu orthodoxe pendant des années, en continuant à réduire les taux directeurs malgré une inflation galopante. Les banquiers centraux qui n’adhéraient pas à cette politique étaient limogés sur-le-champ. 

Top 5

Pour établir le top 5 de cette semaine, nous nous focalisons sur les fonds les plus performants du premier semestre 2023, qui investissent dans des obligations des marchés émergents en monnaie locale (dont une catégorie de fonds sans commission de distribution est disponible en Belgique).

L’or revient au DPAM L Bonds Emerging Markets Sustainable, l’un des plus grands fonds de cette catégorie, qui excelle depuis son lancement en mars 2013. Il est géré par Michael Vander Elst depuis janvier 2018, qui a été rejoint en mai 2019 par Hugo Verdiere, venu tout droit de chez Candriam. Michael Vander Elst opère pour Degroof Petercam Asset Management depuis 2018 et a travaillé auparavant pour AXA Bank et ABN AMRO, notamment. Le fonds investit principalement dans des obligations d’État émises dans les marchés émergents et recourt activement à des analyses macroéconomiques, de crédit et de durabilité. Il s’agit d’un fonds Article 9 du SFDR, ce qui est très singulier dans cette catégorie. 

Toujours dans le top 5, l’on trouve le fonds EM Local Debt de Capital Group, noté Bronze par les analystes de Morningstar pour cette catégorie. La stratégie est actuellement gérée par les très chevronnés Kirstie Spence, Robert Neithart et Luis de Oliveria, sachant que Robert Neithart prendra sa retraite à la fin de cette année. Le trio peut se targuer de 30 ans d’expérience en moyenne, dont 28 ans au sein de Capital Group. Plutôt que de rechercher un consensus, chaque gestionnaire est responsable de la gestion d’environ un tiers du portefeuille. À partir du 1er octobre 2023, la majeure partie du portefeuille de Robert Neithart sera gérée par l’équipe d’analystes de Capital Group, qui compte sept personnes.

Le processus combine une analyse macroéconomique top-down et une analyse fondamentale bottom-up. La majeure partie des actifs est investie dans des obligations en monnaie locale, mais les gestionnaires disposent d’une certaine marge de manœuvre pour s’écarter de l’indice de référence. La duration du portefeuille, une mesure de la sensibilité aux taux d’intérêt, peut différer d’un an par rapport à celle de l’indice de référence JPM GBI-EM Global Diversified. C’est dans la sélection des pays que l’équipe espère ajouter le plus de valeur.

BE

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