Black Swan
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Lorsqu’un consensus large se forme à propos du marché, des surprises se profilent souvent à l’horizon. Et si l’économie américaine se révélait finalement moins robuste qu’attendu, et l’Europe moins faible ? Le risque inflationniste est-il derrière nous, ou bien pourrait-il au contraire atteindre des sommets sans précédent ?

Investment Officer a sondé les principales sociétés de fonds concernant les surprises potentielles qu’elles anticipent pour 2025. Leurs réponses ont permis de dégager dix « cygnes noirs ».

  • Chine : faibles valorisations, attentes élevées

Un retournement de situation s’esquisse-t-il en Chine ? Les valorisations attrayantes sur les marchés d’actions chinois nourrissent l’espoir d’une hausse des cours. Paul Jackson, Global Head Asset Allocation Research chez Invesco, attire l’attention sur le cyclically adjusted price-to-earnings ratio (CAPE), qui s’élève actuellement à 15, un niveau nettement plus attrayant que les 40 mesurés aux États-Unis.

Vincent Juvyns, Global Market Strategist chez J.P. Morgan, estime que le sentiment négatif à l’égard des actions chinoises pourrait se dissiper rapidement si le gouvernement déployait des mesures de relance supplémentaires. Dans ce scénario, la Chine pourrait même devenir le marché d’actions le plus performant de l’année à venir. 

State Street souligne qu’une reprise du marché chinois ne profiterait pas seulement à la Chine, mais aussi aux marchés émergents du monde entier, ce qui pourrait offrir un élan à la croissance économique mondiale.

  • Les actions liées aux énergies renouvelables repartent à la hausse

L’enthousiasme des investisseurs pour les projets liés à la durabilité semble être retombé. Joeri de Wilde et Maritza Cabezas, chez Triodos Investment Management, estiment cependant que les investissements dans la transition énergétique conserveront en grande partie leur attractivité, car il s’agit d’une tendance structurelle.

Chris Teschmacher, chez Legal & General AM, estime peu probable que l’Inflation Reduction Act instauré par Joe Biden soit annulé par Donald Trump. Bien que le futur président semble accorder peu d’importance à la durabilité, les projets liés à ce thème génèrent une création d’emplois significative.

William Davies, de Columbia Threadneedle, pense également que les actions liées aux énergies renouvelables pourraient surprendre positivement en 2025. Il prévient cependant qu’à mesure que l’échéance de 2030 approche, les objectifs fixés pour la transition énergétique risquent d’être revus à la baisse.

  • L’Europe pas si mal en point

À l’heure où l’idée d’un « exceptionnalisme américain » prévaut, l’Europe pourrait bien s’imposer comme la plus grande surprise de l’année 2025. Lodewijk van der Kroft, de Comgest, souligne que la force de l’Europe réside précisément dans les attentes généralisées d’une poursuite de la surperformance des États-Unis, notamment en raison de la pondération des actions américaines dans l’indice MSCI World (près de 75%).

L&G attire l’attention sur les valorisations attrayantes des actions hors États-Unis. L’Europe et l’Asie pourraient ainsi surprendre agréablement, alors que les marchés anticipent actuellement les scénarios les plus pessimistes pour les régions hors États-Unis. Cependant, le Japon pourrait bien réserver une surprise encore plus spectaculaire que l’Europe.

  • Apaisement des tensions géopolitiques

Certains conflits géopolitiques, comme ceux en Ukraine et au Moyen-Orient, ne semblent pas près de prendre fin. Donald Trump prétend certes pouvoir régler le conflit entre la Russie et l’Ukraine en une journée seulement, la simple résolution de l’un de ces conflits constituerait déjà une surprise pour Triodos et J.P. Morgan.

  • Moyennes capitalisations américaines

Alors que l’attention des investisseurs est focalisée sur les marchés américains, et en particulier sur les Sept Magnifiques qui alimentent tous les débats, Henk-Jan Rikkerink (Fidelity International), voit dans les midcaps américaines la possible révélation de 2025. Précisément du fait de leur forte orientation vers le marché intérieur, ces entreprises sont mieux positionnées pour tirer parti des réformes fiscales, de la déréglementation et des incitations budgétaires de Trump. En outre, leurs valorisations sont plus attrayantes que celles des grandes capitalisations pour les investisseurs.

  • Croissance illimitée des investissements dans les centres de données

L’essor de l’IA est indéniable, mais les investissements colossaux dans les centres de données nécessaires pour le soutenir passent souvent sous le radar. Roelof Salomons, CIO de BlackRock, estime que les dépenses consacrées à ces infrastructures pourraient atteindre pas moins de 700 milliards de dollars d’ici 2030, soit l’équivalent de 2 % du PIB des États-Unis. « Cela s’apparente à une partie de cartes où les enjeux ne cessent de monter. »

  • La domination du dollar américain remise en question

L’ascension du dollar américain semble inexorable. Pourtant, Altaf Kassam, de State Street Global Advisors, tempère cet optimisme quant aux perspectives pour la monnaie américaine, estimant qu’elle est surévaluée de 15 %. La force du dollar a pesé sur les actifs hors États-Unis et les marchés émergents, qui pourraient largement profiter d’un éventuel affaiblissement du dollar.

Invesco estime également que les investisseurs pourraient être surpris par une baisse du dollar américain. Des réductions d’impôts infondées et une hausse des rendements obligataires pourraient transformer le Trump trade en Truss trade.

  • L’inflation, un spectre loin d’être dissipé

L’inflation pourrait persister plus longtemps qu’anticipé actuellement. Kevin Thozet, de Carmignac, affirme que la pression exercée pour soutenir la dette publique par le biais de la politique monétaire est sous-estimée, avec à la clé d’éventuelles conséquences en termes de hausse des prix. Parallèlement, une réaction des bond vigilantes (justiciers obligataires) n’est pas à exclure, ce qui pourrait entraîner d’importants mouvements sur les marchés obligataires.

Marco Willner, de Goldman Sachs Asset Management, prévoit une inflation supérieure aux attentes durant le premier semestre de l’année à venir et persistant à des niveaux élevés au cours du second semestre. Cette dynamique serait alimentée à la fois par la politique menée par la nouvelle administration et l’accélération de la croissance économique américaine.

Chris Iggo, CIO d’AXA Investment Managers, n’exclut pas que la politique de Donald Trump ravive l’inflation. Dans ce scénario, les taux d’intérêt aux États-Unis devraient augmenter au lieu de baisser.

  • Le potentiel des mortgage-backed securities

Une éventuelle baisse des taux d’intérêt par la Fed pourrait rediriger une partie des 7 000 milliards de dollars d’actifs placés sur le marché monétaire vers le marché des titres à revenu fixe. Julien Houdain, de Schroders, estime que les actifs titrisés tels que les agency mortgage-backed securities seraient parmi les principaux bénéficiaires de ce mouvement. Une réglementation moins stricte aux États-Unis pourrait également renforcer la demande pour ces actifs, notamment de la part des banques.

  • La guerre commerciale, sans impact sur les marchés boursiers

Selon Jacob Vijverberg, d’Aegon Asset Management, une guerre commerciale aurait un impact limité sur les marchés boursiers. Bien qu’elle occupe une place importante dans les débats, son effet sur les cours des actions resterait limité, car les géants de la tech seraient peu affectés. En revanche, des secteurs traditionnels, comme les constructeurs automobiles européens, en subiraient davantage les conséquences, mais leur faible pondération dans les indices boursiers mondiaux réduirait l’impact global.
 

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