Afbeelding van LeeRosario via Pixabay
car-7328771_1280.jpg

Autrefois incarnation de l’innovation, les constructeurs automobiles allemands risquent aujourd’hui d’être dépassés par leurs homologues chinois, qui adoptent plus rapidement les technologies les plus récentes. Oser l’innovation disruptive semble plus facile sur un nouveau marché, qui n’est pas entravé par une longue histoire.

À la fin de l’année dernière, la marque automobile allemande haut de gamme Audi a abandonné en Chine son iconique logo aux quatre anneaux, qui date au début des années 1930, pour le remplacer par le nom « Audi » en lettres majuscules. Si la marque de luxe utilise depuis des années le slogan Vorsprung durch Technik (l’avance par la technologie), ce sont de plus en plus souvent les constructeurs chinois qui se positionnent à l’avant-garde de l’innovation technologique. 

Stuart Dunbar, associé de la société d’investissement écossaise Baillie Gifford, affirme que l’avenir du secteur automobile se joue de plus en plus en Chine. « Avec des modèles de voitures mettant fortement l’accent sur les logiciels et les technologies numériques, la Chine est passée du statut de suiveur à celui de leader du marché en matière d’innovation », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec Investment Officer.

Baillie Gifford, connu pour avoir investi très tôt dans Tesla et Nvidia, applique une philosophie d’investissement axée sur l’identification des game changers, ces acteurs capables de perturber des industries. Sous la devise Dare to disrupt, son équipe explore les marchés mondiaux à la recherche d’actions de croissance susceptibles de transformer leur secteur au cours des cinq à dix prochaines années. 

Si Stuart Dunbar identifie avant tout des opportunités dans le secteur automobile chinois, c’est parce qu’il détecte des tendances comme la conduite autonome et le stockage de l’énergie dans des batteries pour véhicules électriques, combinées aux faibles valorisations des actions chinoises. « Une opportunité idéale pour investir dans les futurs acteurs de la disruption », a-t-il déclaré. « De plus, les Chinois savent mieux répondre à la principale exigence des clients : une meilleure qualité à un prix plus bas. »

Les constructeurs chinois semblent mieux gérer les mises à jour technologiques des logiciels, une autre exigence clé des clients. « Les constructeurs automobiles européens traditionnels restent encore trop focalisés sur les éléments matériels, alors que les clients accordent une importance au moins équivalente aux logiciels», explique Stuart Dunbar. « Tesla a peut-être atteint son apogée en tant que vendeur de voitures, mais en tant que fournisseur de données, il restera encore leader du marché pendant des années. » Les Chinois, en revanche, misent tellement sur le software que Nio, le rival de Tesla, équipe ses voitures de hardware tels que puces, caméras et capteurs avancés, et de software de base pour produire un « produit viable à minima » qui est ensuite perfectionné à distance afin d’exploiter pleinement le potentiel de la voiture, rapporte le Wall Street Journal.

Mobilité intelligente

L’essor de la conduite autonome semble irréversible, avec un nombre croissant de véhicules intégrant une intelligence artificielle leur permettant de fonctionner sans intervention humaine. Dans certaines régions de Chine, des services de taxis entièrement autonomes sont déjà en service. « La conduite autonome comporte de nombreuses variables, et la marge d’erreur doit être quasi nulle avant d’envisager un déploiement à grande échelle. La première étape consiste avant tout à rendre les véhicules plus intelligents », explique Stuart Dunbar.

En octobre 2024, Baillie Gifford a investi 260 millions de dollars de capitaux gérés pour ses clients dans l’introduction en Bourse de la société technologique chinoise Horizon Robotics, acquérant ainsi plus de 500 millions d’actions. Cet investissement vient compléter un investissement antérieur dans la société, réalisé alors qu’elle n’était pas cotée. Horizon Robotics est spécialisée dans l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs pour la conduite autonome. « L’entreprise fournit des technologies comme la reconnaissance d’images, la fusion de capteurs et l’apprentissage profond, rendant ainsi des véhicules tels que ceux de BYD plus intelligents », explique Stuart Dunbar.

Robotisation

Les différences se marquent également dans le processus de production. Tandis que les constructeurs automobiles asiatiques investissent massivement dans la robotisation, leurs homologues européens peinent à se réinventer. Englués dans leurs traditions et confrontés à des syndicats qui rendent le changement difficile, ils restent à la traîne. « Aucun constructeur automobile européen ne parvient à dégager des bénéfices sur la production de véhicules électriques », observe Stuart Dunbar. « En revanche, les marques asiatiques ont réussi à rendre cette activité rentable grâce à une automatisation et une robotisation avancées. »

Le constructeur automobile sud-coréen Hyundai a récemment inauguré un site de production high tech à Singapour, un exemple que Stuart Dunbar cite volontiers comme source d’inspiration pour les marques automobiles traditionnelles. « Le Hyundai Motor Group Innovation Center à Singapour illustre parfaitement l’utilisation efficace des avancées technologiques », explique-t-il. « Avec seulement cinquante employés sur site et deux cents robots, l’usine produit trente mille IONIQ 5 EV par an. Ce modèle de robotisation est crucial pour rendre la production de véhicules électriques rentable. »

Le consommateur européen se tourne vers les marques chinoises

Depuis quelque temps, les consommateurs européens optent de plus en plus pour des voitures à la fois abordables et de qualité, principalement fabriquées en Chine. « Une BYD de bonne qualité est disponible à partir de 35 000 euros, tandis qu’un modèle longue autonomie coûte 50 000 euros. Par ailleurs, BYD envisage de proposer un véhicule électrique d’entrée de gamme à seulement 20 000 euros afin de rendre la mobilité électrique plus accessible », conclut Stuart Dunbar.

Articlex connexes sur Investment Officer :

Author(s)
Categories
Target Audiences
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No