MiFID II engendre des bouleversements dans le monde de la gestion. Dans les banques privées, tout le monde s’agite, des services informatiques au compliance officer en passant par les gestionnaires et les chargés de clientèle.
La gestion conseil, qui offre un service personnalisé aux clients, va être particulièrement impactée par cette directive. « On peut penser que dans certaines plus petites structures, ce type de gestion très personnalisée va disparaître en raison de la lourdeur des investissements informatiques qu’elle engendre », estime Vincent Delfosse, Head of Investment Products & Advisory chez Deutsche Bank Belgium.
Tout enregistrer !
En ce qui concerne le profilage du client, nous n’assistons pas à une véritable révolution par rapport à la première mouture de MiFID, même si certaines exigences sont plus strictes. Cependant, dans la transmission du conseil, des étapes supplémentaires ont été ajoutées augmentant ainsi la lourdeur de la procédure.
« Le conseiller doit s’assurer que le client est bien dans le groupe-cible du produit qu’il lui recommande. Ce groupe cible doit être défini par l’émetteur du fonds. Mais il faut aussi que le conseiller justifie l’impact qu’aura sa recommandation sur le portefeuille », ajoute Vincent Delfosse.
De plus, il devra transmettre un compte-rendu de l’entretien qu’il aura eu avec son client et archiver les conversations téléphoniques. Avant chaque proposition, il faudra également veiller à ce que le client bénéficie d’une transparence sur les frais que l’opération va induire.
Dans ce cadre, il s’agit non seulement d’établir un décompte des frais mais aussi de démontrer l’impact que ces frais auront sur la performance du produit. Collecter toutes ces données pour chaque commentaire émis pour chaque client suppose donc un investissement colossal en temps et en outils informatiques.
Abandon ou glissement
« Dans ce cadre, on peut donc s’attendre à ce que certains acteurs, surtout les plus petits, se trouvent confronter à un choix. Soit ils arrêtent cette activité de conseil, soit ils segmentent leur activité pour des clients plus aisés et l’abandonnent pour les plus petits portefeuilles. Ils peuvent aussi opter pour un conseil standardisé », note notre interlocuteur.
On imagine aussi que ce genre de contraintes constitue une barrière à l’entrée pour de nouveaux arrivants dans le secteur. Il faut en effet pouvoir bénéficier d’une grosse infrastructure pour offrir ce type de services.
À noter encore que les conseillers pourraient aussi pousser leur clientèle en conseil vers la gestion discrétionnaire dont les exigences sont moindres à certains égards puisqu’elle implique une discussion, un mandat de gestion et moins d’interventions de conseil périodiques.
Suite à MiFID II, le secteur de la gestion va certainement connaître des changements en Belgique. Affaire à suivre donc!