« La confirmation que les banques centrales ne tiennent pas absolument à s’attaquer au dernier point de base de l’inflation est, pour moi, la décision la plus importante de 2024 », déclare Wim Vermeir, chief investment officer d’AG Insurance.
« Au début de 2023, nous étions moins négatifs que les autres », se souvient Wim Vermeir au sujet de l’année écoulée. « Le risque majeur était celui d’une stagflation. Nous estimions qu’il n’était pas nécessaire d’exagérer : une part de l’inflation était temporaire et vouée à disparaître. Les banques centrales ont effectivement bien fait leur travail, et l’économie est restée relativement forte. Nous n’avons pas vu apparaître les longues files devant les portes des bureaux de chômage dont parlaient De Strangers dans leur chanson des années 70. »
Les derniers 20 %
AG Insurance note que « 80 % de notre scénario positif » se sont déjà réalisés. « La croissance diminue sans récession, et l’inflation baisse sous l’impulsion de taux d’intérêt plus élevés. Les 20 % restants portent avant tout sur une nouvelle baisse de l’inflation. Il y a aussi un point un peu délicat, en lien avec les salaires. Je pense – et j’espère – que la BCE ne s’accrochera pas coûte que coûte à ces 2 %. Un niveau de 2,5 ou 2,75 % ne devrait pas non plus poser de problème. Le risque est donc que les banques centrales se montrent trop radicalement idéologiques plutôt que pragmatiques. Heureusement, tant la Fed que la BCE ont récemment émis des commentaires favorables à cet égard. La confirmation qu’elles ne tiennent pas absolument à s’attaquer au dernier point de base de l’inflation est, pour moi, la décision la plus importante de 2024. »
« Le second point de ces 20 % de risque relève de l’économie, poursuit Wim Vermeir. L’impact des hausses des taux d’intérêt n’a pas été immédiat. L’économie, américaine surtout, mais aussi européenne pour une large part, est restée relativement forte. Certains secteurs sont néanmoins touchés plus durement que d’autres. D’une part, les entreprises les plus cycliques sont affectées par le ralentissement de la croissance. D’autre part, il y a toutes les entreprises qui ont profité pendant des années d’un crédit bon marché. Certaines ont pris trop de risques et ne tiendront pas le coup. Enfin, il nous faudra suivre de près, en 2024, le risque géopolitique – avec les guerres en Ukraine et à Gaza – et les incertitudes entourant les nombreuses élections. Nous nous trouvons donc dans un scénario plutôt positif, mais il faut néanmoins rester sélectif à cause des risques. »
Fifty-fifty
Pour le chief investment officer, opter pour des obligations est une évidence. « Nous sommes repassés assez vite, en un an et demi à deux ans, d’une situation tout à fait exceptionnelle, avec des taux d’intérêt négatifs, à des taux plus ou moins à leur niveau habituel. Les obligations rapportent donc à nouveau, avec des taux oscillant entre 2,5 et 5 %, selon qu’il s’agisse des emprunts d’État ou des titres à haut rendement les mieux notés. Avec des taux d’inflation de 2,5 et 3 %, ce sont des rendements très corrects, tant en termes de risque de crédit que de risque d’inflation. »
Cette préférence d’AG Insurance pour les obligations n’implique pas forcément un positionnement défavorable sur les actions. « S’il est vrai que les revenus du passé étaient quelque peu dopés par les faibles taux d’intérêt, nous restons néanmoins positifs vis-à-vis des actions. Les rendements seront un peu plus faibles qu’auparavant, entre 4 et 6 % selon les estimations. Je pense qu’on pourra alors de nouveau acheter un portefeuille bien diversifié avec, en fonction du profil de risque, par exemple 50 % d’obligations et 50 % d’actions. À court terme, nous sommes surtout très positifs vis-à-vis des obligations d’entreprise de bonne qualité, qui n’impliquent que des risques limités si le niveau d’endettement est bas, mais il est également recommandé d’acquérir des actions. »
Welcome to the hotel California
Au niveau régional, Win Vermeir reste positif vis-à-vis des États-Unis. « L’économie s’y porte mieux, et on y trouve quelques acteurs mondiaux du secteur technologique. Les Sept Magnifiques sont, à elles seules, à l’origine de la totalité de la performance. D’une certaine manière, c’était inattendu et peut-être un peu exagéré, mais il est vrai que quelques-unes de ces entreprises sont d’une force incroyable. J’aime à qualifier d’’Hotel California’ une entreprise comme Apple : on sait quand on entre, mais jamais quand on ressort. Je possède moi‑même un iPhone. Lorsqu’il s’est cassé le mois dernier, je n’ai même pas songé à acheter une autre marque. Il en va de même pour les solutions d’entreprise de Microsoft. »
« Certaines de ces entreprises sont peut-être trop chères, mais il y a une bonne raison à cela. Elles peuvent se targuer de leur croissance et de leur stabilité, et c’est très important. Aux États-Unis, notre préférence va donc à la Big Tech. Nous sommes aussi très positifs vis‑à‑vis de l’Europe, où les valorisations sont bon marché. Il faut y opter pour de la qualité, et pas trop pour des entreprises cycliques. Je préfère éviter les industriels et les entreprises chimiques. Choisissez des valeurs défensives, comme les entreprises alimentaires simples. »
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