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Les investisseurs européens sont tentés de tirer profit des fluctuations rapides des cours sur le marché obligataire américain. La perspective de baisse des taux d’intérêt fait solidement grimper les cours des obligations d’État. Bien sûr, cette tendance finira par s’inverser, mais quand ?

Par le passé, beaucoup d’opérateurs ont déjà eu du mal à prédire jusqu’où la Fed relèverait ses taux d’intérêt. La trajectoire à la baisse est tout aussi incertaine. De nombreux acteurs du marché avaient alors sous-estimé la persistance de l’inflation et l’ampleur des hausses de taux d’intérêt.

Les investisseurs qui s’étaient positionnés trop tôt à l’époque n’ont pas vu les rendements attendus se matérialiser. Aujourd’hui, les retardataires pourraient être exposés au risque inverse.

Laurent Denize, co-directeur des investissements chez Oddo BHF, met en garde les investisseurs : « Il existe un risque réel que le récent rebond des obligations d’État s’inverse. Il pourrait être judicieux de prendre ses bénéfices maintenant et d’attendre un meilleur point d’entrée. »

D’autres, en revanche, perçoivent encore des opportunités. Gregory Peters, co-CIO chez PGIM, anticipe une poursuite de la baisse des taux d’intérêt à long terme tant que le marché attend des réductions de taux de la part de la Fed. « Cela offre aux investisseurs une brève fenêtre pour allonger la duration de leurs portefeuilles et sécuriser des rendements plus élevés », affirme Gregory Peters, estimant que le marché offre actuellement un point d’entrée « attrayant ».

Les divergences d’opinions parmi les investisseurs illustrent bien le dilemme actuel. Bien que la Réserve fédérale soit censée commencer à réduire ses taux d’intérêt ce mois-ci, il n’est pas certain que les investisseurs obligataires en tireront réellement profit.

Le taux d’intérêt des obligations d’État américaines à deux ans a déjà reculé de 35 points de base au cours des trois dernières semaines, pour s’établir à 3,65 %, tandis celui des obligations à 10 ans a chuté de 14 points de base, s’établissant à 3,69 %.
Laurent Denize souligne que le marché actuel reste caractérisé par une forte incertitude, notamment en raison des données sur le marché du travail américain, qui font régulièrement l’objet de révisions.

Le marché s’est souvent trompé

Les dernières baisses de taux d’intérêt sur le marché sont en grande partie attribuables à une croissance de l’emploi inférieure aux attentes aux États-Unis en août : 118 000 emplois créés contre les 140 000 prévus par les économistes et les analystes. Cependant, malgré ces chiffres décevants, la réaction du marché semble quelque peu excessive.

« Nous nous sommes habitués à une économie robuste et à un marché du travail tendu, si bien que tout ralentissement peut déclencher des réactions négatives, les inquiétudes concernant l’inflation liée à la croissance cédant la place aux craintes de récession », déclare Ronald Temple, Chief Market Strategist chez Lazard Asset Management.

Tant que le nombre de créations d’emplois ne passe pas systématiquement sous la barre des 100 000 par mois, les investisseurs n’ont pas de raison de redouter une récession, affirme Ronald Temple. Voilà pourquoi il est prudent de ne pas surpondérer fortement les obligations d’État américaines à long terme, qui deviendront moins attrayantes si les taux d’intérêt cessent de baisser, voire remontent.

« Mon scénario de base est que le cycle de réduction des taux d’intérêt de la Fed s’achèvera autour des 3,5 %. Si cela se confirme, la juste valeur pour les obligations d’État américaines à 10 ans pourrait se situer autour des 4 % », déclare Ronald Temple. « Le marché a probablement déjà surréagi aux anticipations de baisse des taux d’intérêt. »

En cas de récession, Ronald Temple estime que la Fed pourrait abaisser ses taux jusqu’à 2,5 %. Cela se traduirait par un taux de 3,25 % sur les obligations à 10 ans, mais il juge imprudent de parier sur un tel scénario.

Ronald Temple recommande plutôt de se concentrer sur les obligations à court terme, qui offrent des rendements plus élevés. « Je privilégie la partie de la courbe qui s’étend sur deux à cinq ans, plutôt que celle sur dix ans. »

Le marché anticipe actuellement une réduction d’un quart de point de pourcentage du taux directeur de la Fed, actuellement à 5,25 % - 5,5 %. D’ici à la mi-2025, le marché prévoit une baisse des taux à environ 3 %, un niveau considéré comme neutre pour soutenir la croissance économique.

Combien de baisses de taux sont attendues ?

L’ampleur de la baisse des taux d’intérêt décidée par la Fed sera connue dans le courant du mois. Selon les données du CME FedWatch, la probabilité d’une baisse de 25 points de base est d’environ 75 %. En revanche, celle d’une réduction d’un demi-point de pourcentage est estimée à 25 %.

Christian Scherrmann, économiste spécialiste des États-Unis chez DWS, s’attend à ce que la Fed commence par réduire ses taux de 25 points de base en septembre. « L’économie ralentit mais ne s’effondre pas et un atterrissage en douceur reste probable », affirme-t-il.

Mark Dowding, CIO chez BlueBay Asset Management, partage cet avis, estimant que le risque d’une récession à court terme reste faible. « Avec le taux de chômage actuel de 4,2 %, il est peu probable que la Fed réduise ses taux de 50 points de base lors de sa réunion du 18 septembre », explique-t-il.

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