
Lorsqu’elle finance des entreprises, la plateforme de crédit privé Colesco a un argument de poids : les coûts de financement diminuent lorsque les objectifs de durabilité sont atteints. Rabobank, APG et d’autres investisseurs institutionnels ont investi collectivement plus de 850 millions d’euros dans ce type de prêts privés « à impact ».
Lancée en 2023, Colesco a annoncé au début de l’année qu’elle avait levé plus de 850 millions d’euros lors de son premier tour de table. Selon les données de newprivatemarkets.com, cela fait déjà de la plateforme de crédit privé le plus grand acteur du segment des prêts aux entreprises européennes de taille moyenne (à partir de 10 millions d’Ebitda) actives dans les domaines de la transition énergétique, de l’approvisionnement alimentaire durable et de la promotion d’une société inclusive. Rabobank, actionnaire unique de Colesco, et APG sont des « investisseurs de référence ».
S’adressant à Investment Officer, Danny Vroegop, cofondateur et CIO de Colesco, déclare que l’objectif est de doubler les plus de 800 millions d’euros dans un avenir proche. « Nous voyons de fortes opportunités sur ce marché, qui continue de croître en raison de l’intense activité sur ces thèmes et de la prudence des banques. Cela permet aux investisseurs d’accéder à des investissements durables, proches de chez eux, avec des rendements attractifs et un impact social. »
La concurrence vient du marché des obligations vertes et sociales, qui est vaste et (également) en forte croissance. « Mais l’anonymat et l’ampleur du marché ne font pas rêver, constate M. Vroegop. Le crédit privé est en fait bien tangible et clair pour les investisseurs. » D’autre part, il existe bien sûr des fonds de crédit privé qui n’ont aucune exigence en matière d’ambitions durables. « Ils sont moins chers pour l’emprunteur, mais il s’agit en réalité d’un marché totalement différent. Colesco réunit des acteurs convaincus que seule une activité durable offre la perspective d’un bon rendement à long terme. Nous partageons cette ambition, nous y veillons toujours. »
Prêts importants
Colesco opère actuellement depuis Utrecht, Anvers et Londres, avec une équipe d’environ quinze personnes. Une nouvelle expansion est prévue. Trois entreprises néerlandaises sont aujourd’hui financées. Elles sont actives dans la construction de maisons plus durables (Circreate Group), le développement de médicaments de niche (Ace Pharmaceuticals) et la fabrication de chaussures de protection (Dunlop Protective Footwear). Il s’agit de prêts importants, à partir de 50 millions d’euros. « Souvent, ces prêts commencent à 100 millions d’euros », précise M. Vroegop. De tels montants de financement bancaire nécessitent aux Pays-Bas la coopération des trois grandes banques, mais grâce à Colesco, cela peut se faire avec une seule contrepartie.
« C’est un processus passionnant. Nous travaillons souvent conjointement avec des acteurs de capital-investissement, car il s’agit souvent de financer une nouvelle stratégie ou une acquisition. Ainsi, en incluant la direction, vous avez trois parties autour de la table. Les investisseurs veulent savoir comment nous pouvons influencer suffisamment les objectifs durables de l’entreprise. Cependant, lorsque l’on finance souvent plus de la moitié de l’entreprise, comme nous le faisons, on a clairement un rôle de premier plan à jouer dans l’orientation de l’activité. »
Les conventions et contrats qui accompagnent le financement contiennent divers accords visant à encourager la réalisation de ces objectifs durables. Cela comprend les réductions de taux d’intérêt : « Si une entreprise échoue sur ce front et qu’aucun progrès n’est réalisé, le financement devient plus coûteux. Si elle parvient à atteindre une partie des objectifs fixés, les conditions restent les mêmes. Mais si elle parvient à dépasser les attentes, elle sera récompensée par une réduction des coûts de financement. »
En fonction des performances
L’investisseur final en bénéficie également, car le bénéfice en termes d’impact est plus élevé, mais il le paie en partie avec des rendements financiers. Cependant, Colesco lie également la partie des frais payés par l’investisseur, qui est basée sur les performances, aux résultats des KPI durables. « Nous ne facturons une commission de performance qu’à partir d’un certain rendement, mais le montant dépend également des résultats durables que nous obtenons pour l’investisseur à partir du portefeuille d’investissement. Cependant, la première condition à remplir est une condition de rendement », explique M. Vroegop.
En moyenne, les prêts sont notés BB, et non investment grade. « Nous ne finançons que des entreprises existantes ayant de bons antécédents et des flux de trésorerie importants. Nous maintenons ainsi un rapport risque/rendement équilibré. Nous ne prétendons pas qu’il n’y a pas de risques : bien sûr qu’il y en a, mais nous voulons être très réalistes. Le crédit privé est sensible aux cycles économiques et nous entrons également dans une période où l’entreprise est confrontée à des changements majeurs. Mais une bonne sélection de crédit basée sur une analyse approfondie permet aux fonds de pension de placer une partie de leur portefeuille de crédit dans des investissements à plus haut rendement. »
La participation de l’organisme de retraite APG en atteste. « Nous en sommes bien sûr très satisfaits », déclare M. Vroegop. « APG est un acteur très sérieux, d’un poids considérable, avec des processus rigoureusement réglementés. Cela s’est également manifesté dans le processus d’acceptation que nous avons dû effectuer avec eux, qui nous a d’ailleurs beaucoup appris. Il s’agit en fait d’une mise à l’épreuve assez fréquente. Mais nous sommes prêts pour le prochain cycle de collecte de fonds », qui concernera le Royaume-Uni, en plus du Benelux et des pays scandinaves. « Nous restons assez près de chez nous, tout comme les entreprises que nous financerons. Nous ne voulons financer que ce que nous comprenons, ce qui signifie, par définition, que nous ne partirons pas à la conquête du monde », conclut le CIO.