En incorporant Box Consultants (région d’Eindhoven), Delen Private Bank franchit une nouvelle étape de sa conquête des Pays-Bas. « Nous voyons d’autres opportunités, mais les rachats ne sont pas une fin en soi », affirme Frederik Kalff, directeur pour les Pays-Bas, lors d’un entretien avec Investment Officer.
Delen Private Bank a finalisé, la semaine dernière, l’acquisition de Box Consultants, de Waalre ; les dix collaborateurs de Box ont officiellement rejoint la banque anversoise. Delen veut faire des Pays-Bas (environ 2 500 clients, 3 milliards d’euros sous gestion) son second marché domestique. Le rachat de Box fait suite à celui de Puur Beleggen plus tôt cette année, de Groenstate l’an dernier, de Nobel en 2019 et d’Oyens & Van Eeghen en 2016.
« Box passe progressivement chez Delen », avez-vous annoncé. Qu’est-ce que cela implique pour ses clients et employés ?
Frederik Kalff : « Rien ne change pour les clients en matière de philosophie d’investissement ; avant chaque rachat, en effet, nous nous assurons que les ADN se correspondent et que l’entente soit bonne, comme ce fut le cas pour Box. La principale nouveauté pour les clients sera un nouvel environnement virtuel. Ils pourront suivre quotidiennement leur portefeuille grâce à l’application Delen.
Box reste dans ses bureaux, que nous allons étendre. Nous voulons que cette intégration se fasse de façon confortable. Lorsque j’ai récemment présenté les nouveaux systèmes informatiques, j’ai surtout constaté du soulagement quant à leur simplicité par rapport aux précédents. »
L’informatique est-il le domaine où l’on a le plus à gagner avec la Belgique en termes de synergie ?
« Effectivement. L’informatique de l’ensemble du groupe est développée par à peu près 148 employés à temps plein au siège anversois ; il vient remplacer tous les systèmes plus anciens. »
Culture d’entreprise
Les contacts sont-ils nombreux entre les agences Delen aux Pays-Bas ?
« Absolument, nous réunissons au maximum les collaborateurs des six agences néerlandaises ainsi que du siège. Une grande part des législations et réglementations, dont la fiscalité, s’organisent au niveau national, nous tenons donc à unir toutes les connaissances néerlandaises à ce sujet. En outre, nous voulons favoriser une culture d’entreprise uniforme. N’oublions pas qu’il existe des différences culturelles non seulement entre la Belgique et les Pays-Bas, mais aussi au sein même des Pays-Bas, entre le nord, le sud, l’est et l’ouest. L’accent est différent, mais aussi la gestion. Outre les formations internes, les discussions informelles devant la machine à café sont donc au moins aussi importantes. À la fin de notre journée périodique de rencontre, nous allons également faire du sport ensemble afin de stimuler l’esprit d’équipe. »
Est-il difficile de trouver un équilibre entre expansion et « couleur locale » ?
« La proximité reste essentielle pour les clients. Il ne suffit donc pas d’avoir des visages néerlandais sur les sites néerlandais. Nous voulons par exemple que les clients du nord des Pays-Bas soient aidés par des collaborateurs du nord des Pays-Bas, qui sont également activement impliqués dans les réseaux d’affaires locaux. »
Il est d’ailleurs intéressant que les équipes locales puissent définir les objectifs de croissance pour les Pays-Bas de manière ascendante – on pourrait croire qu’ils sont définis par le siège anversois, voire par la holding Ackermans & van Haaren.
« C’est un processus intéressant. Bien sûr, Anvers formule aussi des ambitions pour l’ensemble des Pays-Bas, mais nous écoutons effectivement aussi les objectifs de nos collaborateurs locaux. Si l’on peut se permettre de saisir des opportunités, je le dis lors des réunions d’équipe. Et si les projets locaux vont trop loin, nous les réajustons. »
« Le plus important est qu’une fois que tout est bien mis en place, nous puissions œuvrer ensemble au projet commun. Ces dernières années, nous sommes largement parvenus à atteindre les objectifs découlant de cette approche ascendante, mais ceux liés à l’approche descendante n’ont pas posé de problème non plus. »
« Faire aller de pair la croissance organique et de nouveaux rachats » est, depuis quelques années, l’adage de Delen pour un marché néerlandais fragmenté. Est-il vrai que vous considérez 135 plus petits acteurs comme des cibles potentielles ?
« Le marché néerlandais de la banque privée compte les grandes banques, les acteurs de taille moyenne dont nous faisons partie et ces quelque 135 gestionnaires d’actifs plus petits. Il s’agit souvent de banquiers qui se sont départis des grandes banques dans les années 1990 pour travailler en indépendants. Certains sont de véritables perles. Face à une réglementation toujours plus pesante, une consolidation future est à prévoir. »
« Ces acteurs plus petits ne présentent cependant pas tous le même intérêt pour nous. Il est important que leur ADN corresponde au nôtre, en particulier à notre philosophie d’investissement, axée sur le long terme. Un gestionnaire d’actifs qui vise activement les actions individuelles ne correspond pas à notre vision. Mais nous voyons sans aucun doute d’autres opportunités. Nous sommes en dialogue permanent avec différentes parties, à différents stades du processus de négociation. »
Le fait que bon nombre de ces petits acteurs aient une aversion pour les grandes banques peut-il jouer en votre faveur ?
« Bien sûr. Notre notoriété aux Pays-Bas nous permet d’avancer dans la bonne direction mais, évidemment, nous ne sommes pas encore si connus que cela. Nous sommes donc considérés comme un acteur neutre. »
On peut donc s’attendre à encore davantage d’acquisitions aux Pays-Bas ?
« Lorsqu’on observe notre parcours de rachats chez nos voisins du Nord, on constate une accélération. Mais le timing joue lui aussi un rôle dans ces rachats : il doit être favorable pour les deux parties. Il peut se passer beaucoup de temps entre le premier contact et la finalisation de l’acquisition. Quoi qu’il en soit, nous enregistrons une croissance organique à deux chiffres aux Pays-Bas ; les rachats ne sont donc pas une fin en soi. Nous préférons ne pas racheter que faire un mauvais rachat. »