Mifid II contraint les conseillers des banques à accompagner encore mieux les clients lors de leurs choix d’investissement. Par ailleurs, le profil de risque requiert de la part de la majorité des investisseurs particuliers une très nette surpondération des obligations. (La tâche n’est) Pas facile à une époque où les taux montent et où les marchés d’actions ont le vent en poupe. Dirk Thiels, stratège senior chez KBC, révèle à Investment Officer comment la banque (s’y prend) gère la situation.
Les perspectives de rendement des portefeuilles d’investissement défensifs sont médiocres. Il y a plusieurs années déjà, KBC a anticipé une hausse des taux en réduisant de 5 % la part des obligations dans les portefeuilles défensifs, la ramenant à 70 %, et en réduisant drastiquement les durées. Ce faisant, la banque a (porté au maximum) optimisé le rapport entre les emprunts et les actions, explique Dirk Thiels.
« De nombreux investisseurs ne se sentent pas à l’aise dès que leur portefeuille contient 30 % d’actions. Il n’est vraiment pas possible d’augmenter encore cette proportion compte tenu des scores de risque et de la frilosité de la plupart de nos clients ; il ne serait alors plus question de produits défensifs. »
Bon nombre de portefeuilles traditionnels sont assortis d’une protection de capital ou d’une surveillance du niveau plancher, ce qui rend l’obtention d’un rendement encore plus complexe dans (les circonstances de marché actuelles) la conjoncture actuelle. « Ces dernières années, ces fonds se sont révélés chers, c’est pourquoi nous dosons davantage cette surveillance du niveau plancher et nous ajoutons des produits ouverts. »
Behavioral Finance dans les portefeuilles clients
Pour encore mieux conseiller ses clients, KBC implémente depuis quelques mois un profil de risque enrichi sur les clients et leurs portefeuilles d’investissements. Cette « dimension supplémentaire » affine le profil du client suivant la théorie de la Behavioral Finance mise au point par Daniel Kahneman, notamment.
En résumé, cette théorie veut qu’un client lambda est deux fois plus sensible à une baisse survenant dans son portefeuille qu’à une hausse de même ampleur. Sur la base de cette approche, KBC répartit les investisseurs suivant trois catégories : l’aversion à la perte, la tolérance moyenne et la tolérance à la perte.
« Nous avons commencé à simuler le comportement de nos produits dans différentes conditions de marché et avons ainsi obtenu plusieurs constructions de portefeuilles agencés en fonction de la tolérance du client à la perte », poursuit Dirk Thiels. « Suivant son profil enrichi, la pondération au sein d’un portefeuille tend davantage vers la protection de capital, la surveillance du niveau plancher ou les produits ouverts. »
Actuellement, cette approche est surtout appliquée dans le cadre de la gestion discrétionnaire, mais dans le courant de cette année, elle sera (également) déployée progressivement dans les dossiers clients concernés par la formule de conseil.
Prêt pour Mifid II
Si l’on en croit Dirk Thiels, cette nouvelle méthode répond bien, pour ce type de clients, aux nouveaux critères de transparence imposés par Mifid II. Pour toutes les banques, il s’agira de souligner en particulier la valeur de leurs conseils car le client recevra désormais le décompte chaque année.
« Le marché tout entier craint le fameux effet Mifid, mais les règles valent pour tout le monde, donc à cet égard, il ne change pas grand-chose. Le décompte n’est plus exprimé en pour cent mais en argent, ce qui ne manquera pas d’effrayer certains. »
Pourtant, on peut difficilement s’opposer à un surplus de transparence, estime Dirk Thiels. « Désormais, il s’agit surtout de se distinguer de la concurrence, ce qui est très positif pour le consommateur. Notre nouvelle approche est un premier pas dans cette direction. »