
Le choix en matière d’investissements dans la biodiversité ne cesse de s’élargir. Ces derniers se limitaient jusqu’à présent à des fonds d’actions, mais il existe maintenant aussi un fonds obligataire. « Le plus grand défi consiste à démontrer de manière mesurable qu’une entreprise ou un projet apporte une contribution positive », déclare Bram Bos de Goldman Sachs Asset Management.
Bram Bos pilote les stratégies d’obligations vertes, sociales et à impact de Goldman Sachs Asset Management, qui représentent environ 12 milliards d’euros. Près des deux tiers sont gérés dans le cadre de mandats pour des investisseurs institutionnels, et environ 4,5 milliards d’euros sont détenus dans sept fonds d’investissement et un ETF. En réponse à la demande croissante de produits d’investissement durables, Goldman Sachs a récemment ajouté un fonds qui investit dans des obligations d’entreprises mondiales contribuant de manière positive à la préservation ou à l’amélioration de la biodiversité.
Le fonds investit dans une combinaison d’obligations labellisées et non labellisées.
Selon les dernières données de l’Environmental Finance Date (18 mars 2025), le marché des obligations labellisées est actuellement supérieur à 5000 milliards de dollars. Les obligations vertes représentent près de 60 % de ce montant, soit plus de 2 900 milliards de dollars. Les obligations sociales, utilisées par exemple pour financer des projets de lutte contre la pauvreté ou des projets bénéficiant à des minorités, ont aujourd’hui un encours de 870 milliards de dollars, et les obligations de développement durable (combinant des projets verts et sociaux) représentent plus de 890 milliards de dollars.
Il s’agit donc d’une somme d’argent importante, qui continue d’ailleurs à croître selon les estimations. Des montants de plusieurs centaines de milliards circulent et Moody’s table même sur une collecte nette de 1000 milliards de dollars en 2025.
« Aux États-Unis, la croissance pourrait ralentir un peu », explique M. Bos (photo), « mais en Asie et au Moyen-Orient, nous constatons une forte augmentation de l’intérêt pour les obligations vertes. Ces économies souhaitent également devenir moins dépendantes du pétrole et d’autres combustibles fossiles, et les possibilités ne manquent pas, en particulier au Moyen-Orient. En tout cas, il y a suffisamment de soleil et d’espace pour développer des projets d’énergie renouvelable. »
Un thème digne d’investissement ?
Depuis environ trois ans, la biodiversité est une question de plus en plus importante pour les investisseurs en Europe. « La demande et la volonté d’améliorer et de conserver la biodiversité en investissant sont là », observe M. Bos, mais la plupart des parties ne savent pas comment améliorer leur impact dans ce domaine. » Le succès n’est donc pas garanti. Selon MSCI, il existe plusieurs dizaines de fonds d’actions qui investissent exclusivement dans la biodiversité et, parmi eux, des fonds qui ont cédé 22 % en trois ans. La biodiversité est-elle donc un thème digne d’investissement ?
« Pour ce fonds de biodiversité, nous utilisons l’indice de référence habituel et nous nous attendons donc à ce que le rapport risque/rendement soit similaire à celui des investissements et des fonds obligataires habituels. Pour les obligations vertes, qui représentent environ 25 % du fonds de biodiversité, il y a quelques années, le rendement aurait pu être inférieur de quelques points de base à celui des obligations ordinaires, mais ce n’est généralement plus le cas aujourd’hui. »
En outre, Goldman Sachs utilise des critères de sélection internes pour choisir des obligations et des émetteurs ayant un impact positif sur la biodiversité. Les obligations doivent être suffisamment liquides, permettant des transactions quotidiennes. La plupart des obligations du fonds sont libellées en euros ou en dollars et les émissions doivent être d’une taille suffisante. « Les émissions d’ obligations représentent généralement 500 millions d’euros ou plus », selon M. Bos. La notation de crédit est de type investment grade, mais le fonds peut également investir une petite proportion dans des obligations de qualité inférieure. En outre, conformément à l’article 9 du SFDR, les rapports pertinents doivent être mis à disposition.
Crédible
Comment le thème de la biodiversité est-il abordé ? « Cinq de nos spécialistes travaillent en permanence sur ce sujet. Cette sélection et ce filtrage des obligations sur le thème de la biodiversité sont bien sûr cruciaux, car s’il est une chose importante, c’est que nous devons donner à nos clients une image claire de ce dans quoi ils investissent. » L’idée, bien sûr, est de se prémunir de toute accusation d’écoblanchiment : « Nous nous efforçons de découvrir comment les entreprises que nous sélectionnons apportent une contribution positive. C’est la seule façon de procéder de manière crédible. »
L’équipe a ainsi identifié une cinquantaine de noms : des entreprises du secteur de la gestion des déchets, par exemple, ou du secteur du papier et de la pâte à papier. « Nous voulons que la contribution positive que nous recherchons soit aussi concrète et mesurable que possible. Quelle est la quantité de déchets jetés, brûlés ou réutilisés ? Ce sont les données que nous examinons. Trouver ces données et être capable de les analyser, nous pensons que c’est le plus grand défi à relever pour investir dans la biodiversité », explique Bram Bos.
Goldman Sachs a pu se lancer au début de l’année avec un client, qui a fourni 20 millions d’euros de capital d’amorçage. Ces 20 millions d’euros sont répartis entre les 50 entreprises sélectionnées. Des débuts modestes ? « Oui, en effet », dit M. Bos. « Mais n’oubliez pas qu’en 2016, nous avons également commencé avec 20 millions d’euros pour les obligations vertes. Dans cette catégorie, notre fonds le plus important s’élève aujourd’hui à 2,1 milliards d’euros. » L’objectif est-il le même aujourd’hui ? « Nous visons 300 à 500 millions d’euros sur trois à cinq ans. »