Hans Dieperink
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En 1973, le Jour du Grand Pardon, Israël subissait une attaque menée par la Syrie, l’Égypte, le Maroc, l’Irak, l’Algérie, le Koweït et l’Arabie saoudite. Le boycott pétrolier décidé pendant la guerre avait alors entraîné la première crise pétrolière, et rapidement fait tripler le prix du pétrole.

Cette guerre a ainsi marqué un tournant dans la rapide croissance économique occidentale qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. La guerre du Kippour a essentiellement été menée avec des chars d’assaut, et le conflit en Ukraine a montré que ces chars étaient des armes dépassées et faciles à détruire par des drones. De nos jours, tout cela peut être suivi sur les réseaux sociaux, qui jouent également un rôle prépondérant dans le terrorisme moderne, comme on a déjà pu le voir avec l’État islamique, et comme on le voit à présent avec les attaques cruelles et inhumaines du Hamas contre les civils israéliens.

La guerre en Ukraine a également montré que les coûts nécessaires pour mener une guerre diminuent rapidement. Si l’armée israélienne est supérieure sur le plan technique, ce n’est pas pour autant une garantie de stabilité. La grande question est à présent de savoir si les attentats du week-end dernier vont entraîner un nouveau revirement de l’économie mondiale. 

Des réactions brutales après les attaques surprises

On dresse d’ores et déjà des comparaisons avec les attentats du 11 septembre 2001 et Pearl Harbour. Là encore, il s’est agi d’une attaque surprise, que les célèbres services de renseignement israéliens n’ont pas vue venir. Même les Américains ont été surpris, alors qu’ils semblaient justement disposer des meilleurs renseignements en Ukraine.

Il se peut que la sécurité nationale ait été endormie par la présence du Dôme de fer. Israël a vraisemblablement supposé que le Hamas n’oserait pas envahir le pays. Or, rien n’est plus dangereux que de sous-estimer son adversaire. L’attaque ayant été une surprise totale, il est d’autant plus nécessaire de réagir avec fermeté, à l’instar de la réponse aux attentats du 11 septembre et à l’attaque de Pearl Harbour, ne serait-ce que pour la considérable dégradation d’image subie par le pays. 

L’absence de riposte n’est pas une option

Les centaines de morts et milliers de blessés provoqués par les attaques ne laissent pas d’autre choix à Israël que de réagir encore plus durement. Ne pas riposter à une telle attaque n’est tout simplement pas une option, et aucun gouvernement israélien n’y survivrait. Netanyahu a fait savoir que la guerre serait longue et viserait la destruction du Hamas. Cette répression brutale est en outre, malheureusement, le seul moyen de dissuader le Hamas et d’autres organisations similaires. Essayer de discuter ne servirait à rien.

Il est probable que la réponse israélienne prendra de nombreuses semaines, sinon des mois. Des condamnations de la part de certaines parties du monde arabe seront en outre inévitables lors des combats à Gaza. Israël ne voudra plus, pour l’heure, faire aucune concession vis-à-vis des Palestiniens, et ce point fait d’ailleurs partie des précédents pourparlers de paix menés avec l’Arabie saoudite.

Une polarisation mondiale

Ces attaques renforcent par ailleurs la polarisation bien au-delà des frontières d’Israël. En Égypte, des Israéliens ont été tués dans un attentat. Des affrontements entre Juifs et Arabes ont eu lieu dans plusieurs villes aux États-Unis. À Sydney, des manifestants pro-Palestiniens s’en sont pris à l’Opéra parce que le drapeau israélien y était projeté. En Europe également, les synagogues et écoles juives font l’objet d’une surveillance renforcée. Pendant ce temps, les opposants à Israël célèbrent dans le monde entier les attaques du Hamas, roulent en klaxonnant dans les rues et arborent des drapeaux pro-Palestine. 

Le rôle de l’Iran

Cette attaque n’aurait pas été possible sans le soutien de l’Iran. Il se peut ainsi qu’Israël ne se contente pas de combattre le Hamas et le Hezbollah, mais souhaite aussi frapper l’Iran, avec, à la clé, le risque additionnel d’une interruption partielle des exportations de pétrole en provenance du golfe Persique. >Reste à savoir si l’Arabie saoudite serait disposée à pomper davantage de pétrole le cas échéant. L’Iran est toujours en pleine mise au point d’une bombe nucléaire, ce qui constitue une menace directe pour l’État d’Israël, dont l’Iran déclare ouvertement vouloir la destruction. Si le pays travaille depuis des années à un accord nucléaire avec les Américains, la situation actuelle ne le permet plus pour l’heure.

Sous la présidence de Donald Trump, la production de pétrole iranien avait chuté à environ 500 000 barils. Après l’arrivée de Joe Biden, cependant, les exportations de pétrole iranien ont augmenté d’au moins 1 million de barils par jour. Il est par conséquent possible que des sanctions imposées à l’encontre de l’Iran réduisent de nouveau la production mondiale de pétrole de 1 à 1,5 million de barils par jour, avec à la clé une nouvelle augmentation de son prix, alors que l’écart entre offre et demande est plutôt serré sur les marchés pétroliers. Aux États-Unis, les réserves stratégiques de pétrole sont au plus bas. 

Un impact sur les élections américaines

Il existe également le risque que cette situation affecte les démocrates aux États-Unis. Le président Joe Biden subissait déjà une certaine pression pour s’être montré trop souple, notamment à l’égard de l’Iran. Il semble à présent avoir misé sur le mauvais cheval. À l’approche des élections, les pays arabes n’écouteront pas sérieusement Joe Biden lorsqu’il appellera à produire davantage de pétrole si l’Iran se voit imposer des sanctions ; en effet, après celles imposées à la Chine et la Russie, il est inévitable que l’Iran fasse également l’objet de lourdes sanctions américaines. Ceci rapprochera encore davantage les États-Unis d’une récession avant les élections et pourrait bien être le facteur décisif dans la course au coude-à­-coude entre Trump et Biden.  

Han Dieperink est directeur de la stratégie d’investissement chez Auréus Vermogensbeheer. Il a auparavant été directeur des investissements chez Rabobank en Schretlen & Co. 

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