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Dans le sillage des investisseurs spécialisés en art, les banques se mettent, elles aussi, à proposer davantage de solutions financières aux collectionneurs d’art. « Nous constatons, chez les jeunes générations, que les motifs financiers gagnent en importance dans le fait de posséder des œuvres d’art », affirme Sam Cook de J.P. Morgan Private Bank. « Pour ces personnes, l’art n’est pas qu’une passion. »

Sam Cook est Head of Specialty Lending Solutions dans la branche internationale de la banque privée américaine qui s’adresse, au Benelux, à un groupe limité de particuliers fortunés -  les fameux (ultra) high net worth individuals. Le week-end prochain, une partie de ce groupe se rendra à Maastricht pour la Tefaf, foire d’art mondialement célèbre dont ce sera la 37e édition.

Sam Cook sera également de la partie pendant quelques jours, comme il l’a confié lors d’un entretien avec Investment Officer, les clients de son employeur étant, de plus en plus souvent, intéressés par le potentiel financier de l’art, et plus seulement par ses aspects culturels, esthétiques et émotionnels. Parfois, par exemple pour de jeunes collectionneurs, c’est même l’aspect financier qui prime, constate-t-il. Bien entendu, ce phénomène est intéressant pour les établissements financiers. J.P. Morgan Private Bank est du reste un important sponsor de la Tefaf.

Des prix record

La valeur des collections d’art particulières dans le monde a été estimée, dans le dernier Art & Finance Report de Deloitte, à 2 174 milliards de dollars. L’an dernier fut une année difficile, notamment en raison d’une inflation et d’un taux d’intérêt croissants, mais la croissance fut particulièrement abondante pendant les années post-Covid, en 2021 et 2022. Des prix record ont été payés, notamment dans le segment du ‹blue-chip-art›. Avec une diminution de l’inflation et des taux d’intérêt en perspective, les experts du marché prévoient ainsi que 2024 et les années suivantes seront marquées par un regain de croissance, pour atteindre une valeur totale d’environ 2 900 milliards de dollars en 2026.

Parallèlement à cette croissance, l’art devient, de plus en plus, une catégorie sérieuse d’investissement, qui complète à merveille le portefeuille traditionnel des investisseurs (particuliers). « Il représente en moyenne 10 % du portefeuille », note Sam Cook, « parfois davantage. » Mais quelle est la fonction de l’art au sein du portefeuille ? « Nous constatons qu’un nombre croissant de clients souhaitent en discuter avec nous. Quels sont les risques de l’art par rapport aux autres actifs ? Comment ces risques sont-ils répartis ? Le marché de l’art connaît-il une importante volatilité ? Comment gérer l’illiquidité de ce type d’investissement ? »

Un consultant en art ?

J.P. Morgan Private Bank n’est bien entendu pas un consultant en art, comme le souligne Sam Cook. « Si nous savons bien que l’art implique de la passion et des émotions, nous nous focalisons pour notre part sur les questions financières en la matière : comment pouvons-nous contribuer, par de nouvelles solutions, aux objectifs de l’investisseur ? »

Une option de plus en plus populaire consiste à accorder des prêts en utilisant l’art comme garantie. L’Art & Finance Report précédemment évoqué estime ce marché entre 29,2 et 24,1 milliards d’euros (chiffres de fin 2023), soit une croissance de 11 % par rapport à l’année précédente. La période précédente a également connu une croissance régulière (de l’ordre de 10 % par an). 

Qualité musée

« Que les collectionneurs souhaitent étendre leur collection, placer de l’argent dans une entreprise ou investir d’une toute autre manière, il existe toutes sortes de possibilités de rendre liquide du patrimoine artistique, du moins lorsqu’il s’agit d’art de qualité musée », assure Sam Cook. L’art est alors utilisé comme garantie pour un prêt, sous toutes sortes de conditions possibles. « Ces conditions dépendront intégralement des motifs du collectionneur ou investisseur. Une personne qui attribue une grande valeur sentimentale à une œuvre d’art n’aura peut-être pas très envie de la mettre en dépôt ou de la prêter à une galerie. Une personne qui se concentre plutôt sur la rentabilité financière aura moins de difficultés à le faire. » 

Le tout est de bien identifier la situation afin de concevoir une solution adaptée. « Chaque cas est unique », précise Sam Cook, « et nous devons toujours nous montrer flexibles dans la recherche de la bonne solution. Quel est l’objectif du client, sous quel délai, et quelles possibilités notre banque privée peut-elle lui proposer à cet égard ? Nous menons cette discussion avec de plus en plus de clients. Une bonne part de ce marché, 80 % environ, se trouve encore aux États-Unis, mais je note également une émergence en Europe et au Moyen-Orient. » 

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